Quand le thermomètre voltige allégrement en cette période estivale, l'envie de se baigner devient pressante et tous les moyens sont bons pour braver l'interdit en «piquant une tête» même dans des plages non surveillées, les gueltas, les retenues d'eau et les barrages. Cette situation contraint les responsables concernés, notamment l'Agence nationale des barrages et transferts (ANBT), à lancer des actions itératives pour mettre un terme au drame des noyades qui endeuillent, chaque année, de nombreuses familles.Tout récemment, trois jeunes ont perdu la vie dans les eaux du barrage de Beni Haroun (wilaya de Mila) et ce, en dépit d'une vaste campagne «pédagogique» de sensibilisation et de prévention, lancée par l'ANBT, à partir du mois de juin, d'autant que cette agence déplore pas moins de 115 cas de noyades durant les cinq dernières années. L'été 2017 est ainsi placé sous le signe de la prévention et de la sensibilisation contre les dangers de la baignade dans les eaux des barrages, en particulier celui de Beni Haroun (Mila), a affirmé à l'APS, Azzedine Lemanaâ, directeur d'exploitation de cet ouvrage. Etant le plus important barrage en Algérie avec 120 m de hauteur et une capacité théorique de 960 millions de m3, cet imposant ouvrage est aussi l'un des plus «meurtriers», à cause des nombreux jeunes qui s'aventurent à s'y baigner, sans mesurer les risques de noyade. Selon ce même responsable, la campagne de sensibilisation qui bat son plein depuis le mois de juin dernier, se poursuivra jusqu'à la fin de l'été et vise particulièrement les jeunes par le bais de spots publicitaires, de distribution de dépliants, d'affichage dans les maisons de jeunes, dans les cybercafés et les mosquées. M. Lemanaâ a fait savoir, dans ce contexte, qu'une sortie un jour sur deux était organisée dans les villages avoisinants la retenue du barrage pour sensibiliser les jeunes sur les dangers des baignades dans les eaux du barrage, parce que, insiste-t-il, «on ne peut pas laisser ces livrés à eux-mêmes». Il s'agit, a-t-il attesté, de prendre en charge les jeunes désœuvrés des 32 communes de la wilaya de Mila, en invitant, chaque weekend, ceux de 2 ou 3 communes, pour passer «une journée récréative» au niveau du barrage de Beni Haroun, en guise «d'alternative» à l'interdiction de se baigner dans les eaux du barrage. Les jeunes des communes de Constantine, limitrophes du barrage de Beni Haroun, notamment celles de Messaoud Boudjriou et Beni Hamidène, sont également concernés par ce programme spécial, visant à empêcher, assure M. Lemanaâ, les jeunes de se baigner dans le barrage en mettant leur vie en péril. Des sorties encadrées pour une meilleure prévention Au menu de ces sorties, des randonnées pédestres, grâce auxquelles les jeunes invités découvrent la faune et la flore, des barbecues, des jeux de chasse au trésor, des moments de convivialité accompagnées au rythme de la derbouka, détaille le directeur du barrage de Beni Haroun. Outre ces sorties «encadrées» par les organisateurs, des jeunes viennent aussi au barrage de Beni Haroun dans le cadre de voyages organisés, révèle cette même source, par le biais d'associations de Mila et de Constantine. Parallèlement aux sorties éducatives et de loisirs organisées au profit des jeunes des communes de Mila et Constantine, un programme régulier destiné aux familles est également mis au point par les responsables du barrage de Beni Haroun en collaboration avec des associations qui concoctent des sorties pour les jeunes accompagnés de leurs familles. Retraitée de l'enseignement depuis quelques années, Meriem, la soixantaine, a affirmé à l'APS qu'une ballade au barrage de Beni Haroun fait partie des moments d'évasion rafraichissants qu'elle aime s'octroyer avec son conjoint et ses trois enfants, à chaque fois qu'une occasion se présente. Résidant dans la wilaya de Constantine, au chef-lieu précisément, Meriem considère le barrage de Beni Haroun comme une «bouffée d'oxygène» pour la population locale qui y voit un endroit «privilégié», où il est possible de passer un bon moment de communion avec la nature et un panorama à couper le souffle. «Comme toute ville de l'intérieur, Constantine n'offre pas beaucoup de possibilités à ses habitants durant l'été, à défaut de plage et de sable doré, nous nous rendons de temps à autre au barrage de Beni Haroun, en famille, pour décompresser et changer d'air, mais il n'est pas question de laisser mes enfants s'y baigner, par contre, c'est trop dangereux», estime-t-elle.