Le haut représentant de l'Union européenne pour les Affaires étrangères et la politique de sécurité, Federica Moghrini, a affirmé lundi qu'au-delà de la question migratoire, une solution politique à la crise libyenne demeure la priorité absolue pour l'UE. «Pour l'instant, la Libye n'est pas un pays stable et le travail de l'Union européenne, comme de la communauté internationale, consiste à chercher une solution politique à la crise. C'est la priorité absolue, qui va au-delà de la question des migrations», a-t-elle soutenu dans une interview accordée au quotidien du soir Le Monde, soulignant qu' «on oublie parfois qu'il y a des Libyens en Libye». Pour la chef de la diplomatie de l'UE, il s'agit d'y créer un Etat stable, en trouvant un accord politique qui permette aux différents protagonistes, y compris au général Haftar, de partager la responsabilité du pouvoir, insistant sur le fait qu'il convient de trouver la façon d'unir les Libyens, dans le cadre de la médiation des Nations unies, pour qu'ils partagent la responsabilité de la gouvernance de leur pays. Pour la question migratoire, elle a avoué qu'il est impensable d'imaginer pouvoir bloquer aujourd'hui la route de la Méditerranée centrale, et certainement pas par un accord, du moins pas avant que la crise en Libye ne soit résolue. «Nous devons toujours respecter les règles internationales de non refoulement. On n'arrête pas les gens au milieu de la mer. On les sauve et on discute ensuite pour savoir s'ils peuvent bénéficier ou non du droit d'asile», a-t-elle précisé, affirmant que l'UE fait de la protection des migrants une priorité. Elle a indiqué que l'opération Sophia en Méditerranée, à laquelle 25 Etats de l'UE participent, et qui vise surtout à combattre les réseaux de trafiquants, a permis de sauver plus de 39 000 vies, précisant qu'une centaine de passeurs ont été remis aux mains de la justice italienne, et plus de 400 bateaux ont été neutralisés. En ce qui concerne le dossier syrien, Federica Mogherini, a affirmé que l'UE pourra avoir un rôle-clé dans la reconstruction de la Syrie, indiquant que les Etats membres ont déjà investi autour de 10 milliards d'euros pour l'aide humanitaire. «Il y a la possibilité de mettre sur la table des négociations de Genève û en accord avec le secrétaire général de l'ONU et son émissaire pour la Syrie, Staffan de Mistura - une ‘prime pour la paix' liée à la conclusion d'un accord politique. Le coût de la reconstruction de la Syrie va dépasser tout ce que l'on peut imaginer. Personne, ni les Russes, ni les pays du Golfe, ni les Américains n'auront les moyens de l'assurer seuls. L'UE non plus, mais elle pourra avoir un rôle clef», a-t-elle expliqué, avertissant que la reconstruction ne démarrera que quand le processus de transition politique aura commencé. Au sujet de la question du maintien au pouvoir de Bachar al-Assad, le chef de la diplomatie de l'UE a déclaré que c'est aux Syriens eux-mêmes de décider, dans le cadre des négociations à Genève, comment doit se dérouler ce processus et quelle sera son issue, exprimant la volonté de l'UE à aider et à accompagner les Syriens qui désirent la paix et la démocratie pour leur pays.