La résolution de la crise libyenne demeure aux yeux de l'Union européenne la clé de la lutte contre l'immigration illégale en Méditerranée, a avoué hier le haut représentant de l'Union européenne pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, Federica Moghrini. La paix en Libye passe par l'absolu règlement politique de la crise, a-t-elle estimé dans un entretien accordé au quotidien français Le Monde. "Pour l'instant, la Libye n'est pas un pays stable, et le travail de l'Union européenne, comme de la communauté internationale, consiste à chercher une solution politique à la crise. C'est la priorité absolue, qui va au-delà de la question des migrations", a-t-elle soutenu, soulignant qu'"on oublie parfois qu'il y a des Libyens en Libye". Samedi, Fayez al-Serraj, chef du gouvernement libyen d'union nationale et non pas moins président du Conseil présidentiel issu de l'accord de Skhirat, a appelé à accélérer le processus politique en proposant un plan de sortie de crise, en tenant compte du document de paix onusien. Mais, affaibli par son manque de légitimité que lui refuse le gouvernement parallèle de l'Est (Tobrouk), M. Al-Serraj voit son plan rejeté par une partie de la classe politique libyenne qui, à côté, ne propose presque rien pour sortir le pays de l'impasse. Pour le président du Parlement élu et exilé à Tobrouk, Aguila Salah, il ne peut pas y avoir d'élections sans l'adoption d'une nouvelle Constitution définissant la nature du futur régime. Dans un contexte régional marqué par une crise entre les pays du Golfe et de l'Egypte avec le Qatar, les choses se sont compliquées en Libye. Car ces pays sont directement impliqués dans la dégradation de la situation en Libye et sont en partie responsables de cette impasse politique, au moment où des pays voisins comme l'Algérie et la Tunisie n'arrêtent pas d'appeler à la non-ingérence et au soutien d'un dialogue libyen-libyen. Lyès Menacer