Cette saison agricole 2016/17 s'est distinguée par la forte production de pastèques, melons et carottes et des centaines d'emplois ont été générés au profit des jeunes locaux et autres du territoire national. Vis-à-vis de la céréaliculture, une inquiétude s'est imposée de facto. La culture des pastèques et melons a été étendue sur une grande superficie au niveau de la wilaya d'Aïn Témouchent jusqu'à un tel point qu'elle a basculé la céréaliculture. Des terres fertiles irrigables ont été réservées à ces cultures. Malheureusement, la superficie totale n'est pas quantifiée car les exploitants agricoles sont libres et par conséquent, ils ne sont pas obligés de déclarer aux services concernés de la direction des services agricoles de la wilaya d'Aïn Témouchent. Au bonheur de l'agriculture locale, des spécialistes dans cette culture sont venus de plusieurs régions du pays pour investir dans cette filière. La production importante dans toutes les variétés de pastèque et de melon a été réalisée. Le marché local a été inondé. Ces fruits se vendaient partout, dans les marchés, places publiques, au bord des routes et dans les champs. A vrai dire, les familles au revenu limité ont été rassasiées. Le prix du kilogramme de pastèque a atteint 10 DA en gros. En conséquence, l'offre été plus large que la demande et les cultivateurs ont essuyé des pertes sèches. Certains d'entre eux ont abandonné leur récolte sur terre. Et des acheteurs des wilayas de Boumerdès, Blida, Relizane, Mascara ont réalisé des chiffres d'affaires conséquents. La récolte des pastèques des melons a offert du travail aux jeunes Témouchentois et autres des wilayas de l'intérieur du pays. Il en est de même pour la culture de la carotte qui a pris de l'ampleur. La production a été excellente et les professionnels de cette filière ont réalisé des bénéfices selon certains exploitants. Elle a également embauché des centaines d'ouvriers notamment des wilayas de M'sila, Relizane, Chlef et Mascara. Depuis la mise du plan national de développement agricole en 2000, des budgets colossaux ont été injectés pour le développement du secteur agricole au niveau de la wilaya d'Aïn Témouchentois malheureusement les objectifs espérés en la viticulture n'ont pas été atteints et par conséquent le projet de la viticulture a échoué. Concernant la céréaliculture, la production céréalière pour l'année 2017 a atteint un pic de 1.700.000 quintaux toutes variétés céréalières confondues et ce malgré l'insuffisance en pluie pendant une partie propice pour le cycle végétatif. L'Etat a mis le paquet pour le soutien des exploitants agricoles et les fellahs sans aucune distinction entre les secteurs privés et collectifs. Ces professionnels ont appliqué les techniques agencées par les agents vulgarisateurs à l'échelle des 28 communes. Ainsi pour la campagne des labours-semailles 2016/17, une superficie de 111. 000 ha a subi des travaux de labour profond. Les travaux du sol ont été effectués à partir du printemps et d'automne dont 65 000 ha de superficie croisée et 9.500ha de travaux de fertilisation. Au sujet des semences, les deux coopératives de céréales et légumes secs (CCLS) d'Aïn Témouchent et Hamam Bouhadjar ont mobilisé ensemble 163 000 q dont 80 500 q livrés, soit un taux de réalisation estimé à 51%. Il en est de même pour les engrais, elles ont également mis sur le tas 30 000 q dont 27 000 engrais de fond et 3 000 q engrais de couverture. Il a été livré 11 000 q de la première catégorie et 600 q de la seconde catégorie a rapporté avant-hier un cadre technicien de la Direction des services agricoles (DSA) de la wilaya d'Aïn Témouchent. Revenant à l'opération d'ensemencement, la plupart des céréaliculteurs ont divorcé l'ancienne pratique traditionnelle dite la volée et ont opté au semi en ligne par de biais d'un moteur semoir en ligne. Cette nouvelle technique est très avantageuse et contribue à la hausse du rendement du sol. Les techniciens de la Direction des services agricoles de la wilaya d'Aïn Témouchent ont exhorté les céréaliculteurs à l'utilisation du semoir en ligne. En matière de vulgarisation, la DSA a déployé ses délégués communaux et conseillers pour accompagner les agriculteurs durant toute la campagne céréalière. En plus, ils sont à leur écoute, les informent, les aident à des solutions aux problèmes rencontrés sur le terrain. L'émission produite par la DSA au niveau de la radio régionale d'Aïn Témouchent «El Ard Oual Fellah» (la terre et le fellah) a eu un impact positif dans le monde agricole. Elle a permis de sensibiliser et d'informer. Depuis la mise du plan national de développement agricole en 2000, des budgets colossaux ont été injectés pour le développement de la viticulture au niveau de la wilaya d'Aïn Témouchent malheureusement les objectifs espérés en la viticulture n'ont pas été atteints et par conséquent le projet de la viticulture a échoué. Autrefois, à l'ère des domaines autogérés, la viticulture offre des emplois à des milliers d'ouvriers à longueur d'année. Et pendant les vendanges d'une durée de 2 mois, le taux de chômage dans cette région était presque nul. Même les collégiens y travaillaient aux côtés des adultes pour préparer la rentrée scolaire, soit l'achat des affaires et des habits. In contrario, les vents ont soufflé contre le gré des embarcations. La mévente des vins et les discours religieux prohibant la fabrication des vins sont derrière le rétrécissement de la culture de des vignes. Les exploitants agricoles ont arraché massivement les cépages nobles de vigne notamment de raisin de cuve pour se retourner aux cultures de la carotte et des pastèques qui sont devenues un phénomène généré par des individus obsédés par le gain facile. Des superficies importantes ont été sous-louées par leurs bénéficiaires à d'autres personnes venues de plusieurs coins de l'Algérie. Vu la liberté d'exploitation conférée par la loi et la réglementation, les exploitants agricoles sont livrés à eux-mêmes, ils ne se soucient pas de l'intérêt national d'assurer l'autosuffisance en céréales qui constitue une stratégie économique. Beaucoup de techniciens agricoles et d'économistes n'ont cessé d'interpeller les pouvoirs publics pour intervenir en exigeant un plan de culture national et local qui soient dûment exécuté par les services agricoles et respecté par les exploitants agricoles tout en sachant que les 90 % des agriculteurs disposent des terres de l'Etat dans la cadre du système de concession à durée limitée. L'Algérie qui était le grenier de l'Europe risque de perdre cette qualité. Il faut encourager la céréaliculture.