En dépit de leur dangerosité reconnue sur la santé du consommateur, les articles contrefaits parmi les plus usités durant la saison estivale, à l'instar des lunettes de soleil ou des produits de bronzage, demeurent très répandus sur le marché national et largement sollicités par les Algériens. Faisant partie du paysage extérieur des villes algériennes, le phénomène de l'étalage d'articles divers à même le sol, sur des trottoirs censés être réservés exclusivement aux piétons, semble avoir encore de beaux jours devant lui, tant il semble faire le bonheur d'une large proportion de consommateurs. Peu regardants sur les conséquences redoutables de ces produits sur leur santé, ces derniers sont en priorité soucieux de faire de «bonnes affaires» eu égard aux prix sensiblement bas proposés par ceux qui s'improvisent vendeurs. Les tarifs de ces articles renseignent sur leur piètre qualité mais sont un argument suffisant pour être écoulés aisément : pour moins de 500 DA, on peut se procurer une paire de lunettes de soleil, déclinées sous leurs différents modèles et formes et se voulant le plus imitatives des labels internationaux d'origine, lesquels sont conçus selon des normes de sécurité bien strictes afin de protéger contre l'exposition aux rayons ultraviolets (UV). «C'est beaucoup moins cher que ce qui se vend chez l'opticien ou en vitrine», s'accordent à argumenter de nombreux usagers de ce type de marchandise, reconnaissant reléguer la préoccupation de leur santé en second plan, car n'ayant «pas le choix». «Je ne peux me permettre d'acquérir une paire de lunettes à plus de 20.000 DA, aussi esthétique et sécurisée soit-elle"!, argumente Malika, une jeune cliente, croisée devant un étal aménagé sur l'un des trottoirs de la place bruyante des Trois horloges, à Bab El Oued. Affairée à sélectionner celle qui convient le mieux à la forme de son visage, elle explique qu'après avoir perdu récemment une paire chèrement payée, elle n'a plus les moyens d'en renouveler une de même qualité. «Comment voulez-vous qu'un père de famille comme moi ayant 5 enfants en charge puisse-t-il se permettre l'achat d'une paire de lunettes à un prix pouvant nourrir ma famille pendant des jours ?», s'exclame de son côté, Mohamed, en quête de cet article «pourtant indispensable» en ces jours fortement ensoleillés. Il a fini par en acquérir une paire à la modique somme de 400 DA, après avoir négocié une ristourne auprès du même vendeur. «Je ne m'aventure jamais à acquérir ce genre d'articles quel qu'en soit le prix à payer !», s'exclame Salim, un quadragénaire à l'apparence très soignée. Il explique «qu'il ne s'agit nullement de frimer en s'affichant avec telle ou telle marque de lunettes, mais d'un souci de santé, de confort et de bonne qualité.