Pour une tournée de reconnaissance des lieux et des projets dans une wilaya qu'il a prise en charge il y a une quinzaine de jours, le wali de Annaba a choisi ce dernier mardi de grande chaleur. Cette visite de travail a été effectuée sous un soleil de plomb avec 44° à l'ombre et un fort taux d'humidité, des membres de l'exécutif local majoritairement en congé et suppléés par des intérimaires ainsi que des chefs d'entreprises maîtrisant parfaitement le verbiage pour dire une chose et son contraire dans leur argumentation des grands retards dans la matérialisation des projets. Tels sont les principaux faits qui ont caractérisé la visite de travail effectuée par le wali Mohamed Salamani. Si certains aléas sont le fait de dame nature ou de problèmes techniques admissibles, il n'en est pas de même pour de nombreux autres générés par l'incompétence, la défaillance et le laissez-aller dans le suivi par les responsables locaux. Clairement affichés sur le terrain, ils ont permis au wali de mieux comprendre les cris et les vociférations des habitants des agglomérations, localités, cités, quartiers et autres sites de la commune El Bouni. Et c'est certainement cette compréhension qui a imposé à ces habitants de mettre en sourdine leur colère. Celle-ci était justifiée par l'absence de la distribution de l'eau potable durant plus d'un mois et même plus, d'électricité, de soins de santé, de transport. Le comble du laissez-aller, c'est sur le terrain des 500 logements Bouzaroura que le wali a découvert. Réceptionnés et attribués à des familles depuis 2014, ces logements ne sont toujours pas occupés par leurs attributaires occupant un bidonville à proximité. Conséquence : ces habitations ont été pillées. Tout a disparu les sanitaires, la plomberie, l'installation électrique, les portes, fenêtres, les rampes d'escaliers. Il ne reste plus que les murs. De guerre lasse, munis de leur décision d'affectation, les attributaires avaient, chacun en ce qui le concerne, pris, d'autorité, possession de son logement. Ils furent délogés par les forces de l'ordre pour un problème de réseau d'assainissement non réalisé. Les mêmes vociférations, récriminations, colère ont, à chaque fois accueilli le wali. Présents, certains responsables interpellés se faisaient tout petits. Ils multipliaient les arguments les uns plus fallacieux que les autres. D'où cette question que d'aucuns s'étaient posés quant à la gestion antérieure de la wilaya. A Annaba, l'expérience révèle, un mode singulier de gestion. Ce que confirme le comportement du précédent wali. Nommé ministre, donc représentatif de l'Algérie, ce personnage a démontré un total mépris de la bienséance. Comme s'il s'agissait d'un voleur, il a déménagé de nuit et en catimini avec femme et enfants. Il n'a même pas eu la courtoisie de remercier ses proches collaborateurs de l'exécutif. Il avait certainement mesuré à sa juste valeur sa mauvaise gestion récompensée par un poste ministériel. Celle-ci s'est caractérisée par la précipitation et l'enchevêtrement des évènements tant sur le plan administratif que sur le plan financier. C'est dire tout le travail de reprise en main de la situation qui attend son successeur Mohamed Salamani. Partant de ce qu'il a vu, de ce qui lui a été présenté et des explications fournies sur le terrain, le nouveau directeur de l'exécutif de la wilaya a ponctué sa visite par un sentencieux : «On avance». Au vu de la réalité du terrain relevée dans les localités, cités quartiers, collectivités, établissements et institutions, force est de dire que ce n'est pas le cas. Partout, il n'y a que stagnation. De Sidi Salem au 1er-Mai et de Chabia à Sarouel en passant par Aïn Djebara et Berka Zerga jusqu'à El Bouni et Bouzaroura et bien d'autres sites sur la quarantaine visités, le wali était attendu par des habitants impatients. L'on s'est bousculé à qui mieux mieux pour exposer les problèmes vécus quotidiennement. Dans cette commune tentaculaire de 150.000 habitants, le wali a dû utiliser toute sa pédagogie pour ramener le calme et imposer à ses interlocuteurs de poser calmement leurs problèmes. La tension était exacerbée. Il y avait de quoi face à l'apparente indifférence de certains responsables et chefs d'entreprise. A l'image de celui en charge de l'opération embellissement de la façade maritime de Sidi Salem totalement défaillant. Plusieurs années après avoir englouti des milliards entre marché et nombreux avenants, les travaux ne sont toujours pas achevés. On ne sait par quel, miracle, le maître de l'œuvre respectera les engagements. Il les a exprimés clairement au wali quant à achever les travaux en octobre 2017 alors qu'il n'a plus le sou. C'est aussi le cas pour l'hôpital de chirurgie de cardiologie infantile El Bouni. Entamés en 2004, les travaux sont encore à l'état de gros œuvres. La même situation de désolation caractérise d'autres projets de logements, sports, culture, universitaires et autres. Du côté des responsables, rien n'a changé. Il y a ceux qui se gargarisent de fausses promesses. Ils en ont plein les poches. C'est dire que le wali serait bien inspiré de demander les audits que l'on a soigneusement cachés au niveau des différents secteurs.