L'auteur de cette révélation est le ministre algérien de l'Industrie et des Mines. Selon ce représentant officiel du gouvernement algérien, durant les quinze années de présence sur le sol algérien dans le cadre d'un partenariat dans la gestion du complexe sidérurgique El Hadjar, l'Indien ArcelorMittal brassait large dans le patrimoine de l'entreprise algérienne de sidérurgie El Hadjar. Bien qu'actionnaire à hauteur de 70% au capital social de la nouvelle entité économique, ce partenaire étranger n'a rien apporté dans ses valises à sa prise de fonction en Algérie. Même la dizaine de techniciens indiens qu'il a désigné pour travailler en Algérie était d'un niveau plus que médiocre. C'est que, profitant de la situation sécuritaire très aléatoire que vivait l'Algérie en septembre 2001, le partenaire indien avait mis la pression sur les décideurs algériens. Toutes les conditions qu'il avait émises pour mettre son expérience de leader mondial de la sidérurgie à la disposition des Algériens, avaient été acceptées. Y compris la mise au rebut de certaines installations, la dissolution de quelques filiales boiteuses, la mise en veilleuse des activités d'autres comme la Tuberie Sans Soudure et la fermeture définitive de la cokerie. Il avait également imposé la mise en application de la procédure de départ volontaire. En quelques mois, le complexe sidérurgique qui produisait à peine 300.000 tonnes/an s'est vidé de plus de 12.000 agents et cadres expérimentés. ArcelorMittal avait fait ce qu'il avait voulu au complexe sidérurgique El Hadjar. Sans verser le moindre centime, il s'était accaparé 70% du capital social de la nouvelle entité économique de sidérurgie «ArcelorMittal Algérie». Pour faire place nette, il avait poussé vers la porte de sortie les véritables compétences qui voulaient rester. Alors qu'il était censé relever le défi de la relance de la production, il a entamé l'effet inverse. Il a profité de ses relations avec le haut-lieu algérien pour poursuivre son offensive tendant à la mise à genoux de la sidérurgie algérienne. Multipliant les arrêts prolongés et les pannes intermittentes des installations, grâce à des complicités, il est à l'origine de la première expertise. Elle a été réalisée pour assurer ses arrières dans la perspective de son retrait de l'actionnariat. «Ses amis» décideurs algériens s'étaient engagés à exploiter «ses compétences» dans le cadre d'un contrat de cabinet conseil. C'est ainsi que l'Algérie lui a assuré une rentrée financière annuelle au lendemain même de la résiliation du contrat de partenariat en décembre 2015. Quelque mois plus tard, profitant de la visite officielle de travail du Premier ministre Abdelmalek Sellal, Bouchouareb avait cru bon, lancer un pavé dans la mare. «Annuellement ArcelorMittal détournait sous une forme ou une autre, de 20 à 30 millions de dollars pour faire tourner ses machines dans ses différentes et nombreuses filiales.» On est donc loin de l'exécution du business plan qu'il a élaboré. Pis, grâce à des complicités bien placées il a mis hors service la majorité des installations. Sous d'autres cieux, pareille situation aurait entraîné tout un charivari des partis politiques, sénateurs et députés ainsi que les meilleurs experts algériens. Pas ceux qui prétendent être des avocats d'affaires et experts internationaux alors qu'ils n'ont rien expertisé et encore moins traité une quelconque affaire économique. Ils ont pourtant eu l'occasion de matérialiser cette qualité au lendemain de la grave révélation faite par Abdeslem Bouchouareb. Elle a été faite au complexe sidérurgique El Hadjar lors de la dernière visite de ce site par le Premier ministre Abdelmalek Sellal En fait le dossier ArcelorMittal/Sider Algérie n'est rien d'autre que la conséquence de la débandade et l'anarchie qui caractérise la gestion de cette entité socio-économique. C'est à se demander pourquoi, alors qu'il est en possession de preuves matérielles des «détournements» annuellement commis par la bande à ArcelorMittal du Luxembourg, le ministre algérien auteur de la révélation, n'a pas porté plainte. Des cadres en postes au niveau du complexe sidérurgique El Hadjar ont estimé que la révélation d'Abdeslem Bouchouareb est basée sur la manipulation et le verbiage. Pourquoi a-t-il gardé sous silence sa participation au road show aux USA organisé par le patron du FCE de Ali Haddad dans le cadre d'une mission intitulée «Doing businness in Algeria» ? S'est-on interrogé. C'est que l'ouverture prochaine du capital de la société «Complexe sidérurgique Sider El-Hadjar» intéresse Haddad. En attendant qui de la DG de la société Complexe sidérurgique El Hadjar, du groupe Sider ou du ministère algérien de l'Industrie et des Mines ira déposer plainte auprès du tribunal international du commerce pour tenter de récupérer le montant global du préjudice commis au détriment du Trésor public algérien. Cinq cent millions de dollars c'est tout de même important particulièrement en cette période d'austérité.