A peine quarante-huit heures après avoir pris ses fonctions à la tête du ministère de l'industrie et des Mines, Mahdjoub Bedda devra déjà prendre en charge les problèmes financiers du complexe sidérurgique El Hadjar. Ce dossier doit même figurer au titre de ses priorités de par ce qu'il comporte comme difficultés de gestion de cette importante entité socio-économique. Elle comptabilise plus de 4500 salariés. L'appréhension des lendemains incertains est de mise à la direction générale de ce complexe. Ce qui justifierait le refus des gestionnaires de faire une quelconque déclaration si ce n'est celle de la production du fer et de l'acier qui, en hausse, est passée de 2600 à 3000 tonnes/jour. Ce que confirme le secrétaire général du syndicat de l'entreprise Noureddine Amouri. Il a également confirmé la crise qui caractérise le complexe El Hadjar depuis quelques semaines. Il s'agit des conséquences de l'assèchement de la. La trésorerie. La situation pourrait déboucher sur un autre arrêt de la production avec les risques de rebut des installations que cela sous-entend. «Notre complexe est confronté ces derniers mois à une profonde crise financière. Et si les salaires de mai seront versés, il n'en sera pas de même des autres mois. Faute de règlement des créances, nos fournisseurs refusent d'approvisionner le complexe en matière première, en brique réfractaire, huiles machines, coke et autres produits d'entretien et de maintenance des installations. La production des PPL s'en est déjà ressentie. La DG a entamé les démarches auprès de la Banque Extérieure, il n'y a toujours pas de réponse plusieurs semaines après. La situation interpelle le ministère de tutelle » indique le secrétaire général du syndicat. Tout autant que les cadres gestionnaires, il ne veut pas aller jusqu'à dire qu'a l'impossible nul n'est tenu. Mais tout indique qu'il le pense sérieusement. Particulièrement en cette période quelque peu chaotique de la reprise de la production sidérurgique, de lendemains de législatives, d'installation de la nouvelle APN, du changement à la tête du premier ministère et de plusieurs membres du gouvernement dont le ministre de l'industrie et des mines. En tout état de cause, au complexe sidérurgique El Hadjar l'on impute la détérioration de la situation financière au ministre sortant Abdeslem Bouchouareb. Il n'aurait pas réagi promptement aux alertes sur la gravité de crise financière à laquelle est confronté le complexe El Hadjar. Elle s'est accentuée avec ce que le secrétaire général du syndicat affirme être le refus catégorique de la Banque d'Algérie de renflouer les caisses et permettre de consolider un fonds de roulement. Conséquence, jamais l'avenir du complexe sidérurgique El Hadjar n'a été aussi hypothéqué qu'il ne l'est depuis le début de ce mois de mai. Cette situation intervient alors que le haut fourneau a atteint un régime de croisière et que la qualité des coulées continues est en nette amélioration. Il s'agit d'un défi lancé par les nouveaux cadres gestionnaires dont le PCA Maamar Habache et le directeur général de l'entreprise Sider El Hadi Laskri. Il s'agit pour eux de bien maîtriser les activités sidérurgiques délaissées par ArcelorMittal. Durant quinze années, c'est-à-dire depuis son arrivée en 2001, le partenaire indien avait clairement affiché ses intentions de transformer le complexe sidérurgique El Hadjar en un tas de ferraille. Son objectif était l'exportation à moindre coût de cette ferraille et sa transformation en acier dans une de ses unités à travers le monde. Pour ce faire, multipliant les manipulations et les conflits avec les syndicalistes, il avait mis au rebut la cokerie, arrêté plusieurs installations de production pour finalement décider de suspendre la production de l'acier après plusieurs mois de perturbation. Cette suspension avait été planifiée dès 2011. Constatant que leur partenaire indien était beaucoup plus intéressé par les installations du complexe sidérurgique à l'état de ferraille, les pouvoirs publics ont réagi. Certes, l'on dira qu'en le mauvais état où étaient les installations, le complexe n'est pas rentable à moins de réduire les salaires des 5000 salariés pour avoir un produit concurrentiel. Il reste que l'importation/an d'importantes quantités des produits sidérurgiques pour satisfaire les besoins nationaux coute cher au trésor public particulièrement en cette période d'austérité. Un sujet sur lequel le désormais ex ministre Abdeslem Bouchouareb refusait de s'attarder. Son successeur sera-t-il plus clairvoyant. Interrogés, des spécialistes ont estimé opportun le lancement d'un débat national sur les moyens à mettre en œuvre pour une relance effective de la production de l'acier dans notre pays. Opportun également pour rappeler les anciens cadres et agents sidérurgistes à reprendre leur poste pour inculquer leur savoir à leurs successeurs. Les 900 millions de dollars injecté par les pouvoirs publics pour la réhabilitation des installations du complexe interpellent le nouvel homme fort de l'industrie algérienne et son équipe.