Le Maroc est le point commun entre les attentats terroristes de ces deux dernières années en Europe, selon une émission sur le «terrorisme dans le monde» diffusée par France inter. «On pourrait même dire de ces 15 dernières années !», s'est exclamé le réalisateur et journaliste chroniqueur Anthony Bellanger. Les attentats de Madrid de mars 2004, les plus meurtriers en Europe avec près de 200 morts et 2 000 blessés, sont essentiellement le fait de terroristes marocains, explique ce spécialiste en géopolitique. Même chose pour Mohammed Bouyari, le meurtrier, en 2004, du cinéaste néerlandais Théo Van Gogh, lui aussi Marocain d'origine. Aussi 7 des 9 terroristes des attentats de Paris, en novembre 2015, sont aussi d'origine marocaine dont les frères Abdelslam, rappelle la même source. Tout comme Abdelhamid Abaaoud, considéré comme le cerveau de ces opérations et c'est aussi le cas de ceux qui intégrait la cellule des attentats de Bruxelles, 32 victimes, dont le Marocain Najim Laachraoui était le leader. Enfin, la totalité de la cellule de Ripoll (en Catalogne/Espagne), des frères Oukabir au terroriste des Ramblas, Younes Abouyaaqoub, «en passant par l'imam» dit-il, en référence à Abdelbaki Es Satty: «tous sont, soit nés au Maroc, soit d'origine marocaine», ajoute-t-il. Ripoll est une petite ville catalane au pied des Pyrénées où s'étaient installés leurs parents marocains. L'imam Abdelbaki Es Satty, mort dans l'explosion de la maison d'Alcanar (sud de Barcelone), a séjourné en Belgique entre janvier et mars 2016, selon les médias espagnols. Le réalisateur de l'émission revient sur les Marocains immigrés à l'étranger dont ceux issus de la région du Rif, dans le Nord du Maroc, «exactement, entre les villes de Tanger, Nador, Tétouan», disant qu'il y a «une logique évidente à cette singularité rifaine : l'immigration. La région est une des plus pauvres du Maroc et sa jeunesse s'est très tôt exilée en Europe». On les retrouve, ces Rifains, des Pays-Bas à la Belgique en passant par la France et donc l'Espagne. Une sorte d'axe rifain où l'Espagne joue un rôle singulier puisqu'elle est l'ancienne puissance coloniale et y possède encore les villes garnison de Ceuta et Melilla, poursuit-il. Et encore aujourd'hui, ces derniers mois, le Rif marocain est l'endroit de manifestations «très dures» et donc «très réprimées», contre le pouvoir marocain. Le Rif, c'est aussi le lieu de tous les trafics, de haschisch notamment. Bref une région «rebelle» et «irrédentiste», ajoute-t-il. L'auteur a expliqué qu'il faut revenir un peu en arrière : «le Maghzen, le pouvoir marocain autour du monarque, s'est toujours méfié des Rifains, les abandonnant à leur sort (...). Et ceux qui ont pu échapper aux services de renseignements marocains ont essaimé en Europe. Un seul chiffre résume cette importance des réseaux terroristes marocains et rifains : 1 600 combattants». On estime à 1 600 le nombre de terroristes marocains en Syrie ou en Irak. «Un petit millier serait sur le retour. Ils sont évidemment dangereux, surtout lorsqu'ils entrent en contact avec une jeunesse d'origine rifaine née en Europe. La cellule de Ripoll est pile sur ce modèle-là...», a dit l'auteur, précisant que «l'imam de Ripoll, Abdelbaki Es-Satty, a connu un des terroristes rifain des attentats de Madrid en prison, alors qu'il était lui-même condamné pour trafic de drogues. Il a voyagé en Belgique, à Vivoorde».