La production céréalière, en dépit des conditions climatiques difficiles, a enregistré durant la saison actuelle, à la fin de la campagne moisson-battage 2016/2017, «une nette amélioration» par apport à celle enregistrée «durant la même période de 2015/2016, avec un taux de 88% des surfaces agricoles consacrées à la production des céréales, alors que 12% de ces surfaces n'ont pas été encore moissonnées», avait indiqué le directeur de la régulation et du développement de la production céréalière au ministère de l'Agriculture, du Développement rural et de la Pêche, Chérif Ommari. «Le bilan actuel de la production des céréales est appelé à la hausse après la fin de la campagne de moisson, en attendant la présentation du bilan final par le ministre de l'Agriculture, du Développement rural et de la Pêche avant la fin du mois courant », a précisé M. Ommari. Le responsable a relevé, également, que la saison actuelle a connu une nette amélioration dans la production de l'orge qui a atteint 10 millions de tonnes et la production des légumes secs (notamment les lentilles et les graines) qui s'étend sur une surface de 105 000 ha. Le bilan préliminaire de la production des céréales durant la saison 2016-2017 a atteint jusqu'à mi-août plus de 35 millions de tonnes contre 34 millions de tonnes au titre de la campagne moisson-battage 2015-2016. Sachant qu'une production record de 6,12 millions de tonnes avait été enregistrée en 2009. Selon les estimations, si l'Algérie arrive à réaliser, à l'horizon 2019, l'objectif retenu de 600 000 ha de céréales en irrigué avec un rendement moyen de 30 quintaux par ha, « elle pourra facilement atteindre l'autosuffisance en blé dur ». La céréaliculture est largement dépendante de la pluviométrie en Algérie, puisque sur une superficie totale de 3,4 millions d'ha, seulement 240 000 ha bénéficient actuellement de l'irrigation, soit 7% de cette superficie. Ainsi, et durant cette saison, 2,5 millions d'ha des surfaces irriguées destinées à la culture des céréales ont été moissonnés, soit un total de 3,5 millions d'ha. C'est que les prévisions du quinquennat 2015-2019 tablent sur une production céréalière de 69,9 millions de quintaux, soit environ le double de la récolte actuelle, et ce, sur l'extension des surfaces irriguées d'un million d'ha supplémentaires dont 600 000 ha seront réservés à la culture céréalière. La tutelle se penche sur l'action de booster la filière blé dur et orge, des produits qui sont à sa portée étant donné que l'Algérie, historiquement, est un producteur de blé dur de bonne qualité. Un saut qualitatif et quantitatif enregistré par les wilayas du Sud Contrairement à la saison dernière, les wilayas de l'Ouest ainsi que celles du Sud occupent la première place dans la production des céréales, notamment la wilaya d'El Oued où pas moins de 570 000 quintaux ont été enregistrés, avec une augmentation de production de 7%, soit plus de 42 000 quintaux, comparée à la même période de la saison écoulée. C'est un saut qualitatif et quantitatif pour la filière dans cette région, si on prend en considération tous les efforts déployés par le ministère de tutelle pour développer l'agriculture dans ces régions qui commence bien à donner ses fruits. Ainsi, Tiaret, Tissemssilt et Sidi Bel-Abbès ont également connu une amélioration de la production et ce, grâce aux efforts déployés par les agriculteurs, l'encadrement et les campagnes de sensibilisation entreprises par les responsables du secteur. Pour la wilaya de Tiaret, la production a atteint 3,6 millions de quintaux pour la présente saison, contre 2,6 millions pour la même période 2015/2016, avec une augmentation d'un million de quintaux. Pour la wilaya de Tissemssilt, 232 273 quintaux ont été collectés pour cette première opération de la saison. La wilaya de Tipasa a enregistré, quant à elle, une production de 459 300 quintaux avec une hausse de 5,5% comparée à la même période de 2015/2016. Les quantités de céréales collectées sont réparties, pour la majorité, entre le blé dur, pour lequel la priorité a été donnée au regard des potentialités existantes sur lesquelles mise le gouvernement pour atteindre l'autosuffisance d'ici 2020, suivi par l'orge, tandis que le reste a été réservé pour la production du blé tendre. Revoir les conditions de la production En outre, et dans la nécessité d'exploiter toutes les ressources naturelles existantes pour atteindre l'autosuffisance dans la filière céréale, le ministre de l'Agriculture et du Développement rural, Abdelkader Bouazghi, lors de la réunion d'évaluation tenue avec les cadres de la filière, a insisté sur l'impératif de prendre les mesures nécessaires pour revoir les conditions de production des céréales en Algérie. Plusieurs mesures seront, ainsi, prises dont l'extension des superficies agricoles irriguées, l'amélioration des semences afin de les adapter au climat, l'utilisation des technologies pour développer les systèmes de production et la formation des agriculteurs. Ces mesures permettront de renforcer la production des céréales, d'augmenter le taux de productivité par hectare, de réduire les superficies non exploitées et d'élargir celles dédiées à la culture des céréales. Le ministère, ajoute le ministre, œuvre à améliorer la production du blé pour atteindre la sécurité alimentaire, sachant que le montant des importations de céréales pèse lourd sur l'économie nationale. Chose qui fait que le gouvernement algérien souhaite réduire la facture alimentaire, notamment celle des céréales, en prenant des mesures en faveur des agriculteurs locaux. Cependant, la courbe de production est en dents de scie, car à défaut d'utiliser les techniques de l'irrigation, la culture céréalière reste tributaire des précipitations. Les besoins de l'Algérie en céréales sont estimés à environ 10 millions de tonnes par an. La production locale n'en fournit que la moitié, voire le tiers. Donc l'urgence, c'est de sortir des cycles traditionnels devenus ingérables. Les céréales non irriguées, l'agriculture dans les zones à stress hydrique, l'irrigation avec l'utilisation massive d'eau..., tout doit être revu de manière rationnelle. Il y a énormément de gaspillage et de mauvaise gestion. La situation actuelle, simplement préoccupante, peut devenir critique si des mesures ne sont pas prises. Notons que l'Office algérien interprofessionnel des céréales (OAIC), l'Institut technique des grandes cultures et les entreprises privées spécialisées dans les semences, se réuniront au cours de la semaine prochaine pour prendre les mesures nécessaires à l'extension des superficies agricoles dédiées à la culture des légumes secs. Pour la campagne labours-semailles 2017-2018, le ministère cible près de 3,5 millions d'hectares des terres consacrées aux céréales en assurant 3 millions de quintaux de semences, a annoncé le directeur de la régulation, Ommari Chérif. Soutien aux cultures fourragères Par ailleurs, et afin d'accompagner le développement de la production laitière, qui vise à atteindre près de 0% d'importation en poudre de lait pour les produits dérivés, 900.000 hectares ont été transformés pour la production des fourrages, avec un taux de 26%. Cela entre dans le cadre du dispositif de soutien aux cultures fourragères qui a été mis en place, par le ministère de tutelle, pour améliorer les performances des élevages afin de parvenir à l'augmentation de la production laitière et à la réduction de l'importation de la poudre de lait. Le grand déficit en alimentation des élevages, principale contrainte de la filière lait, a poussé les pouvoirs publics à réorienter leur soutien aux cultures fourragères. Ce soutien concerne l'utilisation et l'acquisition des semences fourragères, la production de l'ensilage et les fourrages enrubannés.