Très critiqué, le recours au financement non conventionel demeure le point noir, pour certains, dans le programme d'action du gouvernement, suscitant la peur des uns et le mécontetement des autres, cette solution n'a pas fait des heureux parmi les experts économiques, les députés et les partis politiques. Le Premier ministre, Ahmed Ouyahia a déclaré, hier à Alger, à ce sujet que cette issue demeure la seule alternative, «c'est la crise qui nous y oblige», a expliqué le Chef du gouvernement en marge de la présentation de son plan d'action devant les sénateurs au Conseil de la nation. Dans le cas contraire, a confirmé Ouyahia «l'Etat n'aurait pas de quoi verser les salaires des fonctionnaires», précisant que «la machine économique serait brutalement bloquée aussi». Par ailleurs, le Premier ministre a rassuré «qu' un retour à la normale, sera dans une année, voire une année et demi, mais en attendant, nous devrions rester unis pour permettre au pays de faire face à la crise». Pour rappel, lors de la présentation du plan d'action du gouvernement, la semaine dernière, le chef du gouvernement a assuré «que les fonds qui seront empruntés par le Trésor public auprès de la banque d'Algérie, dans le cadre du financement non conventionnel, ne seraient pas source d'inflation puisqu'ils seront destinés à financer exclusivement l'investissement public». «En premier lieu, les fonds qui seront empruntés par le Trésor auprès de la banque d'Algérie ne sont pas destinés à alimenter la consommation mais bien à financer l'investissement public. Ce qui ne sera donc pas source d'inflation», avait-il souligné. «En second lieu, le Trésor fait face actuellement à une dette publique qui ne dépasse pas les 20% du Produit intérieur brut. Il dispose ainsi d'une marge raisonnable d'endettement», avait relevé M. Ouyahia en soulevant qu'à titre de comparaison, le pays européen disposant des finances publiques les plus solides a aussi une dette publique proche de 70% du Produit intérieur brut. En tout état de cause, «l'Algérie vient de s'assurer ainsi la sauvegarde de son indépendance financière et la poursuite de son effort de construction nationale», avait-il exliqué. De même, ces emprunts non conventionnels auprès de la banque d'Algérie «permettront à l'Etat de continuer de fonctionner normalement sans devoir imposer aux citoyens de nombreux impôts nouveaux», selon lui. Il avait également avancé que cette catégorie de financements aurait un «impact positif sur les entreprises locales qui recouvreront leurs créances sur l'administration et pourront ainsi survivre et se développer, alors que certaines autres PMI ont, malheureusement, été déjà acculés à la disparition. «Face à cette crise financière importée de l'extérieur, le gouvernement a décidé de recourir au financement non conventionnel interne comme l'ont fait d'autres pays, développés, à la suite de la crise financière mondiale il y a quelques années», avait noté le Premier responsable du gouvernement. C'est dans ce cadre que le gouvernement a déposé au Parlement un projet de loi portant amendement de la loi relative à la Monnaie et au crédit «pour autoriser la banque d'Algérie à acquérir directement des titres qui seront émis par le Trésor», avait-il insisté, en notant que le Trésor public s'endettera pour financer les déficits du Budget. Le Trésor «financera aussi le remboursement de ses importantes dettes vis-à-vis de la Société nationale des hydrocarbures (Sonatrach) ou des banques publiques engagées dans l'assainissement de Sonelgaz, de sorte que les banques publiques retrouvent des liquidités qu'elles utiliseront pour le financement de l'investissement économique», avait précisé le Premier ministre. Il faut favoriser que ce financement exceptionnel sera limité à une durée maximale de cinq années, et sera «accompagné de réformes économiques et financières pour rétablir l'équilibre des finances publiques ainsi que l'équilibre de la balance des paiements», avait-il précisé. Donc, l'Algérie va recourir «temporairement à ce type de financement pour faire face à une crise financière qui dure depuis plus de trois ans induite par une grave chute des prix des hydrocarbures».