Dans des lettres, il raconte que À la recherche du temps perdu est un «petit chef-d'oeuvre» et qu'il serait bon de l'écrire en Une... moyennant quelques centaines de francs. Des lettres, signées par Marcel Proust lui-même et révélées par le Guardian ce jeudi, montrent que l'auteur avait payé des journaux pour qu'ils réalisent des critiques positives de l'un de ses livres. Quelques centaines de francs auraient ainsi été dépensées pour vanter l'oeuvre À la recherche du temps perdu. Comme le raconte le journal britannique, ces lettres ont refait surface dans le cadre de la vente d'une copie très rare de Du côté de chez Swann. Celle-ci aura lieu à Paris le 30 octobre, et elle devrait atteindre le demi-million d'euros. Ceci, parce que l'ouvrage est imprimé sur un papier fabriqué à partir de fibres naturelles de mûrier kozo. Seuls quatre livres de ce type sont en circulation dans le monde. Pour en revenir aux lettres, elles sont signées de la main de Marcel Proust et adressées à son éditeur. L'auteur demande à ce dernier de donner de l'argent à des journaux français afin d'obtenir de bonnes critiques. Il aurait par exemple offert 300 vieux francs (l'équivalent d'environ 1000 euros selon le Guardian) pour quelques compliments sur Du côté de chez Swann en Une du Figaro -journal pour lequel il travaillait parfois. Il aurait aussi déboursé 660 vieux francs pour une autre revue en Une du Journal des débats, et tenté de joindre trois autres publications. Dans ses lettres, il décrit son propre livre comme étant «un petit chef-d'oeuvre», une «bouffée d'air frais parmi les autres vapeurs soporifiques». Après l'avoir comparé à un Dickens, il écrit: «ce que monsieur Proust voit et sent est complètement original». «[Son écriture] est presque trop lumineuse pour l'oeil», conclut-il modestement. Pour ne pas être démasqué, Marcel Proust prend certaines précautions: il exige que ses lettres adressées aux journaux soient dactylographiées afin qu'on ne puisse pas reconnaître son écriture, et que l'argent soit donné par l'éditeur directement aux médias. Il promet qu'il le remboursera ensuite. Si Marcel Proust était aussi motivé à faire la publicité de ses livres, c'est aussi parce qu'il payait les frais de publication lui-même, selon les experts. Les maisons d'édition avaient refusé de le publier, avant 1913. Après cette date, Proust avait tout de même dû assumer les coûts lui-même.