L'apport de Mouloud Feraoun à la littérature algérienne est incommensurable dans la mesure où son oeuvre est originale, en plus de sa teneur littéraire. Imaginons un instant que Mouloud Feraoun n'est pas venu au monde! Quel aurait été le paysage littéraire algérien sans «Le fils du pauvre», «La terre et le sang», «Les chemins qui montent», etc... S'il n'y a jamais eu «Jours de Kabylie», «Journal» et même «L'Anniversaire»! Il vaut mieux ne pas y penser car l'apport de Mouloud Feraoun à la littérature algérienne est incommensurable dans la mesure où son oeuvre est originale, en plus de sa teneur littéraire. Qui mieux que Mouloud Feraoun aurait pu raconter et décrire tous les moindres détails de la vie dans un village kabyle, parler des mentalités disséquer les sentiments les plus profonds des gens de l'époque et dire la misère dans toute sa nudité? personne. En tout cas, même si d'autres écrivains ont tenté de le faire après le fils de Tizi Hibel, aucun n'a réussi à raconter la Kabylie en mariant à la fois simplicité dans l'écriture et talent littéraire en faisant preuve d'une connaissance parfaite des choses qu'il aborde. Aujourd'hui, 8 Mars, ce n'est pas uniquement la Journée internationale de la femme, c'est aussi l'anniversaire de la naissance de Mouloud Feraoun, qui a vu le monde au coeur de la Kabylie profonde, à Tizi Hibel (à Ath Douala), le 8 mars 1913. Né il y a 104 ans, Mouloud Feraoun continue de s'imposer notamment en Algérie comme l'écrivain algérien le plus lu de tous les temps. Il suffit de se rendre dans n'importe quelle librairie algérienne pour se rendre compte que les livres de Feraoun font l'objet de nombreuses éditions et rééditions. Les éditeurs s'en emparent, parfois sans même avoir l'aval des enfants de l'écrivain. C'est dire à quel point on lit encore avec la même ardeur tous les romans et autres écrits de l'ancien instituteur, qui n'a jamais négligé son métier noble d'enseignant au profit de sa passion de romancier. Il a toujours réussi à s'adonner aux deux activités sans en léser aucune. Mouloud Feraoun, c'est aussi le précurseur de la littérature algérienne d'expression française. C'est l'aîné. En plus de son talent indéniable, Mouloud Feraoun a eu aussi la chance d'avoir comme ami l'écrivain Emmanuel Roblès. Ce dernier, non seulement l'encouragea à aller de l'avant, en plus, il lui a ouvert les portes de la grande maison d'édition française «Le Seuil», où il put publier plus tard l'essentiel de son oeuvre littéraire après avoir édité son premier roman autobiographique, «Le fils du pauvre», d'abord à compte d'auteur. Ce roman, deviendra plus tard un grand classique. Il lui a permis de faire son initiation à la littérature. Roman consacré à l'enfance, c'est un peu l'équivalent de «L'Enfant» de Jules Vallès ou de «L'Enfant noir» de Camara Laye ou encore «Oliver Twist» de Charles Dickens, etc. Puis Mouloud Feraoun publie deux romans extraordinaires, mais qui sont en réalité une seule oeuvre puisque l'un est la suite de l'autre. Il s'agit de «La terre et le sang» et «Les chemins qui montent». Ayant son propre cachet en écrivant, Mouloud Feraoun, dans les trois romans sus-cités, fait baigner le lecteur dans un même univers. Impossible de ne pas reconnaître son style en lisant n'importe quel extrait de ses romans, tant l'empreinte de Mouloud Feraoun est reconnaissable facilement. Sur la guerre d'Algérie, Feraoun a écrit un pavé. Dans «Journal», Feraoun raconte au jour le jour l'angoisse permanente de la vie en pleine guerre. Ce qui retient le plus l'attention dans ce merveilleux livre, c'est l'esprit libre de Mouloud Feraoun. Ce dernier écrit et livre ses opinions avec lucidité sans se laisser enchaîner par une quelconque contrainte. C'est pourquoi, d'ailleurs, aujour- d'hui, les critiques ont du mal à le situer vis-à-vis de nombreuses questions. Mouloud Feraoun était un vrai écrivain. Un vrai écrivain, en plus de son talent, tient beaucoup à sa liberté. C'est sans doute l'une des raisons qui font de lui aujourd'hui un auteur inclassable, mais qui aimait tant sa terre sur laquelle il a versé son sang.