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Amendement de la loi des hydrocarbures et gaz de schiste
Publié dans La Nouvelle République le 05 - 10 - 2017

Le Premier ministre dans une déclaration le 1er octobre 2017 a fait savoir que l'exploitation du gaz de schiste est une option pour l'Algérie. Je rappelle qu'un dossier élaboré sous ma direction internationale auquel ont participé des experts ayant plusieurs décennies d'expérience dans le domaine de l'énergie, ingénieurs et économistes (620 pages) intitulé «pétrole/gaz de schiste opportunités et risques», a été remis à l'ex-Premier ministre le 25 février 2015 (1).
C'est un rapport objectif, mesuré avec des analyses et propositions de toutes les tendances, évitant toute polémique stérile, tant la sinistrose que l'autosatisfaction, devant privilégier uniquement les intérêts supérieurs de l'Algérie. De l'avis de la majorité des experts, l'énergie étant au cœur de la sécurité nationale, c'est une opportunité pour l'Algérie, qui doit évaluer ses potentialités, mais devant analyser tous les risques négatifs et sa rentabilité à terme, l'objectif stratégique étant de s'orienter vers un Mix énergétique.
La majorité des experts, notant que ce dossier sensible nécessite une formation pointue et posant une problématique sociétale, s'impose une bonne communication en direction de la société. Pour éviter de perturber la gestion de Sonatrach, société commerciale stratégique, les experts ont souhaité que ses dirigeants évitent de s'exposer aux débats, devant laisser au Ministère de l'Energie seul habilité politiquement, à exposer ses arguments.
À ce titre, les experts ont préconisé une institution indépendante créée, relevant non d'un département ministériel, évitant d'être juge et partie, mais du président de la République ou du Premier ministre associant la société civile de chaque région, des experts indépendants, des représentants du ministère de l'Energie et d'autres départements ministériels, travaillant en étroite collaboration avec les institutions. Le dialogue avec les populations concernées est vital.
Pour avoir connu très bien cette région, notamment Ouargla, Ghardaïa, El Goléa et In Salah, en tant qu'officier d'administration de la route de l'unité africaine durant les années 1972/1973, c'est une population paisible, ouverte au dialogue et profondément attachée à l'unité nationale. Il s'git donc d'éviter de passer en force mais de rétablir la confiance par le dialogue, outil de la bonne gouvernance.
1.-Nature du gaz schiste
Le gaz non conventionnel est contenu dans des roches sédimentaires argileuses très compactes et très imperméables, qui renferment au moins 5 à 10% de matière organique. Généralement la profondeur d'exploitation des shale gas est de l'ordre, en moyenne générale, selon les gisements, de 500, souvent 1 000 à 3 000 mètres de profondeur, soit de un à plusieurs kilomètres au-dessous des aquifères d'eau potable, la profondeur étant moindre aux USA, ce qui réduit les coûts.
La fracturation de la roche suppose d'injecter un million de mètres cubes d'eau douce pour produire un milliard de mètres cubes gazeux à haute pression et du sable. Une partie de l'eau qui a été injectée pour réaliser la fracturation hydraulique peut être récupérée (20 à 50%) lors de la mise en production du puits après traitement. Ce qui suppose des investissements pour des installations appropriées et des unités de dessalement en cas où l'eau est saumâtre. Le sable injecté combiné d'additifs chimiques a pour but de maintenir les fractures ouvertes une fois la fracturation hydraulique effectuée, afin de former un drain pérenne par lequel le gaz va pouvoir être produit.
De nombreux gisements sont enfouis sous des nappes phréatiques et avec la remontée du gaz, le liquide de fracturation peut parfois atteindre ces nappes, et se mêler à l'eau, qui devient alors impropre à la consommation. Pour l'Algérie, pays semi aride, le problème se pose avec le risque de pollution des nappes phréatiques, la nappe d'eau étant l'Albien. De nombreux gisements sont enfouis sous des nappes phréatiques et avec la remontée du gaz, le liquide de fracturation peut parfois atteindre ces nappes, et se mêler à l'eau, qui devient alors impropre à la consommation.
A-t-on prévu les moyens de lutte contre la détérioration de l'environnement ? Et l'Algérie étant un pays semi-aride, a-t-on fait les extrapolations d'arbitrage entre la consommation d'eau des populations, des secteurs économiques et l'utilisation de ce gaz ? En l'absence de technique alternative à la facturation hydraulique grande consommatrice d'eau, l'impact de cette exploitation sur la ressource en eau demeure l'une des principales préoccupations. Parce que dans le climat aride ou semi-aride de l'Algérie, le rechargement des nappes phréatiques est faible.
C'est donc dans les nappes profondes que les exploitants iraient pomper l'eau nécessaire à l'exploitation du gaz. Par ailleurs, l'utilisation massive d'eau par l'Algérie ou d'autres pays du Maghreb nécessitent une entente régionale du fait que ces nappes sont communes. Certains bassins hydrographiques complexes sont en effet partagés comme celui de Mjradah Wadi, commun à la Tunisie et à l'Algérie ou celui de Deraa qui alimente également le Maroc sans compter les bassins communs avec la Libye.
2- Pourquoi le gouvernement veut s'orienter vers le gaz de schiste ?
Les hydrocarbures constituent l'épine dorsale de l'économie algérienne. Ils ont permis à l'Etat algérien de constituer des réserves de change bien qu'en baisse étant passées de 194 milliards de dollars, en clôture fin 2017 inférieur à 97 milliards de dollars, des recettes de devises de Sonatrach 28 milliards de dollars en 2016 pour une sorties de devises de 60 milliards de dollars et entre 55/60 milliards de dollars fin 2017. et selon le PDG de Sonatrach fin 2017 à 31 milliards de dollars fin 2017.
Cela a permis une dépense publique sans précédent entre 2000/2016 estimée incluant la partie dinars entre 950/ 1000 milliards de dollars pour une croissance moyenne n'ayant pas dépassé les 3%. Nos calculs largement publiés dans la presse nationale et internationale à partir des statistiques douanières donc officielles, année par année, montrent qu'entre 2000/2016 les sorties de devises de biens ont été d'environ 520 milliards de dollars (560 milliards de dollars à juillet 2017 selon certaines sources), plus les services 120/140 souvent oubliés dans les déclarations officielles (10/11 milliards de dollars/an entre 2010/2016) et les transferts légaux de capitaux de plus de 730 milliards de dollars, pour une entrée de devises d'environ 850 milliards de dollars, la différence étant les réserves de change au 31/12/2016 de 114 milliards de dollars.
L'économie algérienne est toujours une économie rentière après plus de 50 années d'indépendance politique, 97/98% d'exportation représentées par les hydrocarbures à l'état brut et semi brut, la pétrochimie étant embryonnaire, et important 70/75% des besoins des ménages et des entreprises publiques et privées dont le taux d'intégration ne dépasse pas 15%. Sonatrach, c'est l'Algérie et l'Algérie c'est Sonatrach. Cet artifice statistique peut cependant cacher la dure réalité. Le chômage apparemment maîtrisé (10 %) mais dominée par les emplois improductifs ( administration) au niveau de la sphère réelle et plus de 50%de la population active étant localisée dans la sphère informelle selon le rapport gouvernemental de l'ONS (2012).
Aussi, cette décision stratégique a été prise probablement après que le gouvernement ait estimé que l'Algérie serait une importatrice nette de pétrole dans moins de 10 ans et dans 20 ans pour le gaz conventionnel. La consommation intérieure triplera horizon 2030 et quadruplera horizon 2040, selon le Ministre de l'Energie. En cas de non découvertes substantielles et surtout rentable selon le vecteur prix international, l'Algérie pourrait commencer à importer du pétrole à partir de 2025 et du gaz à partir de 2030 pour satisfaire la demande locale.
La solution est –elle en le pétrole-gaz de schiste ? Et ce, en tenant compte tant des exportations que de la forte consommation intérieure du fait du bas prix un des plus bas au niveau du monde bloqués par la décision de subventions des carburants et de l'énergie. Pour le gaz il est cédé à Sonelgaz entre le sixième et le dixième du prix international sur le marché libre, ce taux variant selon les fluctuations des prix internationaux, largement influencés par l'entrée du gaz non conventionnel américain, coté actuellement entre trois et quatre dollars le MBTU.
Or les besoins de financement de Sonelgaz selon les déclarations fin septembre 2017 du PDG seraient de 30 milliards de dollars par an soit 150 milliards de dollars pour les cinq prochaines années sans compter les besoins de financement de Sonatrach revus à la baisse de 100 milliards de dollars à 70 milliards de dollars pour les cinq prochaines années. Comment dès lors trouver ce capital argent d'environ 45 milliards de dollars/an dont 70% en de devises, la partie dinars ne contribuant qu'à hauteur de moins 30%, du fait que, la part de la masse salariale dans en dinars dans la valeur ajoutée étant relativement faible, pour ces deux grandes sociétés et les sous traitants de Sonatrach et Sonelgaz tributaires des importations pour leurs besoins en grande partie en devises.
Alors que les recettes entre 2017/2020 risquent de ne pas dépasser 35 milliards de dollars si le cours est de 55 dollars le baril. Pour Sonelgaz, ce montant tient compte des décisions d'installer des capacités d'électricité supplémentaires. En effet, suite aux coupures récurrentes d'électricité, il a été décidé la réalisation du projet de centrale électrique en cycle combiné à Ras Djinet (Boumerdès) d'une capacité de 1.200 MW confiée au groupe sud-coréen Daewoo EC pour un montant 73,4 milliards de DA (près d'un milliard de dollars).
Le projet de cette centrale vise à produire 12 000 MW supplémentaires d'électricité à l'horizon 2017, devant une fois achevé, de doubler la production nationale d'électricité. Ainsi, il est prévu la construction de 9 centrales électriques totalisant une puissance de 8.050 MW, 300 postes très haute et haute tension, près de 10 000 km de réseau de transport très haute tension et 500 km de réseau de transport de gaz destiné à l'alimentation des centrales.
Ce programme est appelé à satisfaire une demande en nette croissance avec un rythme annuel moyen de 14% et qui devait être à 19.316 MW fin 2017 contre 11.436 MW projetés pour 2013. Pour le grand Sud, le 15 août 2012, la Société de production d'électricité (SPE), filiale du groupe Sonelgaz, a diffusé un appel d'offres pour la réalisation d'une vingtaine de centrales électriques diesel.
Ces plateformes de production d'électricité sont destinées à alimenter les villes du Grand Sud du pays ; elles seront réalisées à Hassi Khebi (12 000 kW), Tabelbela (2000 kW), Oum Lassel (1000 kW), Talmine (4000 kW), Timaouine (1000 kW), Aïn Belbel (1500 kW), M'guiden (500 kW), Djanet (16 000 kW), Bordj Omar Driss (6000 kW), Aïn Alkoum (300 kW), Bord Badji Mokhtar (6000 kW) et Tin Zaouatine (2500 kW), trois centrales d'une capacité de 24 000 kW pour Tindouf, la ville de Debdeb trois centrales électriques d'une puissance totale de 7200 kW et deux centrales diesel pour la ville d'Idless d'une capacité de 700 kW.
Ainsi, Sonelgaz financera via le trésor public environ 27 milliards de dollars d'ici à 2016-2017 pour une capacité supplémentaire de 12 000 MW. Ainsi tous ces investissements fonctionneront en majorité en turbines de gaz, et pour le Sud au diesel. Comme le diesel connait un prix international très élevé, à quel cout produira donc le KWH et à quel prix sera la cession ? Dès lors avec cette augmentation de la consommation intérieure, du fait de la décision de ne pas modifier les prix intérieurs, il y a risque d'aller vers plus de 70/75 milliards mètres cubes gazeux horizon 2030 de consommation intérieure.
(A suivre)
Dr Abderrahmane Mebtoul, professeur des universités, expert international


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