C'est « l'Apocalypse ». Le mot est écrit en Une de La Gazetta dello Sport, à la mesure de l'onde de choc que provoque en Italie l'élimination de la Squadra Azzurra. Pour la première fois depuis 1958, l'équipe nationale italienne va manquer la phase finale d'un Mondial de football. Lundi 13 novembre 2017 à Milan, en barrage retour face à la Suède, elle n'a pu faire mieux qu'un 0-0, après sa défaite à l'aller (1-0). Pas de Coupe du monde en Russie pour la Squadra Azzurra. En juin et juillet 2018, les Italiens regarderont le foot à la télé. Leur sélection n'a pas pu battre la Suède, lundi soir à San Siro. Avec une tête d'enterrement et une voix d'outre-tombe, le présentateur de la chaîne d'information Telepiù donne le ton ce mardi matin : ce n'est pas la fin du monde, mais c'est la fin du monde du football italien. Le pays n'avait pas vu ça depuis 60 ans. Il faut remonter à 1958 pour trouver une édition du Mondial sans l'Italie. Dans les kiosques, les journaux promettent une journée noire, relate notre correspondante à Rome, Anna Treca. On parle d'une « catastrophe », d'un « désastre », d'une « tragédie nationale ». Aucun but contre la Suède en deux matches... La honte, « l'Apocalypse » ! Evidemment, on va rapidement remettre en cause toute la filière du football en Italie. Un sport structuré autour des clubs et de leur capacité à recruter des joueurs étrangers, aux dépens des investissements nécessaires pour faire monter les jeunes locaux. Mais pour l'instant, les gens doivent encore digérer l'humiliation, accepter qu'il ne s'agit pas d'un mauvais rêve, mais bien de la dure réalité. Gianluigi Buffon en larme s'excuse de ne pas avoir réussi son dernier défi Pendant 95 minutes, les Suédois, vainqueurs à l'aller, auront été solidaires, héroïques. Ce match nul, concédé au terme d'une rencontre à sens unique, aura vu toutes les initiatives des quadruples champions du monde se briser sur un mur. La stratégie du bus garé devant le but. Les Italiens auront pu apprécier. Mention spéciale au gardien, Robin Olsen, et au défenseur et capitaine Andreas Granqvist.Pour l'Italie, c'est la fin d'une génération. A 39 ans, le légendaire gardien Gianluigi Buffon, champion du monde en 2006, a annoncé la fin de sa carrière internationale, après 175 sélections. Il ne vivra pas de 6e phase finale, un record qu'il s'était fixé. L'image du jour, c'est lui, le joueur le plus populaire du pays en pleurs, s'excusant de ne pas être parvenu à apporter la joie d'une nouvelle qualification à une Italie qui en avait besoin socialement. Chiellini, Barzagli, Bonucci, tous défenseurs trentenaires, pourraient passer la main également. Quant au sélectionneur, Giampiero Ventura, il n'a pas démissionné, mais il a également demandé pardon aux Italiens. On sait déjà qu'il sera l'homme le plus critiqué du pays cette semaine. Sans charisme, sans personnalité, il n'a pas donné l'impression de tenir ses joueurs, courageux mais pas très brillants. A méditer pendant les quatre prochaines années.