Nous sommes d'avis que Rabah Madjer a besoin de temps pour construire une équipe nationale compétitive et nous sommes également d'accord que cet objectif ne serait atteint que s'il travaillait dans la sérénité et la quiétude, loin de toute pression et des récurrentes critiques aussi inutiles les unes que les autres. Ce dont nous ne sommes pas d'accord, en revanche, c'est cette précipitation à crier victoire avant même d'entamer sérieusement le travail. Une toute petite victoire contre une toute petite équipe, la Centrafrique, ne signifie absolument rien d'autant que l'Algérie reste sur une série de mauvais résultats et une élimination sans gloire du mondial russe. Même si elle bonne pour le moral, cette victoire, tirée par les cheveux d'ailleurs, ne constitue pas une fin en soi. Elle doit servir plutôt à tirer les leçons nécessaires pour bien envisager l'avenir. Ce même avenir qui pourrait réserver bien des surprises pour le nouveau sélectionneur, « écrasé » par la pression énorme qui pesait sur ses épaules. Le football ne se résume pas à une seule rencontre ni à deux mais à un travail sérieux, continue et de longue haleine. On ne peut porter un jugement définitif sur une équipe que si elle est soumise à un travail de plusieurs mois, voire plusieurs années et que si ses joueurs ont dans les jambes plusieurs matchs. Cette précipitation à crier victoire peut se répercuter négativement sur le rendement de l'équipe nationale dont le parcours de ces dernières années n'incite guère à l'optimisme. Rabah Madjer doit plutôt réserver tout son temps à construire son équipe que de le passer à chercher la petite bête aux journalistes. Il gaspille son temps dans l'inutile alors qu'il est recruté pour remédier à une situation extrêmement difficile. Il doit à tout prix revoir sa copie et s'occuper de l'essentiel au lieu de foncer tête baissée sur l'accessoire.