Dans son dernier ouvrage «Hiziya princesse d'amour des Zibans», Lazhari Labter invite le lecteur à un voyage en caravane en compagnie du couple mythique, Hiziya et Sayed qui traversent le pays à la fin du 19e siècle, en décrivant avec poésie et finesse leur amour passionné. Ce roman, paru récemment aux éditions «El Ibriz», relate en 131 pages le voyage entrepris par le couple, fraîchement marié, depuis Sétif jusqu'à Sidi Khaled à Biskra. Dans ce roman, l'auteur a choisi d'ajouter en annexe dix chapitres dédiés au célèbre poème «Hiziya», composé par Mohamed Benguitoun en 1878. Le roman s'ouvre sur un tableau de la réalité politique et historique de l'Algérie et du Maghreb à l'époque des deux amants, avant de proposer plusieurs hypothèses sur la relation du poète avec le couple, symbole de l'amour inconditionnel, immortalisé par ses vers . Pour restituer l'histoire du poème de Benguitoun, Lazhari Labter embarque le lecteur dans la caravane qui mène le couple vers sa région natale de Sidi Khaled, après un périple de négoce, en reconstituant la vie quotidienne des caravaniers, l'environnement dans lequel ils évoluèrent, ou encore les tâches quotidiennes dévolues à chacun d'eux. Dans cette caravane, Sayed est le «Khabir», c'est-à-dire l'homme d'expérience qui décide des itinéraires, des haltes, organise le campement, tout en partageant les tâches avec les reste des caravaniers. Il est accompagné pour la première fois de son épouse et également cousine, Hiziya, une jeune femme à la beauté légendaire que tous les nobles de la région courtisent. Une bonne partie du récit est consacré à la description, dans un langage propre à l'environnement saharien, de la beauté de Hiziya «incomparable comme le ciel étoilé du désert qu'on ne peut comparer qu'à lui-même» une femme à qui il arrivait souvent de dire à la lune «brille ou je vais briller». Lazhari Labter a également élaboré un dialogue, tout en poésie, entre les deux amoureux. Il décrit aussi les «trois jours de célébrations grandioses» de leurs noces dans la pure tradition des Ziban et le «désir ardant» qui rythme la vie du couple lors de ce voyage avec des références à la flore et à la faune du nord Sahara, puisées dans la poésie locale. D'une halte caravanière à une autre, le roman se mue en explication de la genèse et de la profondeur du poème de Benguitoun, une élégie immortelle dédiée à la belle Hizia, disparue à la fleur de l'âge, et à l'inconsolable Sayed que la perte de l'être aimé a plongé dans un profond mutisme. Dans la deuxième partie de l'ouvrage intitulée «Rom(annexe)», l'auteur consacre plusieurs chapitres à la recherche qu'il a menée sur le poème. Ce volet comporte la première publication du poème dans la revue «Journal asiatique» par Constantin-Louis Sonneck, directeur de l'école musulmane de Constantine qui en a également publié la traduction. Plusieurs autres traductions et études sur ce poème figurent également en annexe du roman. Auteur, poète et journaliste, Lezhari Labter a publié son premier recueil de poésie en 1978 sous le titre «Novembre mon amour», suivi de plusieurs autres ouvrages dont «Yasmina ou les sept pierres de mon collier d'amour» (2001), «Retour à Laghouat mille ans après Béni Hilel» (2002) ou encore «La cuillère et autres petits riens» (2010). Ex éditeur, il a en outre participé à plusieurs ouvrages collectifs sur la poésie.