La situation sécuritaire au Yémen s'est dégradée suite à l'implosion du camp des Houthis, qui contrôle Sanaâ depuis plus de trois ans, et des combats entre ses deux composantes ayant fait des dizaines de morts depuis mercredi. Des raids aériens ont secoué lundi la capitale Sanaa ciblant des zones proches de l'aéroport international et du ministère de l'Intérieur, tous deux sous le contrôle des Houthis, ont indiqué des habitants et une source aéroportuaire. La coalition militaire dirigée par l'Arabie saoudite est la seule à mener des raids aériens au Yémen en soutien aux forces gouvernementales yéménites. Le président yéménite Abd Rabbo Mansour Hadi a quant à lui ordonné à ses troupes de reprendre le contrôle de la capitale Sanaa, au moment où les habitants de Sanaa étaient barricadés chez eux pour se protéger de nouveaux affrontements au sein du camp des Houthsi, tandis que les deux factions rivales (les Houthis et les forces fidèles à l'ancien président Ali Abdallah Salah) tentaient de renforcer leurs positions. Des cadavres gisaient encore dans les rues, selon des témoins. «Sanaa devient une ville fantôme (...), les gens sont enfermés», a dit un employé local de l'Organisation internationale des migrations (OIM). La coalition militaire a mené des raids aériens à l'aube contre des positions des Houthis au sud de Sanaa. Aussi, des habitants de différents quartiers ont dit s'être barricadés chez eux pour éviter tireurs embusqués et bombardements, notamment autour des ministères et des bâtiments publics. Le ministère de l'Education a suspendu les cours dimanche, début de la semaine scolaire, pour éviter aux élèves et enseignants d'être pris dans des combats. "Profondément préoccupé" par la recrudescence des affrontements, le Secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a appelé dimanche «toutes les parties au conflit» à un cessez-le-feu en «cessant toute attaque dans les airs et au sol», selon un communiqué. Samedi, l'ancien président yéménite Ali Abdallah Salah a tendu la main au camp adverse (gouvernement) appuyé par l'Arabie saoudite, une démarche qualifiée de «grande trahison» par ses anciens alliés houthis. Dimanche, les forces loyales à M. Salah ont bloqué plusieurs rues du centre-ville et s'y sont déployées en nombre. Elles ont tenté une nouvelle fois de prendre le contrôle du quartier d'Al-Jarraf, un bastion des Houthis, où ces derniers ont renforcé leurs positions. Déjà maîtres du nord de la capitale, les Houthis ont eu tenté de pousser leur avantage dans le sud en procédant, selon des habitants cités par les médias, à un déploiement de troupes venues du nord du Yémen, leur bastion traditionnel. Cette alliance rebelle s'opposait à l'actuel président yéménite Abd Rabbo Mansour Hadi dont les forces sont soutenues militairement par la coalition sous commandement saoudien depuis mars 2015. Une «amnistie générale» à tous ceux qui cessent de collaborer avec les Houthis Le président yéménite Abd Rabbo Mansour Hadi offrira prochainement une amnistie générale à tous ceux qui cessent de collaborer avec les Houthis, a annoncé lundi le Premier ministre Ahmed ben Dagher à la suite de la rupture du camp des Houthis à Sanaa. Cette annonce est visiblement destinée à affaiblir les Houthis après la rupture de leur alliance avec les partisans de l'ex-président Ali Abdallah Salah. L'ex-président Salah, 75 ans, a lui proposé samedi à l'Arabie saoudite -qui a lancé une intervention militaire contre les Houthis en soutien au gouvernement légitime yéménite en mars 2015-- de «tourner la page». Il a posé comme condition que le blocus imposé au Yémen soit levé par Ryadh. L'Iran a dit regretter dimanche les combats ayant éclaté depuis mercredi entre factions rivales de la rébellion au Yémen et a appelé les protagonistes au «calme et à la retenue». M. Ghassemi «a exprimé l'espoir que tous les groupes, partis et forces politiques et sociales yéménites préservent l'unité du front national contre l'agression en restant solidaires les uns des autres», selon le communiqué publié sur le site internet du ministère des Affaires étrangères. La guerre au Yémen a fait plus de 8 750 morts depuis l'intervention de Ryadh et de ses alliés. Sous pression de la rue --dans le tumulte du dit Printemps arabe, Ali Abdallah Salah avait dû céder officiellement le pouvoir, après plus de 30 ans au pouvoir, à Abd Rabbo Mansour Hadi en février 2012.