A l'occasion de la 4e édition du Panorama du film révolutionnaire de Mostaganem, organisée du 28 novembre au 2 décembre, à la cinémathèque de Cheikh Hamada, Gilles Manceron, historien français spécialiste du colonialisme français, a été convié à animer une conférence sur les massacres du 17 Octobre 1961. Dans la perspective de la visite officielle du président français, Emmanuel Macron, en Algérie, le 6 décembre prochain, nous avons demandé à M. Manceron quels sont les enjeux de cette visite sur le plan historique entre les deux pays. - Tout d'abord, quelle est, selon vous, l'importance de ce genre de manifestations culturelles dont la thématique est portée sur la guerre d'Algérie : Ce panorama du film révolutionnaire de Mostaganem est un rendez-vous important et riche du point de vue des œuvres cinématographiques présentées sur l'histoire de la guerre d'indépendance algérienne et qui sont en même temps des occasions de débat avec un public composé de différentes générations. Cela est très intéressant de par la variété des avis, le débat est très ouvert. Il faut pérenniser cet événement très important pour la mémoire de l'histoire algérienne. - Emmanuel Macron avait déclaré en février dernier que la France coloniale avait commis durant la guerre d'Algérie des «crimes contre l'humanité». Pensez-vous que sa prochaine visite va être une occasion pour que la France reconnaisse enfin officiellement ses crimes contre l'humanité ? C'était une déclaration courageuse de sa part et j'ai fait partie de ceux qui ont défendu cette idée au moment où il l'a fait en disant que c'était juste. J'espère que le 6 décembre prochain sera une date historique, où Emmanuel Macron confirmera sa déclaration en tant que président de la France. - Pensez-vous qu'il le fera ? Il est très difficile de le prévoir, car l'opinion française est encore travaillée par des courants nationalistes et colonialistes, ceux qui défendent l'idée de la colonisation positive, de l'œuvre civilisatrice de la colonisation, c'est encore très présent. Mais il y a aussi d'autres qui contestent cela, notamment, chez les jeunes générations dont l'actuel président fait partie. - Au sujet des crânes des moudjahidine algériens exposés au musée de Paris, pensez-vous que la venue de Macron pourrait aboutir enfin à leur restitution à l'Algérie ? Il pourrait y avoir un geste présidentiel au sujet de ces restes mortuaires de résistants algériens du 19e siècle, avant la guerre de libération, qui ont résisté par les armes à la colonisation française et dont les corps ont été conservés d'une manière scandaleuse, comme si c'était des trophées ou des objets dédiés aux études anthropologiques. Il fallait les inhumer dignement. Ce serait juste et salutaire qu'il y ait restitution de ces crânes. Il ne faut pas oublier que beaucoup d'historiens français ont soutenu cette idée aux côtés de militants algériens.