Le conflit au Yémen a pris un nouveau tournant en 2017, après l'assassinat de l'ancien président, Ali Abdallah Salah, tué quelques jours après la rupture de son alliance avec les groupes armés Ansarou Allah (les Houthis), au moment où le pays fait face à une grave crise humanitaire et sécuritaire. L'ancien président yéménite a été tué le 4 décembre quelques jours après la rupture de son alliance avec les Houthis, une rupture ayant entraîné des affrontements meurtriers dans la capitale Sanaa entre les groupes armée d'Ansarou Allah et les partisans de Salah. Ali Abdallah Saleh, s'était déclaré, juste avant sa mort, ouvert à des discussions avec l'Arabie saoudite, pays qui conduit une coalition arabe contre les forces de ce dernier et les Houthis, ouvrant une nouvelle phase dans ce conflit qui perdure dans ce pays, en proie à une grave crise humanitaire. L'alliance entre les deux composantes de la rébellion yéménite s'est ainsi volée en éclats, des affrontements meurtriers les opposants dans la capitale après que les Houthis ont dénoncé un "coup de force" et une "grande trahison" de la part de leur allié. Ces violences pourraient entraîner l'ouverture d'un nouveau front dans ce pays pauvre, ravagé par la guerre en plus de la "pire crise humanitaire" de la planète dans laquelle il se trouve, selon les Nations unies. A la tête du Yémen pendant plus de 30 ans avant de quitter le pouvoir en 2012 à la suite d'importantes manifestations, Ali Abdallah Saleh avait mis comme condition la levée du blocus imposé au Yémen pour entamer ces discussions. Ryadh avait renforcé le blocus autour du Yémen après un tir de missile des Houthis le 4 novembre vers la capitale saoudienne, rappelle-t-on. Les forces de M. Saleh, alliées au mouvement Houthis, affrontent depuis 2015 une coalition militaire dirigée par l'Arabie saoudite, qui a intervenu au Yémen pour soutenir le successeur de M. Saleh, le président Abd Rabbo Mansour Hadi, alors que le conflit dans ce pays, l'un des plus pauvres au monde, a fait plus de 8.750 morts et 50.600 blessés, dont de nombreux civils, depuis mars 2015. Menace de famine Alors que le pays est ravagé par le conflit, la famine menace plus de huit millions de personnes, selon l'ONU, qui a exhorté les parties au conflit à permettre l'accès de l'aide humanitaire. Selon l'organisation, 14 millions de personnes souffrent d'insécurité alimentaire, dont sept millions d'insécurité alimentaire sévère. Dans certains gouvernorats, 70% de la population lutte pour se nourrir. Les enfants sont particulièrement touchés. Au Yémen, 17 millions de personnes sont en situation d'insécurité alimentaire, soit 60% de la population. Quelque 462 000 enfants de moins de cinq ans sont en danger de mort immédiat, car ils souffrent de la forme la plus grave de malnutrition. Ils étaient 170 000 en 2014, ce qui représente une augmentation de plus de 200% ! , souligne Serge Breysse, directeur expertise et plaidoyer d'Action contre la Faim. La résolution 2216 des Nations Unies d'avril 2015, qui a notamment instauré un embargo sur les armes à destination des Houthis et de leurs alliés, s'est transformée de facto en un blocus aérien et maritime empêchant la quasi-totalité des importations de produits de première nécessité, dont la nourriture. Les restrictions aux importations de blé sont aujourd'hui l'un des problèmes majeurs du pays et la principale menace à la sécurité alimentaire, alors que le pays importait environ 90% de ses aliments avant le conflit. Les situations de famine risquent de se multiplier à travers le pays, a-t-on alerté. Les civils, premières victimes du conflit Dans ce contexte, la communauté internationale s'inquiète du nombre de bavures ou d'attaques intentionnelles de la part de la coalition contre des civils. Fin 2015, au moins 131 personnes, dont des femmes et des enfants, sont tuées dans le bombardement d'une salle où était célébré un mariage. En octobre 2016, c'est une cérémonie funéraire qui est visée. Bilan, de plus de 140 morts. Les ONG s'alarment notamment de l'utilisation massive et répétée des armes explosives dans des zones densément peuplées au Yémen. Contraire au droit international humanitaire, l'usage des armes explosives en zones peuplées s'est accru dans les conflits contemporains au mépris des principes fondamentaux de la guerre. Aussi, à la souffrance qu'engendrent ces blessures, s'ajoute l'absence d'accès aux soins. Détruites notamment par la violence des affrontements, fin octobre 2016, plus de la moitié des installations sanitaires (hôpitaux ou centres de santé) du pays n'étaient plus en état de fonctionnement. Le système de santé au Yémen, particulièrement affecté par le conflit, menace de s'effondrer. Les établissements sont également pénalisés par le blocus imposé et la crise financière frappant le pays: l'approvisionnement en médicaments et matériels médicaux reste très difficile et le personnel de santé n'est plus payé depuis de nombreux mois. Le conflit armée s'enlise au détriment des civils. Le choléra sévit depuis octobre dernier avec plus de 20 000 cas suspectés et près de 100 décès. Une situation aggravée par la destruction partielle ou totale de nombreuses infrastructures (routes, ponts, aéroports, ports) et de bâtiments publics, ce qui restreint considérablement les déplacements et l'acheminement du personnel et des biens humanitaires, ainsi que l'accès aux services de base pour les yéménites.