Les rebelles houthis auraient attaqué la résidence de l'ancien président Quelques heures plus tôt, avant l'annonce de sa mort, Ali Abdallah Saleh était accusé par la télévision Al Massira, porte-voix des Ansarullah, de vouloir porter l'estocade à la rébellion, auquel cas l'Etat n'aurait d'autre issue que d' «imposer l'ordre». La nouvelle est tombée hier après-midi, les factions houthies affirmant que l'ancien président - avec lequel ils étaient entrés en conflit la semaine dernière - avait été tué au cours d'un bombardement dans la capitale Sanaa. «Le ministère de l'Intérieur (contrôlé par les rebelles) annonce la fin de la milice de la trahison et la mort de son chef (Ali Abdallah Saleh) et d'un certain nombre de ses éléments criminels», a affimé la chaîne de télévision des Houthis, Al-Massira, citant un communiqué. Plusieurs heures après, la mort de l'ancien président, âgé de 75 ans, n'a pas encore été confirmée par son parti, le Congrès populaire général (CPG), ou ses proches. Des photos et des vidéos, apparemment filmées par des Houthis, ont circulé sur les réseaux sociaux, peu avant la nouvelle diffusée par les agences de presse, dans lesquelles on voit la silhouette de Ali Abdallah Saleh, vraisemblablement sans vie, une entaille profonde à la tête. Son corps était transporté dans une couverture tachée de sang, depuis le quartier de Hadda où il avait établi son QG, au sud de la capitale. Selon d'autres témoignages, la résidence a été endommagée par des tirs. Cette nouvelle complique davantage la situation dans un Yémen livré à tous les vents de la discorde et de la guerre civile. Pour l'Arabie saoudite, Ali Abdallah Saleh a effectué la semaine dernière «un pas positif» en prenant ses distances vis-à-vis de ses alliés houthis, accusés d'être à la solde de l'Iran. Cette rupture annoncée a ouvert la voie à de violents affrontements entre les Houthis et les partisans de l'ancien président, auteur d'un «coup de force» dont Riyadh escomptait qu'il laisse en chemin les «milices loyales à Téhéran». Depuis mercredi dernier, les combats entre les deux camps ont entraîné plusieurs dizaines de morts et de nombreux blessés, aucun bilan n'ayant été communiqué de part et d'autre sur ce nouveau front qui met le Yémen, pays pauvre confronté à la pire crise humanitaire selon l'ONU, dans une situation critique. Ali Abdallah Saleh s'était adressé voici une dizaine de jours à l'Arabie saoudite, acteur majeur du conflit, pour lui demander d' «arrêter l'agression et de lever le blocus» dont pâtit le peuple yéménite en général, et les enfants en particulier. Depuis mars 2015, date à laquelle l'Arabie saoudite et ses alliés de la coalition ont lancé une guerre contre les houthis pour les empêcher de s'emparer de tout le territoire, il n'y a eu aucune perspective de négociation jusqu'à cet appel de Ali Abdallah Saleh à un cessez-le-feu et une levée du blocus, assortis d'un dialogue avec Riyadh. Bien accueilli par les Saoudiens, ce geste a provoqué la fureur de ses alliés houthis qui y ont vu une trahison et un coup de force contre leur alliance destinée à riposter à l' «agression» saoudienne. Quelques heures plus tôt, avant l'annonce de sa mort, Ali Abdallah Saleh était accusé par la télévision Al Massira, porte-voix des Ansarullah, de vouloir porter l'estocade à la rébellion, auquel cas l'Etat n'aurait d'autre issue que d' «imposer l'ordre». Pour sa part, il reprochait hier encore aux Houthis d'avoir porté la guerre à Sanaa contre son parti, le Congrès populaire général (CPG). Depuis 2012, date à laquelle Ali Abdallah Saleh a dû quitter le pouvoir après 30 ans d'exercice à cause d'importantes manifestations, le Yémen est en proie à une guerre qui a fait près de 9 000 morts et 50 000 blessés, en majorité des civils alors que sept millions survivent grâce à l'aide alimentaire d'urgence acheminée par l'ONU.