L'Office national des droits d'auteur et des droits voisins (Onda) a lancé vendredi en fin d'après-midi à Paris une opération de sensibilisation en direction de la communauté artistique algérienne établie en France afin qu'elle puisse profiter des usufruits de leur création. Le coup d'envoi de cette opération, qui va durer jusqu'au 6 avril, a été donné au cours d'une cérémonie organisée au siège de l'ambassade d'Algérie en France, en présence de l'ambassadeur, Abdelkader Mesdoua, du DG de l'Onda, Sami Bencheikh El-Hocine et d'une centaine d'artistes, musiciens, chanteurs, peintres et écrivains. L'objectif de cette initiative, comme l'a expliqué de le DG de l'Onda, est de sensibiliser, faire adhérer et permettre aux artistes et créateurs algériens résidant en France de «profiter des usufruits" de leur création». Des portes ouvertes seront organisées, à compter de samedi, au Centre culturel algérien de Paris, avec l'ouverture d'un bureau de l'office qui permettra aux auteurs et artistes d'adhérer et obtenir sur place la carte de membre. Sami Bencheikh El-Hocine a rappelé aux présents que l'office qu'il dirige est à la fois une source de revenus pour la communauté artistique, mais également un "rempart juridique" qui veille à la protection des droits d'auteurs et droits voisins, aux plans national et international. Dans ce contexte, il a indiqué que pas moins de 49 conventions ont été signées avec des «grands» pays, comme la France, l'Italie, l'Espagne, l'Allemagne, les Etats-Unis et le Canada, précisant dans le même sens que des conventions ont été également passées avec des plateformes du Net, notamment Netflix, Notify et Youtube. A cet effet, il a expliqué que cette opération en direction de la communauté artistique algérienne de France sera suivie d'une série d'activités en province pour mieux faire connaître l'Onda, rétablir un rapport de confiance, œuvrer à protéger les droits et soutenir les projets. «Nous voulons créer des passerelles avec ceux qui ont des droits à faire valoir et qui ont besoin de protection», a-t-il dit, exprimant la disponibilité de l'Onda de revoir sa façon de travailler avec les artistes et auteurs. Dans ce cadre, une rencontre professionnelle sera organisée, samedi au Cabaret sauvage de Paris, sous forme de rendez-vous convivial destiné aux acteurs culturels qui permettra d'exposer la vision que porte l'Onda en Algérie et à travers le monde. Il est à noter que cette opération de sensibilisation en ce qui concerne la protection des droits d'auteur et des droits voisins permettra également de recenser et de répertorier les créateurs algériens et leurs œuvres réalisées en France, en les inscrivant officiellement dans le répertoire de la création nationale en tant que patrimoine commun. L'ambassadeur Abdelkader Mesdoua a appelé les artistes, dans une brève allocution, à créer un réseau de la communauté artistique algérienne vivant en France, soulignant l'importance accordée par les hautes autorités du pays aux membres de la communauté nationale à l'étranger. Plusieurs artistes, accueillant favorablement cette démarche, n'ont pas manqué, au cours d'un débat, de soulever moult problèmes et questionnements liés à la protection de leurs droits en Algérie, exprimant leurs appréhensions quant au marché informel des œuvres artistiques. Le DG de l'Onda a expliqué que l'Algérie est le seul pays où les actions de protection des droits d'auteur et voisins sont soutenues par la police et la gendarmerie, indiquant qu'en 2017 environ deux millions de CD piratés (l'équivalent de 39 camions) ont été détruits. «Nous avons resserré les choses qui ont beaucoup évolué», a-t-il dit, ajoutant que de gros efforts ont été consentis pour éradiquer le piratage. «Sur le plan informatique, l'Onda a saisi 80 000 logiciels piratés et nous avons demandé à Microsoft de déposer plainte, hélas cela n'a pas été encore fait», a-t-il encore indiqué. A toute l'assistance artistique, il a demandé d'adhérer à l'Onda pour qu'un travail puisse être fait dans le cadre de la protection des droits. Bientôt une librairie algérienne à Paris Une librairie pour la vente des livres édités en Algérie sera bientôt ouverte à Paris, a également annoncé le directeur général de l'Office national des droits d'auteur et droits voisins (Onda). «Dans les deux ou trois mois ouvrira à Paris une librairie pour la vente des livres édités en Algérie. C'est un dossier ouvert par le ministère de la Culture qui est bien avancé», a-t-il répondu à la préoccupation de l'écrivain Mohand Zeggagh, auteur de deux livres liés à la guerre de libération édités en Algérie et dont il a souhaité la commercialisation en France de la production intellectuelle algérienne. L'ambassadeur d'Algérie, Abdelkader Mesdoua, a précisé pour sa part que c'est un projet qui a été discuté au niveau ministériel afin de répondre aux besoins des membres de la communauté algérienne en matière de littérature de leur pays d'origine. Ces derniers ont exprimés leur soif pour les livres édités en Algérie, notamment lors du Livre Paris ou Maghreb des livres, deux salons organisés chaque année à Paris. Beaucoup de livres d'auteurs français, édités en France, sont disponibles dans les librairies algériennes, alors que les livres d'auteurs algériens, édités en Algérie, ne sont pas vendus en France. L'ambassadeur a rendu, par ailleurs, hommage à la jeune écrivaine Kaouther Adimi qui a décidé d'éditer son dernier roman «Nos richesses» simultanément en France (Seuil) et en Algérie (Barzakh).