La djellaba pour hommes, habit traditionnel à El Bayadh, représente un symbole de l'authenticité qui fait la fierté de la population de la région. Portée par les hommes de tous âges et de différentes couches sociales, la djellaba, qui préserve du froid glacial de l'hiver dans cette wilaya où le thermomètre peut descendre jusqu'à moins zéro degré, à toute sa signification historique rappelant aux bons souvenirs des ancêtres. D'aucuns remarquent, entre hôtes de la wilaya ou autres visiteurs d'un jour, le port majestueux de cet habit d'hiver par les locaux dont la couleur marron, choisie par les tisseurs, puiserait son authenticité de la terre, mais aussi de la pure laine ovine ou du poil de chameau. Les commerçants, notamment du chef-lieu de la wilaya, rivalisent entre eux pour vendre leurs produits en insistant, à qui mieux-mieux, auprès du touriste sur la qualité de la djellaba et son coût. Toutefois, la djellaba de fabrication locale n'est plus la seule commercialisée dans la wilaya. Les marchés locaux sont achalandés de pareils habits importés de Chine et vendus à des prix très compétitifs, déplorent certains commerçants. Ces derniers trouvent que les modèles de djellabas importées affectent sérieusement le métier de tissage de ce genre de manteau local qui a tendance à disparaître progressivement. Ce legs est toutefois encore préservé dans quelques régions de la wilaya seulement, dont la localité de Brizina de par sa proximité du grand sud, en plus du nombre important de ses maquignons et éleveurs pour la fourniture de la matière première : la laine. La cherté de la djellaba locale derrière la baisse de la demande Des vendeurs justifient la baisse de la demande sur la djellaba locale, jugée de loin de meilleure qualité, par de nombreux facteurs dont sa cherté par rapport à celle importée. La djellaba locale fabriquée à base de poils de chameau purs est proposée dans les marchés d'El Bayadh entre 40.000 et 120.000 DA. Un prix que d'aucuns jugent exorbitant. Pourtant la hausse de son prix trouve son explication dans sa haute qualité, sa résistance à l'usure, mais aussi et surtout par le temps mis à son tissage qui peut prendre quelques années, selon les connaisseurs. Un autre modèle de djellaba locale tissé dans un mélange de laine et de poils de chameau est proposé entre 20.000 et 30.000 DA, alors que celui confectionné uniquement en laine est cédé entre 10.000 et 20.000 DA, soutiennent des commerçants. La djellaba importée de Chine, qui ressemble dans sa forme à la tenue locale, est vendue à des prix raisonnables entre 3.000 et 5.000 DA, sauf que sa qualité reste inférieure au produit local. En dépit de cette concurrence, la djellaba faite de poils de chameau reste très prisée et se porte dans les occasions ou encore est offerte en cadeau. Des efforts pour protéger et soutenir le métier de tissage dans la wilaya Le métier de tissage, dont celui de la djellaba, connaît une baisse sensible expliquée par l'engouement des clients pour le produit importé peu coûteux et le nombre de tisseurs professionnels va s'amenuisant, a relevé le président de la Chambre d'artisanat et des métiers d'El Bayadh, Mahmoudi Abdelkrim, qui a signalé la fermeture de l'unique usine de tissage implantée dans la wilaya existante depuis les années 70. Cette unité, a-t-il dit, avait encouragé les femmes au foyer à y contribuer en nettoyant et filant la laine. Les responsables de la Chambre d'artisanat et des métiers de la wilaya, soucieux de préserver ce métier artisanal ancestral, œuvrent à fournir l'assistance et l'aide nécessaires aux artisans dont les tisseurs au nombre de 72 inscrits à la chambre, a indiqué son directeur Amiri Hocine. «La chambre encourage ces artisans à exposer leurs produits au niveau de locaux ouverts en son sein pour leur promotion. Une convention sera signée prochainement, dans ce sens, entre la Chambre d'artisanat et une entreprise privée spécialisée dans la vente des produits d'artisanat traditionnel», a-t-il fait savoir. Dans cette optique, 30 artisans de la wilaya ont bénéficié de métiers à tisser en 2016 dans le cadre du soutien destiné au développement rural, en plus de mesures d'incitation pour la création de micro-entreprises dans ce domaine à la faveur des dispositifs d'emploi. Des responsables des secteurs de la culture et du tourisme et de l'artisanat œuvrent, de leur côté, pour préserver ce legs matériel en organisant des expositions sur l'habit traditionnel.