Le cours du pétrole a clôturé, depuis la première fois à Londres le 14 avril 2018, à 72,57 dollars le Brent et à 67,33 dollars le Wit, encore que 33% des recettes de l'Algérie proviennent du gaz naturel dont le cours fluctue entre 2,6 et 2,69 dollars le MBTU (en nette baisse par rapport à avril 2017) est déconnecté vis-à-vis du pétrole. Il existe huit raisons interdépendantes qui fixeront son cours futur soit à la hausse soit à la baisse. La première raison, sont les tensions géostratégiques au Moyen Orient notamment en Syrie, notamment avec l'attaque de la coalition USA-France-Grande Bretagne le discours du président américain vis-à-vis de l'Accord avec l'Iran, certes atténué par la position européenne.que le monde connait un froid inégalé accroissant la demande. -La deuxième raison, comme vient de le souligner le rapport de janvier 2018 de la Banque mondiale est une reprise de la croissance pour 2018, mais avec une prévision de ralentissement pour 2019 sans réformes, de l'économie mondiale en Europe, USA et notamment de la Chine et de l'Inde, mais devant être attentif aux mutations du mode de croissance. Pour le cas Algérie c'est la décision du gouvernement de relancer la dépense publique, notamment dans le Btph -infrastructures qui a fait que la BM a révisé à la hausse le taux de croissance de l'Algérie, donc une action conjoncturelle fonction des recettes de Sonatrach et de la maîtrise ou pas du financement non conventionnel.. -La troisième raison, est le respect, globalement, du quota des membres de l'Opep décidé en décembre 2016 à Vienne avec des perspectives de reconduction de l'accord, notamment de l'Arabie saoudite qui représente 33% du quota Opep, l'Opep dans sa totalité représentant 33% de la commercialisation mondiale, 67% se faisant hors Opep. La quatrième raison, est l'entente hors Opep entre l'Arabie saoudite et la Russie, ces deux pays produisant plus de 10 millions de baril/ jour. -La cinquième raison, est la situation politique en Arabie saoudite, les Bourses ne voyant pas encore clair de l'action du prince héritier dans la lutte contre la corruption, avec la crainte de tensions politiques internes, mais surtout de la vente de 5% d'actions d'une partie de la grande société Aramco, afin de maintenir l'action à un niveau élevé, vente qui a été reportée. La sixième raison, est la tension au Kurdistan, cette zone produisant environ 500 000 barils/jour, la baisse de la production vénézuélienne, les tensions en Libye et au Nigeria. -La septième raison, est la faiblesse du dollar par rapport à l'euro (1,2328 dollar un euro au 14/04/2018). -La huitième raison est la baisse des stocks américains, une baisse relative de la production US, avec une reprise annoncée durant le premier semestre 2018. En résumé, selon les observateurs internationaux, le cours souhaitable ne devrait pas dépasser 70 dollars afin d'éviter l'entrée massive du pétrole et du gaz de schiste US dont les gisements marginaux, qui sont les plus nombreux, deviennent rentables à un cours supérieur à 60 dollars, inondant ainsi le marché. L'AIE vient de faire savoir en ce mois de janvier 2018, que pour 2018, la production américaine si le cours se maintient supérieur à 60 dollars dépasserait pour la première fois la production de l'Arabie saoudite. Pour l‘Algérie, une hausse d'un dollar en moyenne annuelle procure entre 500-600 millions de dollars supplémentaires à l'Algérie soit à 60 dollars à 6 milliards de dollars/an en référence à la loi de finances établie à 50 dollars et 12 milliards de dollars si le cours en moyenne annuelle se maintient à 70 dollars permettant de limiter le financement non conventionnel. Encore comme rappelé précédemment que 33% des recettes de l'Algérie proviennent du gaz naturel. Cependant, il faut éviter à tout prix de vivre de l'illusion de la rente éternelle et penser en urgence, pour des raisons de sécurité nationale à un nouveau modèle de consommation énergétique (mix énergétique dont l'efficacité énergétique, les énergies renouvelables dont le coût a diminué de plus de 50%) et surtout à une stratégie de développement hors hydrocarbures dans le cadre des valeurs internationales, supposant de profondes réformes structurelles, le statu quo et l'immobilisme conduisant forcément à la cessation de paiement horizon 2020 - 2022. Il y a urgence pour l'Algérie d'avoir un nouveau projet de société économique et social fonction d'une nouvelle gouvernance fondée sur le dialogue permanent, de nouvelles intermédiations sociales et politiques favorisant le dialogue productif, afin d'éviter qu'en cas de malaise social les services de sécurité se trouvent confrontés directement à la population. Ce nouveau projet de société où le Politique, l'Economique, le Culturel et le Social sont inextricablement liés, devant éviter toute vision linéaire, devra être caractérisé par l'action de l'Etat à travers son devoir à la fois d'efficacité économique et d'équité sociale. La philosophie de base qui devra soutenir ce projet est cette devise: «ni dirigisme ni libéralisme absolu». Il y a lieu d'éviter de verser gratuitement dans la sinistrose, mais également dans l'autosatisfaction.