Le souci de préserver le patrimoine filmique algérien est désormais une priorité qui montre les objectifs de l'absolue nécessite de sauver de la disparition des pans entiers de notre production filmique qui va sur plus de 80 ans de création. L'ancêtre du film algérien s'avère être « Les portes du désert » qui date de 1938 et le désormais célèbre «Plongeurs du désert» «Ghetassine essahra» avec un certain Momo sur une œuvre réalisée par Tahar Hannache. Un atelier de travail, de discussions et d'échanges basés sur les recommandations et les actes du colloque déjà réalisé à Alger du 13 au 15 octobre 2017 autour de « la préservation du patrimoine filmique » a réuni des personnalités nationales et internationales avec des directeurs de cinémathèques, des cinéastes, des chercheurs, des journalistes. Ce colloque riche en débat a mis en exergue cette richesse insoupçonnée du patrimoine filmique siégeant sous nos cieux au sein de la Cinémathèque algérienne qui est devenue aujourd'hui le CAC (Centre algérien du cinéma), et aussi au Centre national des archives (Les Vergers), au Centre de recherche historique du ministère des Moudjahidine, au CNCA (Centre national du cinéma), à la télévision publique, avec aussi une option spéciale dédiée au Centre des archives audiovisuelles de l'Armée nationale populaire. Après une allocution de Monsieur Azeddine Mihoubi, ministre de la Culture, le «La » a été donné pour cet atelier professionnel qui s'est inscrit sur la base de recommandations et des nombreux travaux réalisés lors de ce colloque qu'un atelier de travail et de discussion a réuni tous ces partenaires réunis autour du film en compagnie du CADC, de représentants du ministère de la formation professionnelle, du ministère de la Fonction publique et de la Réforme administrative, avec donc des spécialistes du secteur, le ministère de la Culture, les experts, menés par Monsieur Ahmed Bedjaoui, expert consultant et président de la commission de lecture Fdatic et de Madame Zahia Bencheikh, directrice de la promotion et du développement des arts au sein du ministère de la Culture. Un atelier donc ancré dans la thématique de la « Mutualisation des moyens intersectoriels pour la préservation des archives filmées ». En ce 30 avril 2018 de 10h à 16h, cette riche journée a créé donc son lot d'émotions par un hommage filmé, dédié au sieur Lyès Meziani, et réalisé par Omar et Mahmoud Meziani, amis de longue date du défunt, parti il y a quelques jours vers un monde meilleur. Lyès Meziani a été un travailleur infatigable des archives algériennes filmiques, il a été partenaire de préservation de nombreux documents relatifs au film algérien, scénographe, documentariste, photographe, il est un pan important de cette culture filmique algérienne qui mérite tous les hommages. Pour cet atelier donc un topo complet a été présenté par deux membres de l'INA de Paris, Mr Eric Dubois et Madame Agnès Magnien qui ont présenté des notes et des images sur le travail fourni pour le plan de préservation des archives filmiques à tous les niveaux de la formation qu'ils ont prodigués à de nombreux techniciens et techniciennes algériennes dans tous les secteurs concernés ainsi que des perspectives structurelles concernant le futur centre des archives filmiques de Tipasa qui sera efficacement réhabilité pour accueillir comme il se doit ces archives d'une richesse mémorielle et patrimoniale absolue. On notera que suite à ces travaux de réhabilitation, de conservation des trésors algériens ont été retrouvés ici, en Allemagne, en France, en Suisse, notamment « La nouba des femmes du Chenoua » d'Assia Djebbar, « Les portes du désert » de Tahar Hannache, la préservation de « Tahya ya Didou » de Mohamed Zinet, présenté à la Berlinale et au prochain Corner algérien de Cannes... Dans cet atelier, beaucoup d'interventions notamment de Lyès Semiane, directeur du CAC avec un topo et des chiffres précis concernant les films, photos et affiches détenus par sa structure, il a aussi émis les besoins, les perspectives et actions en vue d'aller vers une préservation efficiente de son patrimoine. Chahinez Mohammedi, directrice du CADC qui est aussi en route vers une nouvelle tradition d'archivage, notamment de prévention puisque le CADC vient d'hériter des archives de l'AARC, les deux seront suivis du sieur Mourad Chouihi, directeur du CNCA aussi intéressé par cette mutualisation. Madame Leïla Haoues, directrice des archives de l'EPTV a aussi émis un excellent exposé, très détaillé sur les archives télévisées qui sont aussi essentielles à l'Histoire de l'Algérie contemporaine que l'air que nous respirons. L'institution militaire n'a pas été en reste, représentée par le Colonel Djamel Benattia, qui a prononcé un laïus insistant sur le fait que ces archives sont fondamentales et que l'institution militaire est aussi un élément essentiel de la préservation des archives filmées et du fond mémoriel algérien par rapport à l'histoire de l'Algérie. Un documentaire signé par la journaliste-chercheure Samia Azzi en compagnie du documentariste Ahmed Ayadi de l'EPTV qui ont réalisé un très efficient 52 sur les reportages, documentaires qui ont une valeur d'archives après leur réalisation. Une politique nationale en faveur de la préservation du patrimoine national est donc préconisée avec une feuille de route à court, moyen et à long terme avec une politique accrue de formation. Le débat avec Madame Akkak, directrice de l'ISMAS a été à ce niveau très enrichissant avec l'aval de ministères concernés de voir ou de revoir les nomenclatures de certains métiers à valoriser pour garder les cadres formés dans le secteur et ne pas avoir de déperdition avec une efficacité de la formation par l'envoi de formateurs dans les lieux où ils auront le loisir d'apprendre et de « contaminer »positivement les futurs techniciens algériens en préservation et conservation de films selon les normes universelles théoriques et techniques en vigueur. De nombreux débats porteurs, de nombreuses questions et enfin une pensée multisectorielle, puis systémique pour apprendre le travail collectif, l'intelligence partagée pour des objectifs communs qui seront suivis d'assises plus importantes pour entériner cette volonté protéiforme de faire avancer les choses dans le secteur. Une bonne perspective qui une fois n'est pas coutume commence à montrer ses bourgeons.