Organisé par le ministère de la Culture, en collaboration avec le Programme d'appui de l'UE, la Bibliothèque nationale d'Algérie a abrité, les 14 et 15 octobre, un colloque international ayant pour thème : «La mémoire des films : préserver le patrimoine cinématographique». Durant ces deux jours riches en conférences, ateliers et débats, des spécialistes algériens et étrangers sont venus échanger leurs expériences relatives à la préservation et au stockage des archives filmiques. Zahia Bencheikh, directrice du développement et de la promotion des arts, a préconisé l'urgence de finaliser le projet de stockage des archives filmiques. Elle a indiqué qu'il existe 15 000 titres de films au niveau de la Cinémathèque algérienne et 1000 titres de films au niveau du CNCA (Centre national de cinéma et de l'audiovisuel). Tous les films assez bien conservés existants au niveau du CNCA ont été, rappelons-le, récupérés des entreprises qui ont été dissoutes en 1998. Pour notre interlocutrice, le problème se pose au niveau de la Cinémathèque algérienne, où les films sont stockés dans des conditions catastrophiques. Auparavant, il existait quatre endroits où étaient stockés ces films, dans des conditions d'humidité très fortes. «Il est impératif, dit-elle, d'améliorer les conditions de conservation. Le projet confié à l'Agence de réalisation des grands projets culturels (ARPC), permettra la conservation des copies de 35 mm, ainsi que de celles copies nitrate hautement inflammables» dans de bonnes conditions. A l'issue d'une phase d'identification et de diagnostic de l'état physique des archives cinématographiques en 16 et 35 mm, des experts étrangers ont été mobilisés dans le cadre du programme Patrimoine, accompagnant la Cinémathèque Algérienne, pour la mise en œuvre d'un programme de conservation et de valorisation du patrimoine cinématographique (films et documents iconographiques). A titre d'exemple, l'unique bobine originale de l'emblématique film Tahya ya Didou a été restaurée et numérisée. De son côté, une représentante des archives nationales est revenue sur l'expérience des archives audiovisuelles. Elle souligne que la conservation des documents se fait généralement sur support papier, et ce, faute de moyens humains spécialisés dans le domaine de l'audiovisuel, de locaux adéquats et de matériels techniques. «La conservation et le traitement, dit-elle, devient dès lors pour nous véritable casse-tête qu'il importe de solutionner rapidement. Pour nous les archivistes, il s'agit de documents complexes, d'une part du point de vue juridique, et du point de vue traitement archivistique. Toutes ces questions ne sont pas balisées par une législation claire dans notre milieu. Face aux enjeux majeurs, nous avons demandé, la plupart du temps, la collaboration et l'aide des entreprises spécialisées, telles que l'ENTV et le centre de l'audiovisuel de l'armée, afin de résoudre les différentes problématiques». Pour les archives nationales, il s'agit d'atteindre plusieurs objectifs, dont, entre autres, l'accessibilité à une formation ciblée dans le domaine de l'audiovisuel, se doter de façon urgente d'une logistique permettant la migration des données audiovisuelles sur d'autres supports électroniques performants, conserver et sauvegarder les originaux. Il est noter que jusqu'à fin décembre 2017, le public est convié à un cycle de projections de dix films algériens restaurés, dans sept villes du pays, à savoir Alger, Oran, Saïda, Mascara, Constantine, Annaba et Béjaïa, en collaboration avec le Centre national de la cinématographie et de l'audiovisuel (CNCA) et le Centre algérien de la cinématographie (Cinémathèque algérienne).