Les services spécialisés de l'Institut Pasteur d'Algérie (IPA) ont tiré, hier lundi, à Alger, la sonnette d'alarme s'agissant de la propagation du moustique-tigre qui constitue, estiment-ils, une réelle menace pour les wilayas du littoral algérien et les zones humides. «Les larves de ce moustique, dont le nom scientifique est Aedes albopictus, se développent essentiellement dans des gîtes larvaires produits par les habitants eux-mêmes, tels que les récipients, ustensiles, pneus usagés, abandonnés et contenant de l'eau», indiquent-ils. Une large campagne d'information et de sensibilisation à travers les différents médias, en direction de la population suite à l'apparition du moustique tigre, réceptif au virus du Chikungunya, de la Dengue et du Zika, a été lancée, poursuivent-ils, rappelant que celle-ci se poursuivra les semaines qui viennent. «Les traitements insecticides, dits de confort, préconisés pour réduire la nuisance, ne doivent pas être réalisés à long terme car ils peuvent causer une résistance aux insecticides utilisés», préviennent-ils. Tout en assurant que le contrôle de la densité de ce moustique est faisable et qu'il suffit, pour cela, d'une large sensibilisation de la population, ces mêmes services spécialisés de l'IPA rappellent que la surveillance entomologique à l'aide de pièges pondoirs pour détecter les œufs du moustique, sera poursuivie afin, indiquent-ils, de suivre les densités de ce moustique au niveau des zones colonisées et, également, pour évaluer l'impact de la démoustication. «En cas d'un diagnostic positif du virus de la dengue, du chikungunya ou du Zika, un traitement par thermo-nébulisation à l'aide de Deltamethrine doit être immédiatement réalisé», recommandent-ils. La présence d'Aedes albopictus, communément appelé moustique tigre, une espèce introduite en Europe dans les années 1990 et qui ne cesse de se propager d'un pays à l'autre, rappelle-t-on, a été signalée depuis son apparition en Algérie en 2010 dans quatre wilayas, à savoir, Tizi Ouzou, Oran, Alger et Jijel. «Le moustique tigre prolifère en zone urbaine, s'adapte facilement aux différents biotopes et ses œufs résistent longtemps à la dessiccation, c'est-à-dire l'action de dessécher le milieu dans lequel ils se trouvent», observe-t-on de même source. En Algérie, la présence fortuite du moustique tigre a été signalée pour la première fois, en juin 2010, à Larbaa-Nath-Iraten, dans la wilaya de Tizi Ouzou, a-t-on ajouté encore. «Un seul spécimen avait été capturé. Depuis, aucune activité de ce moustique n'a été signalée dans la région», selon la même source. En décembre 2015, suite à des plaintes des habitants d'une forte nuisance occasionnée par les moustiques, durant l'été, les entomologistes de l'IPA avaient confirmé l'introduction de cette espèce à Ain Turk (Oran). En juillet 2016, une forte nuisance du moustique tigre avait été, ensuite, signalée à Alger par des habitants du quartier Zonka, entre Birkhadem et Ain Naadja. «La prospection entomologique avait confirmé la présence d'Aedes albopictus à tous les stades de son développement (œufs, larves et adultes)», indique-t-on encore, rappelant que les opérations de démoustication avaient été lancées par Hurbal (l'établissement en charge de l'hygiène urbaine et de la protection de l'environnement dans la wilaya d'Alger), et se sont poursuivies jusqu'à la disparition du moustique. En août 2017, cet insecte a été signalé au quartier Vieux Kouba où des habitants se sont plaints de piqûres particulières de moustiques. «Une enquête entomologique avait été réalisée afin d'identifier l'espèce. Les captures avaient montré la présence d'Aedes albopictus avec une densité élevée à tous les stades de son développement».