La culture algérienne poursuit sa convalescence, en espérant un retour de manivelle pour sa réhabilitation. Merzak Allouache vient en avant-première de présenter sa dernière production «Vent divin», à Toronto. Comble d'ironie, ce long métrage de fiction de 93 minutes, a été tourné en noir et blanc, comme dans les années 20, à l'époque du cinéma muet. C'était avant l'invention du déroulement de l'action en 24 images secondes et la création du cinéma parlant, qui mettra des années à être mis au point par les ingénieurs qui vont simultanément enregistrer l'image et le son. Comme on n'arrête pas le progrès, il est aujourd'hui possible de filmer conjointement avec un Smartphone de poche, des scènes qui ne perdent rien de la réalité immortalisée en images. Donc, Merzak Allouache parvient à faire mouvoir son dernier tour de manivelle, il y a à peine un mois, pour plier sa réalisation de « Vent divin », qui a été sélectionné pour être présenté au Festival international du film de Toronto, au Canada. Une compétition qui se déroulera du 6 au 16 septembre prochain. « Créé en 1976 par une association culturelle, le Festival international du film de Toronto, une manifestation non compétitive, est reconnue comme un des évènements cinématographique majeurs dans le monde au vu de la fréquentation du public et des professionnels du cinéma qui s'y retrouvent » dans le but, selon toute vraisemblance, d'échanger leurs expériences sur une profession qui perd de sa superbe, surtout dans les pays en voie de développement. Comme tout un chacun le sait, le cinéma, c'est avant tout, une histoire de gros sous, et un business à vocation commerciale, qui ne peut prospérer sans producteurs, sans spectateurs, et bien entendu sans salles cinématographiques. Si Merzak Allouache à choisi de revenir au noir et blanc, et apparemment vers un mode d'expression théâtrale ne nécessitant pas de mouvements extérieurs, trop onéreux à mettre en place, c'est certainement faute d'un budget cohérent avec les exigences de sa production. Un film en noir et blanc en avant-première à Toronto pour représenter le cinéma algérien, est un revers sérieux d'un art qui a réalisé des performances mondiales, à une époque où l'Algérie n'était pourtant pas riche. A titre indicatif, l'APS note que l'auteur de «Omar Gatlatou», a été présenté au Festival de Cannes en 1976 et que Merzak est un habitué de la prestigieuse manifestation à laquelle il participe régulièrement, depuis. Plus récemment, le cinéaste a réalisé «Les terrasses» (2013), «Madame courage» (2015) et «Enquête au paradis» (film documentaire 2016), sélectionnés dans des festivals comme la Mostra de Venise, la Berlinale et autres manifestations cinématographiques à travers le monde. Toronto se substitue à Alger pour les projections. Rien d'anormal, puisque les salles de cinéma de la capitale sont closes. Comme symbole à cette descente aux enfers des cinéastes, le cinéma «l'Afrique» qui a été rénové entre 2007 et 2012 à coups de milliards par l'argent du contribuable, reste toujours fermé par l'APC. En vitrine, une affiche placardée mentionne les noms des défunts artistes algériens, à qui il est demandé de rendre hommage. Le martyre de la gent culturelle est toujours d'actualité.