A l'heure où Annaba étouffe littéralement avec des activités socio économiques qui sont principalement concentrées sur son territoire; à l'heure où la spéculation foncière fait rage sur ce même territoire où le mètre carré coûte les yeux de la tête; à l'heure où des dizaines de milliers de foyers désespèrent de trouver un logement, où le déficit est de 125.000 logements, et, où circuler dans la commune chef-lieu de wilaya est cauchemardesque, il était en effet plus que judicieux de construire un nouveau «Pôle urbain». Cela a été entamé dés 2015. Ce qui, quelques années plus tard, a donné la série d'opérations d'attributions de logements tous segments confondus. Elles se poursuivent encore sous l'impulsion du wali Mohamed Salamani qui maîtrise bien la situation y compris celle de l'avancement des chantiers. La toute dernière attribution est intervenue ces dernières 72 heures au pôle urbain de Draâ Errich. On nous a laissé entendre qu'indépendamment de l'entame de la 2ème tranche de construction des 46.000 logements, plusieurs centaines de logements ont été attribués à un même nombre de familles. Il s'agit d'un quota parmi tant d'autres tirés sur un lot de 7.000 logements sociaux locatifs (LSL). D'autres quotas du même segment devront suivre d'ici la fin de l'année 2018 pour atteindre plus de 11.000 unités. Elles sont appelées à faire le bonheur des familles issus des différents bidonvilles. Recensées depuis des années, elles attendaient stoïquement dans des conditions de vie inhumaines leur tour dans les unes ou les autres des 12 communes. Principalement celles du chef-lieu, El Bouni, El Eulma, Chorfa, El Hadjar… La réalisation de milliers de logements à Kalitoussa et 7000 au pôle Urbain de Draâ Errich (à Oued El Aneb) a donné un plus aux aspirations des autorités à recaser autant que faire se peut, le maximum de familles. D'où l'émergence d'un programme global de 46.000 unités entre logements sociaux, LSP, AADL et autre. Il avait été lancé en 2010 sous l'impulsion du wali de l'époque Med Ghazi sous l'appellation «pôle urbain de Draâ Errich». Ce pôle favorisera la mixité sociale dans la mesure où cette gamme d'habitations brassera large allant de l'habitat social au grand standing en passant par les logements de catégorie intermédiaire. Le projet des responsables de réaliser le pôle urbain Draa Erich, aux portes de la commune chef-lieu de wilaya Annaba, a été qualifié de futuriste, avec des tours, un centre international des établissements scolaires des trois paliers. Il prévoit un centre hospitalier universitaire, une université, des dizaines d'établissements scolaires, des locaux commerciaux, de sureté urbaine et de gendarmerie nationale. Ils n'attendent que leurs équipements. L'alimentation électrique/gaz et celle de l'eau potable sont déjà fonctionnelles. Les autres chantiers ne sont pas en reste, à commencer par le secteur de l'urbanisme. La réalisation de différents réseaux nécessaires au fonctionnement d'une cité moderne bat son plein. Il a nécessité jusqu'à présent la consommation de milliards de dinars représentant seulement la première tranche du programme, Celui des travaux publics est à cheval par rapport au cahier des charges qui lui a été confié pour la construction de la nouvelle ville de Draâ Errich. Il reste néanmoins à signaler que ces deux projets ont été réalisés sur des terres agricoles qui nourrissaient Annaba et sa région en légumes et fruits. L'immobilier valant de l'or même à la périphérie d'Annaba, Berrahal, Aïn Berda, El Hadjar… quand on en dispose, il n'est pas difficile de trouver des prometteurs immobiliers chinois, turcs, tunisiens, espagnols se faisant pompeusement appeler «développeurs immobiliers» pour construire des logements de diverses catégories. L'Etat algérien leur a donné non seulement gratuitement des dizaines d'hectares à chacun, il est également prévu qu'il prenne en charge les aménagements primaires, les voieries et réseaux divers (VRD). Parmi ces promoteurs immobiliers, il y a les groupes chinois présentés comme spécialistes d'aménagement de pôles urbains. Ces groupes ont bénéficié de plusieurs centaines d'hectares sur lesquels ils devaient, en parallèle avec le groupe algérien «ConstrubEst» construire plus de 46.000 logements en quatre phases et sur une durée de six à huit ans. Depuis sa création, le groupe «ConstrubEst» a fait de la mixité dans les réalisations des terrains viabilisés, les villas économiques, les villas moyen ou grand standing, des logements sociaux, aidés. En tout, ces deux dernières décennies, ce groupe a construit des milliers de logements et a viabilisé des centaines d'hectares. En quoi les chinois et autres étrangers sont-ils plus performants que ConstrubEst ? Si ce dernier a été freiné dans son expansion, c'est tout simplement parce qu'il ne dispose plus de terrains à bâtir. Plus exactement, depuis 2015, pas un seul lopin de terre ne lui a été octroyé par l'Etat. A vrai dire, beaucoup d'experts interrogés ont du mal à comprendre cette logique singulière des années 2010 consistant à offrir des hectares de terrains à des groupes chinois du bâtiment pour faire ce que les sociétés algériennes sont en mesure de réaliser dans de meilleures conditions si elles avaient été soutenues. Certes, à côté de ces groupes étrangers, on a donné quelques superficies à des privés nationaux choisis sur on ne sait quelles bases et dont les références en matière de promotion immobilière sont plus que douteuses. A ceux-là aussi on a donné généreusement du foncier tandis que la majorité des promoteurs privés était laissée en rade.