Très agité par deux événements qui auraient pu être classés dans les faits divers –affaire de la cocaïne saisie à Oran et cas de choléras dans l'Algérois- mais qu'il a été impossible de dissocier du contexte national, l'été, habituellement riche en «sorties» des ténors des partis, à la faveur de leurs « universités d'été», fait place à la rentrée, en laissant l'impression d'une pauvreté surprenante en matière politique, alors que l'échéance de l'élection présidentielle a tout pour stimuler le débat. Dans la classe politique, seule l'initiative du président du Mouvement de la société pour la paix (MSP), Abderrazak Makri, est sorti du lot. Il avait annoncé d'ailleurs la couleur, mi mai déjà, dès sa première conférence de presse après sa réélection à la tête du MSP, en évoquant le projet de son parti d'entamer de larges contacts avec l'ensemble des forces nationales pour parvenir au consensus national, y compris avec le pourvoir, "sans lequel il ne peut être réalisé", avait-il précisé. On saura par la suite que le MSP avait à l'esprit une proposition d'«un consensus national et d'une transition politique», sous l'égide de l'Armée, comme l'ont vite noté les médias. Dans ce cadre, Abderrezak Makri, a rencontré, le 24 juillet le secrétaire général du Front de libération nationale (FLN), Djamel Ould Abbès, qui a émis, pour le moins, des réserves sur ce projet. Ce dialogue politique initié par le MSP pour expliquer son initiative s'est poursuivi dimanche 29 juillet par la rencontre entre Abderrezak Makri et le Secrétaire général du Rassemblement national démocratique (RND), Ahmed Ouyahia. Au terme de cette rencontre, un communiqué du RND a fait connaître le rejet par ce parti du projet de consensus national présenté par le MSP. Pour le RND, le débat politique doit viser à «dégager les bases d'un consensus autour d'une économie sociale de marché garantissant l'efficacité économique au profit de toute la Nation et garantissant aussi la justice sociale au bénéfice des citoyens défavorisés». En plus des dirigeants du FLN et du RND, Abderrezak Makri a rencontré Amara Benyounès du MPA, Ali Benflis de Talaie El Hourriyet, Mohamed Hadj Djilani du FFS. Du côté de la majorité présidentielle, le Secrétaire général du parti du FLN, Djamel Ould Abbès, est particulièrement actif. Il est intervenu lundi lors d'une conférence de presse à l'issue des travaux du bureau politique du parti, pour signifier que "face aux défis et agitations politiciennes que connait le pays, il est impératif d'ériger ce front populaire auquel a appelé le président Bouteflika pour préserver les acquis réalisés depuis l'indépendance, notamment durant les 20 dernières années, à l'instar de la stabilité, de la paix et de la quiétude". Djamel Ould Abbès fait référence au message du président Bouteflika à l'occasion de la Journée nationale du Moudjahid (20 août) appelant à édifier "un front populaire solide pour garantir la stabilité de l'Algérie face à toutes les manœuvres internes et menaces externes", mettant en garde contre "les crises extérieures qui se jouent à nos frontières et qui sont porteuses de dangers du terrorisme abject et des réseaux du crime organisé". Selon Djamel Ould Abbès, "26 partis et organisations ont pris contact avec le FLN concernant cette initiative de Front uni". Indéniablement, les changements apportés à la tête de structures de l'armée, constituent le fait majeur qui, sans être foncièrement politique, marque l'été de cette année.