Au lieu de s'enfermer dans des querelles stériles, nos responsables doivent se poser la question suivante : que sera l'Algérie de 2020/2060 afin d'éviter sa marginalisation en ce monde turbulent et instable qui devrait connaitre d'importants bouleversements géostratégiques tant dans le domaine économique, politique, sociale, militaire et sécuritaire ? Concernant le processus inflationniste où le pouvoir d'achat du citoyen est fonction du taux d'inflation et de son modèle de consommation qui est historiquement daté, 2018 n'ayant pas le même modèle de consommation des années 1970/1980, objet de cette présente contribution, nos responsables enfermés dans des bureaux climatisés devraient faire le marché en tant que simples citoyens, pour s'enquérir des prix réels, sans protocole afin d'être proche à la fois du simple citoyen et de la réalité et éviter des actions conjoncturelles qui amplifiant les problèmes à terme. 1- Le taux d'inflation, l'indice se calcule par rapport à la période précédente. Ainsi un taux d'inflation faible en T1 par rapport à un taux d'inflation élevé par rapport à To donne cumulé un taux d'inflation élevé et se pose la question de l'évolution du salaire réel par rapport à ce taux cumulé. Le taux officiel est le suivant entre 2012/2021 en espérant que l'ONS et les pouvoirs publics puissent réactualiser la composante de ce indice, largement dépassé : -4,5% en 2012, -8,9% en 2013, -2,92% en 2014, -4,78% en 2015, -6,40% en 2016, -5,59% en 2017 -4,6% jusqu'à juin 2018. -4.5% en 2019/ (avant projet de loi de finances 2019) -3.9% en 2020(avant projet de loi de finances 2019) -3.5% en 2021(avant projet de loi de finances 2019) Par contre selon le FMI (rapport d'octobre 2019), le taux d'inflation de l'Algérie devrait s'établir à 6,5% en 2018 et devrait continuer d'augmenter en 2019 à un taux de 6,7% en 2019, les ondes de chocs importants du financement non conventionnel étant prévus entre 2020/2021. L'avant projet de loi e finances 2019 est établi sur la base d'un baril de pétrole brut à 50 dollars US et un taux de change de 118 dinars algériens pour un dollars US, contre 115 pour 2018, un taux de croissance de l'économie nationale de 2.6% pour l'année 2019 (3.4% en 2020 et 3.2% en 2021) Dans son rapport d ‘octobre 2018, le FMI table sur un taux de croissance du Produit intérieur brut réel (PIB réel) de l'Algérie de 1,7% en 2017, de 2,5% en 2018, contre l'ordre 3% dans son rapport publié en avril 2018 et prévoit un taux de croissance de 2,7% en 2019, et de 0,5% en 2023. Le taux de chômage, qui s'était établi à 11,7% en 2017, devrait diminuer très légèrement en 2018 pour s'établir à 11,6% avant de passer à 12.3% de chômage en 2019 Cependant l'indice global du taux d'inflation (idem pour le taux de chômage et du PIB) voile disparités et les besoin sont historiquement datés, les besoins évoluant. Le taux d'inflation officiel est biaisé, devant l'éclater par produits selon le modèle de consommation par couches sociales (fonction de la stratification du revenu national), étant surcroît comprimé artificiellement par les subventions, sinon il dépasserait les 10%. 2- Le pouvoir d'achat du citoyen est fonction du taux d'inflation et de son modèle de consommation qui est historiquement daté, nos jeunes de 2018 (téléphone portable, internet ect…) n'ayant pas le même modèle de consommation des années 1970/1980. Etant non plus à l'ère de la matérialité à 100% et avec une tendance vers l'immatérialité.qui bouleverse tant les organisations étatiques, des entreprises, nos comportements. Même pour les produits de premières nécessités, contrairement à certaines déclarations euphoriques, la majorité des prix ont fortement augmenté: les fruits, tomate, poivron, haricot, salade, et même la pomme de terre. Quant aux viandes le prix du poulet a grimpé ainsi que celle de la viande de mouton variant entre 1500/1800 dinars le kg selon les marchés 'et la nature de la viande, le foi dépassant largement les 2000 dinars le kg. Pour le poisson frais n'en parlons pas. Il n'est pas à la disposition des petites bourses, dépassant pour certaines espèces les 1000/1500 dinars le kg. Reconnaissons également une frénésie de la demande ce qui accroit les tensions inflationnistes. Quant aux produits importés, avec le dérapage du dinar étant passé officiellement de 115 dinars un euro à près de 140 dinars un euro, près de 210 dinars sur le marché parallèle, pour les biens non subventionnés, l'accroissement des prix varie de 30% à 50% en une année. Pour les produits interdits à l'importation, biens durables et non durables, on les trouve sur le marché parallèle avec une augmentation variant de 50% à 100% du fait de la faiblesse de la production interne. Il faut reconnaitre une amélioration de la production agricole, certes variable selon le taux de pluviométrie, d'année en année. Il faut éviter des comparaisons hasardeuses, comme ce slogan dépassé «l'Algérie grenier de l'Europe». L'Algérie est un pays semi aride et je me félicite des investissements colossaux dans l'hydraulique réalisé par les pouvoirs publics, surtout entre 2000/2017. Car selon les rapports de l'ONU, une sécheresse devrait frapper l'Afrique du Nord entre 2020/2025 avec des incidences négatives sur la production agricole et avec des déplacements de population. Par ailleurs il faut tenir compte de la pression démographique. La population algérienne a évoluée ainsi : 1950 8,87 millions d'habitants - 1960 11,27, - 1970 14,69, - 1980 19,47, - 1990 26,24, - 2010 à 37,06 - au 1er janvier 2016, 40,61 - au 1er janvier 2017, 41,3 - au 1er janvier 2018, 42,4 millions d'habitants Les chiffres donnés par l'ONS (Office national des Statistiques) sur les prévisions de l'évolution de la population algérienne d'ici 2030 serait de 51,026 millions. Cette évolution a été accompagnée par le modèle de consommation qui a profondément changé,devant éviter d'assimiler l'algérien à un tube digestif, ce qui accroit la demande : emplois- alimentations, logements, services divers ect… Qui est condamnable, le consommateur ou le commerçant de cette situation inflationniste ? Il ne faut pas se tromper de cibles devant éviter la confusion de l'essence du mal et les apparences. L'Algérie souffre d'une faiblesse de productivité globale des facteurs, de la non adéquation entre la dépense publique et le niveau de taux de croissance donc de la faiblesse de la production hors hydrocarbures où en ce mois d'octobre 2018, environ 97/98% des recettes en devises proviennent directement et indirectement des hydrocarbures. Car le processus inflationniste résulte de bon nombre de facteurs interdépendants internes : politique monétaire, fiscale dont les taxes, l' importance de la sphère informelle qui contrôle les réseaux de distribution et de facteurs externes pour les produits importés (taux de change, niveau des prix au niveau des marchés internationaux). Le grand défi de l'Algérie est de réaliser la transition d'une économie de rente à une économie hors hydrocarbures s'adaptant aux nouvelles mutations mondiales. Cela implique de profondes réformes structurelles donnant le primat à l'entreprise publique et privée sans aucune distinction supposant l'amélioration du climat des affaires et surtout au fondement du développement du XXIème siècle qui sera fondée sur l'économie de la connaissance. (A suivre) Professeur des Universités, expert international Dr Abderrahmane Mebtoul