Le médecin-chef du service de médecine légale du Centre hospitalo-universitaire (CHU) Nédir-Mohamed de Tizi Ouzou, le professeur Brahim Boulassel, a mis en avant la responsabilité, personnelle, de l'anesthésiste dans la prise en charge du malade au cours de la période pré, per et postopératoire. «L'anesthésiste assume avant, pendant et après l'intervention chirurgicale des responsabilités personnelles», a-t-il indiqué. S'exprimant lors des XXIVes journées médico-chirurgicales du Centre hospitalo-universitaire Nédir-Mohamed de Tizi Ouzou, le Pr Boulassel a fait cas de graves lacunes dans l'examen préopératoire, d'un accident transfusionnel par erreur de groupage et d'un défaut de surveillance postopératoire. «Le médecin anesthésiste a pour mission d'assurer l'endormissement de l'opéré pour permettre au chirurgien l'exécution de l'acte opératoire, de veiller à sa sécurité pendant toute l'opération, et enfin, de le suivre et de l'assister jusqu'à son retour à une pleine conscience», a-t-il relevé. Tout en rappelant la place, importante, de l'anesthésiste au sein de l'équipe chirurgicale, le médecin-chef du service de médecine légale, du CHU Nédir Mohamed de Tizi Ouzou a estimé que chaque médecin au sein de cette équipe est responsable des fautes qu'il a personnellement commises. «Le manque d'organisation, au même titre que la faute, engage la responsabilité médicale de l'équipe chirurgicale», a-t-il dit, soulignant l'importance d'une étroite collaboration au sein de l'équipe chirurgicale pour l'intérêt du patient. Dans sa communication intitulée «la responsabilité médicale de l'anesthésiste-réanimateur», le Pr Boulassel a sérié les hypothèses dans lesquelles la responsabilité, civile ou pénale, du médecin anesthésiste est engagée. Citant, entre autres, la faute technique individuelle et celle du fait d'autrui, du fait matériel et du fait personnel. Le médecin anesthésiste peut, a-t-il poursuivi, répondre du fait d'un produit ou d'un instrument médical défectueux qu'il utilise. L'intervenant a également fait cas de la responsabilité, administrative, de l'anesthésiste, engagée, a-t-il observé, dans le cas où le patient apporte la preuve de la faute commise. «Le malade peut agir directement contre l'anesthésiste pour peu que son action soit fondée sur le terrain délictuel. L'anesthésiste peut se voir condamner lorsque le patient peut apporter la preuve du manquement du praticien à ses obligations contractuelles», a-t-il poursuivi encore. Dans certaines circonstances, a ajouté le Pr Boulassel, l'anesthésiste-réanimateur peut être poursuivi dans les tribunaux répressifs pour violation des articles du code pénal réprimant les coups et blessures, ainsi que les homicides involontaires. Il peut être également poursuivi pour violation des articles contenus dans la loi sanitaire et le code pénal réprimant les infractions, telles le secret médical, l'avortement criminel, le faux certificat et la non-assistance à une personne en péril. «Le magistrat peut retenir plusieurs négligences contre le médecin anesthésiste», a-t-il dit. L'anesthésiste-réanimateur est, comme tout médecin, tenu au respect des règles déontologiques. «Tout manquement à ces règles engage sa responsabilité disciplinaire avec des sanctions qui peuvent être un avertissement, un blâme ou une interdiction d'exercer la profession», a conclu le Pr Boulassel.