Une grève générale de la Fonction publique, observée jeudi en Tunisie et décrétée par la Centrale syndicale pour des revendications salariales, est considérée par des observateurs de la scène politique tunisienne comme «néfaste» pour la situation économique du pays à l'approche des échéances électorales. Le porte-parole du ministère de l'Intérieur, Sofiène Zaag, a indiqué, jeudi, que le département a pris toutes les dispositions nécessaires pour sécuriser les mouvements de protestation organisés à l'occasion de cette grève. Le taux de réussite de la grève, observée depuis la matinée, est estimé à 95 pc, a indiqué dans une déclaration à l'agence TAP Monem Amira, secrétaire général adjoint de l'UGTT chargé de la fonction publique. Une importante affluence des centaines d'employés de la fonction publique a été enregistrée à la place de Bardo depuis 9h du matin, avec le déploiement d'un important dispositif sécuritaire, a notamment constaté une correspondante de l'agence. Les grévistes ont scandé des slogans appelant au droit à l'augmentation salariale et protestant contre le «refus» du gouvernement de procéder à une amélioration du pouvoir d'achat des employés. «Dignité, liberté, et justice professionnelle», «Rassemblés pour défendre le pouvoir d'achat et le secteur de la santé publique» et «La Tunisie n'est pas à vendre», étaient parmi les banderoles brandies par les grévistes, rapportent les médias locaux. Dans le secteur de l'éducation, la Fédération Générale de l'Enseignement secondaire tunisienne a dénoncé une décision des ministères de l'Education et de l'Enseignement Supérieur de suspendre, jeudi, les cours suite à la grève générale dans la fonction publique, la qualifiant de «pratique provocatrice héritée de l'ancien régime déchu». «Cette décision tend à perturber la grève qui sera, également, observée et soutenue par le secteur de l'enseignement secondaire», souligne la fédération, ajoutant que de telles pratiques privent les enseignants de leur droit à la grève, «un droit préservé par la constitution». La fédération a appelé l' «ensemble des directeurs, surveillants et professeurs à faire la grève, jeudi, avec présence sur les lieux du travail à partir de 07.45h du matin et à rejoindre, ensuite, le rassemblement prévu à 11H00 du matin» devant l'Assemblée des Représentants du Peuple (ARP). Le ministère de l'Education et celui de l'enseignement supérieur et de la recherche scientifique ont décidé, mercredi après-midi, de suspendre, jeudi, les cours dans l'ensemble des établissements éducatifs et universitaires. Les cours reprendront, normalement, vendredi. Dans la ville de Bizerte, l'activité administrative était quasi paralysée, jeudi, à cause de la grève générale observée par les fonctionnaires dans tout le pays à l'appel de la centrale syndicale. La plupart des services administratifs sont fermés, à Bizerte, à l'exception du transport, des guichets de la poste, du service des urgences à l'Hôpital universitaire Habib Bougatfa, de la direction régionale de la Caisse nationale d'assurance maladie et du dispensaire Aziza Othmana. Les services du gouvernorat et des délégations assurent un service minimum à l'instar de la délivrance de certificat de décès. Contrairement aux établissements scolaires publics où les cours ont été suspendus, sur décision du ministère de l'éducation, les établissements privés ont accueilli normalement les élèves. Dans la ville de Sfax, une large adhésion des établissements de la fonction publique à la grève générale était observée, dès la première heure de la matinée de jeudi, constate l'agence TAP sur place. L'activité dans la plupart des administrations régionales et locales et les établissements publics à caractère administratifs est gelée, notamment dans les hôpitaux publics où le personnel observe une grève présentielle à l'exception des services des urgences qui fonctionnent normalement.