«Nous ne naissons pas champions, nous le devenons avec la sueur et le travail. La vie que j'ai eue était pleine d'émotions, de joies, de gloire, de tristesse et de déceptions. Mais je dois dire que j'ai eu le grand privilège de vivre tout cela pleinement. Le judo a été pour moi une véritable école de la vie…» Cette phrase est tirée de la quatrième de couverture du dernier ouvrage paru chez Al-Bayazin éditions dans la collection «Sportifs d'exception» dirigée par l'ancien journaliste et éditeur, Hocine Seddiki qui signe un premier opus dédié à Rachid Mekhloufi. En numéro deux de cette collection, Salima Souakri confie sa vie à l'écrivain Jaoudet Gassouma qui signera cette biographie riche en perspectives et aussi en émotions. Il faut dire que sur près de 150 pages on suit le parcours captivant d'une grande championne algérienne de judo, aussi, l'on part sur les traces indélébiles d'une jeune femme, d'une battante qui fût ceinture noire pendant longtemps et qui reste un pan entier de notre patrimoine national. Faut-il rappeler que la dive Salima a longuement tutoyé les podiums, raflé un nombre impressionnant de médailles formidables, en étant un exemple de bonté, d'opiniâtreté et de résilience. Cette sportive d'exception a été une évidence thématique pour Al-Bayazin qui est une maison d'édition alternative ancrée dans l'amour du patrimoine d'exception, elle édite nombre de livres incarnant de près l'Algérie riche de sa culture et des personnalités qui ont fait la richesse de son histoire tant dans le domaine culturel, archéologique, et sportif. Dire que Salima Souakri fait partie des gens qui ont aussi construit l'Algérie comme Boulmerka, Morceli, Merrah, Mekhloufi et beaucoup d'autre relève de l'euphémisme. C'est donc sur un très beau livre, très maniable et écrit dans la pure tradition littéraire par notre collègue Jaoudet Gassouma que se déroule d'une seule traite le récit d'une vie active faite des blessures les plus insupportables enchainées avec les étapes les plus inoubliables d'années faites d'or et de lumière. Salima Souakri possède le secret de la résilience, du dépassement, et quand on la voit materner ce petit bébé qui résume un tant soi peu sa vie, signer au salon du livre dernier son «alter-ego» écrit devant une foule nombreuse venue l'admirer et approcher cette légende vivante, on se dit alors que ce métier est fait pour ça aussi.«Ceinture noire, cœur blanc» s'est tout de suite imposé comme titre à l'auteur, d'un côté l'esprit guerrier incarné par la ceinture, d'autre part le cœur blanc incarné par l'esprit de cette dame de cœur qui est ambassadrice de bonne volonté à l'Unicef en compagnie de Madjid Bouguerra. Sur le fil des pages on se familiarise peu à peu jusqu'à la complicité avec cette petite fille qui fera du judo à quelques kilomètres de chez elle, qui résistera aux affres de la misogynie et à la pudibonderie faussement religieuse face à ses perspectives sportives interdites alors aux femmes, la perte de deux être chers, des séparations douloureuses, des défaites incompréhensibles, parfois injustes, des victoires précieuses. Dans ce parcours turbulent, animé des plus belles intentions. Salima Souakri s'est souvent battue comme une lionne pour défendre, imposer ses principes par l'entremise de sa force guerrière et de son instinct de dépassement mis au service d'un art martial, d'un sport qui lui a permis d'aller de l'avant jusqu'à intégrer les cimes d'une profession ministérielle qui concrétise ainsi de belle manière son esprit de partage et de transmission. La sportive d'exception ici décrite, outre sa dimensions humaine et humaniste a encadré, aidé, et accompagnée nombre de personnes à mobilité réduite, aux besoins spécifiques, elle a été de tous les combats, été de toutes les causes et reste une mère aimante, une épouse éprise de son «homme», lui aussi sportif de haut niveau d'ailleurs, une dame à l'élégance et à la féminité captivante, au charme diffus dont elle seul garde le secret dans une modestie aussi exemplaire que sa popularité. Ce livre qui transcrit son parcours avec force d'images et de textes est un petit bijou qui reste unique car inédit dans la forme. Il vaut vraiment le détour car il comporte des notes biographiques, des anecdotes originales et des informations exclusives que la sportive a partagée généreusement. Dans nos pérégrinations nous avons été marqués par cette petite fille a qui on a demandé : «Que veux-tu faire quant tu seras grande ?», elle répondit tout simplement : «Je veux devenir Salima Souakri». Dans sa prime enfance, Salima Souakri répondait à son enseignante : «Batala», elle le devint pour l'éternité dans son parcours édifiant, et le demeure pour de nombreux fans qui l'admirent à nos jours… «Salima Souakri, Ceinture noire, cœur blanc» de Jaoudet Gassouma, éditions Al Bayazin, collection Sportifs d'Exception, dirigée par Hocine Seddiki, Alger, 2018, prix public conseillé, 900 DA.