Le ministre des Finances, devant les députés, a reconnu que des errements existent dans la gestion de l'argent public. A l'Assemblée populaire nationale, mardi dernier, Abderrahmane Raouya, dans le cadre de la réunion plénière consacrée à la loi de règlement budgétaire de 2016, bien entendu adoptée par la majorité des députés, le ministre a reconnu que «les retards qu'accusent certains projets sont dus à la lenteur des procédures règlementaires, qui les précèdent et à l'insuffisance des spécialités liées à leurs réalisation», et pour éclaircir le tableau des temporisations, il n'hésitera pas à contredire ceux qui ont prétendu que le problème de la disponibilité des assiettes foncières était un obstacle du passé. Citant par la suite pour justifier les retards, M. Raouya citera «les procédures du Code du marché, ainsi que le manque de bureaux d'étude spécialisés dans certains domaines, ainsi que les appels d'offres infructueux», auxquels il faut rajouter «les projets des Equipements publics connaissant des retards répétitifs en termes de réalisation, ce qui conduit souvent à leur réévaluation induisant des coûts supplémentaires, expliquera le ministre aux députés. Des lacunes dans la gestion de l'argent public, et un étonnant laxisme se dégagent des déclarations d'officiels durant une phase où le peuple algérien subi un régime d'austérité pour le moins sévère, et à un moment cruciale ayant nécessité le recours à la planche à billets par la Banque d'Algérie en 2018, pour renflouer les déficits énormes que connaît le Trésor public, qui semble lui aussi piloter à vue, sans utiliser les instruments prospectivistes évitant le creusement de la dette intérieure, ainsi que les dégâts d'une inflation galopante. Il y aurait 4.005 milliards de dinars de créés jusqu'à fin novembre d'après les révélations faites par le quotidien «Le Soir d'Algérie» dans son édition du 12 décembre 2018. Les stratèges de la finance algérienne face à la diminution des recettes de la fiscalité pétrolière semblent se complaire dans les taxations à la base des salaires et des nombreuses taxes sur les produits de consommation surtout courante, ce qui induira inévitablement une croissance plus faible. Le ministre lui-même reconnaît que le recouvrement de la fiscalité ordinaire a connu une nette hausse passant de 462 milliards de DA en 2000 à 3.216 milliards de DA en 2017, et que le taux de la fiscalité ordinaire contre la fiscalité pétrolière est passé de 41 % à plus de 68 %. L'inégalité face à l'impôt est devenue une réalité, ce qui explique le nombre croissant de fortunés, qui ne contribuent en rien en termes d'investissement dans le développement socio-économique. Le constat de la Cour des comptes est édifiant sur les cas de mauvaises gestion de l'argent public. C'est ainsi «que les départements ministériels lancent des projets sans maîtriser les coûts, pareillement pour les délais de réalisation. La Cour des comptes très précise est arrivée au constat que les institutions étatiques continuent à dépenser sans compter au regard de l'exécution des autorisations budgétaires, en termes de sincérité et de soutenabilité», souligne son rapport qui a constaté de nombreuses insuffisances dans l'exécution des dépenses publiques menant à des réévaluations souvent non justifiées et inappropriées. A titre d'exemple, sur l'enveloppe consacrée aux projets d'investissement estimée à 3.615,072 Mds de DA, 760,69 Mds de DA ont été alloué à la réévaluation des projets d'investissement.