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«Beihdja Rahal, la félicité du répertoire andalou» de Kamel Bouchama
Publié dans La Nouvelle République le 15 - 12 - 2018

«Dans l'imaginaire collectif, l'Andalousie représente l'une des dernières fiertés arabo-musulmanes. Ce mot renvoie à une époque, aujourd'hui évoquée avec nostalgie et qui était synonyme de grandeur, de puissance, d'opulence et de rayonnement politique et culturel musulman»
Ibrahim Baydoun, historien libanais
En effet, dans «L'Etat arabo-musulman en Andalousie» le même historien affirmait : «Côté jardin, l'Andalousie a été la terre du savoir-vivre, de l'élégance et du rayonnement culturel et politique musulman. Côté cour, la péninsule a été, huit siècles durant, le théâtre de luttes acharnées pour le pouvoir. Que reste-t-il de cette histoire ? Quel rôle ont joué les rois marocains dans la conquête puis la chute d'Al-Andalus ?» Et c'est dans cette optique que l'auteur Kamel Bouchama se propose de remonter l'Histoire de l'Andalousie, à travers la musique, en réalité notre Histoire, puisque ce sont nos ancêtres qui étaient là-bas. Et ainsi, il nous dit l'essentiel sur ce qui nous reste de ce rayonnement culturel, représenté par ses prodigieuses litanies, en notre pays. Il a choisi pour les célébrer, cette grande Dame, Beihdja Rahal – elle-même fière et imposante, dans cet art aux belles facettes –, dans un ouvrage d'une bonne facture, édité dans la série des «Beaux Livres» que nous présentons aujourd'hui dans notre édition, avant que ses admirateurs ne l'aient en main pour s'abandonnerà ce plaisir de le compulser et de l'apprécier. Mais revenons à Beihdja Rahal, puisqu'il s'agit d'elle, pour affirmer que son parcours a été plus que fructueux dans les deux domaines qui l'intéressaient.
D'abord, ses études à l'issue desquelles elle a embrassé une noble fonction d'éducatrice, en tant que professeur dans plusieurs lycées d'Alger et, ensuite, sa prédilection pour l'andalou, qui lui a permis, en définitive, de faire sa plongée dans le bel art qu'est la musique classique des ancêtres. L'auteur écrit dans sa présentation de l'artiste : «Qui est-elle donc cette Beihdja Rahal ? Une question que je me suis posée en entamant l'écriture de l'ouvrage pour raconter, dans les détails, à ceux qui vont me lire, qui est celle qui, du conservatoire d'El-Biar a atteint les sommets du succès, en gardant toute sa modestie.» Alors, pour bien introduire son sujet dans cet ouvrage qu'il voulait à la hauteur du travail bien fait et des espoirs de celle qu'il devait consacrer, Kamel Bouchama a écrit de la manière la plus simple, la plus facile en donnant autant d'informations sur l'artiste, mise en actualité, pour que ses lecteurs, notamment ses admirateurs sachent tout de sa personne.
Commençant d'abord par sa venue au monde car, dit-il, «il est important de dire quand et dans quel milieu elle a vu le jour, pour arriver à s'installer en bonne place dans le monde de la culture et s'inscrire… au tableau des belles réussites.» 1962, et le 8 du mois de juillet, c'est-à-dire trois jours après l'annonce officielle de notre indépendance, alors que toute l'Algérie était en liesse, un petit ange est venu au monde chez les Rahal.
Un bon présage, se disait le père, fonctionnaire de l'EGA (Electricité et Gaz d'Algérie), mais comment l'appeler ? Oui, comment l'appeler, dans cette ambiance de liesse populaire, qui nous donnait droit à des spectacles quotidiens faits de klaxon, de zorna, de youyou, de déploiement et d'exhibition d'emblème national, dans cette démonstration extatique d'une fierté inégalée d'un peuple appartenant désormais au monde libre ? Comment l'appeler, s'interpellait-il en se dirigeant à la mairie de Sidi M'hamed pour l'inscrire sur les registres de l'état-civil, enfin pour ajouter, au nombre de cette population joyeuse, ce petit ange qui – le conjecturait-il peut-être – sera demain promu au rang des intellectuels productifs ? Elle s'appellera Beihdja, a décidé le père, parce qu'elle est venue dans la joie, le bonheur, l'espoir, l'exultation, et surtout dans «Djzaïr Beni Mezghenna», qu'on appelle communément «El Bahdja», la joyeuse.
Autant de qualités et de symboles par lesquels on peut parer cet ange qui vient dans un ciel serein, chargé de mille atours, en ce mois de cette année qui nous réconcilie avec la vie et la liberté.
Ainsi, «El Bahdja», cette joie, qui s'est transmise chez l'ange, appelé désormais Beihdja, va lui servir comme un partenaire idéal romantique, en l'aidant à grandir dans l'amour et la sagesse, en somme, comme cette âme sœur qui est en phase avec elle, et qui lui est favorable. De là, tout enfant qu'elle était, elle allait d'un pas sûr forger son avenir… De bonne heure ? C'esttrop direpeut-être, mais la réalité est là, plus que convaincante, car, un peu plus tard, l'ange de l'indépendance va forcer son destin à un âge où ses camarades de classe jouaient encore à la poupée.
Elle va droit au conservatoire d'El-Biar, s'y installe comme une grande, sans complexe aucun, gratte sur sa mandoline, apprend les rudiments de «l'Andalou», et montre à cet âge précoce qu'elle se passionne pour cette musique des ancêtres qui nous vient des belles contrées de la péninsule Ibérique.
L'auteur, Kamel Bouchama, raconte donc, dans son ouvrage : «BeihdjaRahal, la félicité du répertoire andalou», l'ascension de celle qui va s'imposer comme Diva de la «Çanaâ» d'Alger, ce beau genre algérois qui est né jadis à Cordoue, chez de grands maîtres, dans les belles demeures fastueuses de «Madinet Ez-Zahra». Et pour cette heureuse escalade, elle a eu ses inspirateurs, de grands professeurs et leurs structures d'accueil qui l'ont mise sur la rampe de lancement. Parmi eux les Mohamed Khaznadji, avec lequel elle a étudié le chant, le maître Abderrazak Fakhardji et les Associations «Fakhardjia» et «Essoundoussia» avec qui elle a eu beaucoup de plaisir en se perfectionnant et en s'accrochant davantage à cet art. Ainsi, son premier solo dans un «btayhi» de la nouba Hsine, «Ya morsili», a été pour elle un examen de passage réussi pleinement, du premier coup.
Il faut dire, avant même de parler de la chance dans ce domaine difficile, laborieux, qu'elle a excellé en son genre, qu'elle a été sublime et que sa valeur intrinsèque, révélée en un bout d'essai, était pour quelque chose. Beau travail de réflexion qui va la mener loin ! En tout cas plus loin qu'elle ne le pensait, à cause de sa voix pleine de chaleur, de promesse et, on ne le dira pas assez, chargée d'émotion dans toutes ses interprétations… Ce prélude à la notoriété, va se répéter et, un mois plus tard, Beihdja Rahal passera en duo avec Hamid Belkhodja, exécutant ce fameux «btayhi» qui lui a permis de mettre, assurément, le pied à l'étrier. Et son métier d'enseignante, disons la profession pour laquelle elle a fait tant d'années d'études supérieures, se demande l'auteur, pour décrocher sa licence de biologie et enseigner dans les lycées d'Alger ? Eh bien, elle a été professeur de Sciences naturelles au lycée El Emir Abdelkader et au lycée Bouatoura, de même qu'au Séminaire de Notre Dame d'Afrique jusqu'en 1992où elle a dû quitter son milieu de l'éducation nationale pour en pénétrer un autre, en France.
Elle sentait que l'enseignement n'était pas tout pour elle, car il lui fallait cette musique, pour laquelle elle avait beaucoup d'attirance. Et là, «j'ai choisi…, disait-elle. Aujourd'hui, à travers mon association Rythmeharmonie, j'enseigne la passion de ma vie, la musique, ce qui est beaucoup plus grisant». D'ailleurs, actuellement, elle ne fait que ça, là-bas, dans ce qu'appellent certains «Diar el Ghorba», une expression qu'elle refuse parce qu'elle dit maladroite et inélégante. Elle se consacre entièrement à son enseignement de l'andalou, à ses compositions musicales, à ses tournées et à ses contacts professionnels, car Beihdja Rahal est comme ce poisson qui ne peut vivre hors de l'eau. Et dans cet ouvrage que lui consacre Kamel Bouchama l'on relève de grandes descriptions élogieuses la concernant. Il écrit, entre autres : «Aujourd'hui, en France où elle se trouve, elle est corps et âme dans sa musique.
C'est une battante, élevée dans la tradition du don de soi, de l'engagement et du sacrifice, dans un milieu déjà qui favorise les valeurs fondamentales, ne permet pas les atermoiements et autres subterfuges quand il s'agit de montrer du sérieux dans un projet qui représente notre culture, notre patrimoine.» Ce qui nous incite à dire dans notre commentaire, après avoir lu attentivement ce bel ouvrage, que c'est pour cela, également, que toute modeste qu'elle est, Beihdja Rahal est en train de faire de grands efforts pour que l'on revienne à l'authenticité, cette qualité qui nous permet d'apprécier notre position ô combien digne dans le concert de la musique arabo-andalouse, la vraie, prodigieuse et… fascinante.
En effet, Beihdja Rahal évolue d'une façon très ascendante, à l'image de ce monde qui est constamment tourné vers le progrès, notamment dans les sociétés cultivées qui vont dans le sens de l'essor civilisationnel, d'où le développement de l'art et de la culture. Pour cela, elle a à son actif cette création, essentielle, voire indispensable allions-nous dire, d'un orchestre en 1993 qui porte son nom et celui de sa ville natale «El Beihdja». Une appellation donc à double sens qui symbolise, en plus de l'amour qu'elle porte à cette capitale baignée par la Méditerranée, les charmes de la musique classique algérienne, notamment de la «Çanaâ», très appréciée par tous les mélomanes. Egalement, dans son ouvrage, Kamel Bouchama fait longuement état des master-class, ces cours de partage d'expériences avec les jeunes et d'autres amateurs de musique qui aspirent au perfectionnement de leur niveau.
Ainsi, elle va vers ses élèves et leur enseigne l'art d'aimer notre musique savante. Par exemple, en cette dernière décennie, elle a redoublé d'effort par sa présence concrète et qualitative aux master-class à Nancy et ailleurs, elle qui ne s'arrête pas d'enseigner, c'est-à-dire de transmettre. De ce fait, écrit l'auteur, de 2000 à 2017, Beihdja Rahal, a fait de la détermination, sa règle de tous les jours, et tout ce qu'elle entreprend est à considérer et à célébrer grandement, constamment. Nous n'allons pas nous appesantir sur ses tournées, qui sont nombreuses, pour saisir l'étendue de son œuvre et ses répercussions dans les territoires qu'elle a occupés et qui sont devenues les siens par l'encouragement et l'affection de ses fans qui la suivent et qui lui sont fidèles. Nous laisserons cet extraordinaire palmarès aux lecteurs qui auront ce plaisir de le découvrir dans ce bel ouvrage que leur offre Kamel Bouchama, un ouvrage qui la décrit plus présente que jamais.
En effet, elle est présente parce qu'elle produit beaucoup, et son bilan est éloquent. Elle est là, elle se refuse d'être en marge de cette ébullition culturelle et scientifique. Elle brille par son ingéniosité et sa compétence, à l'image de ces femmes que l'Histoire évoque et célèbre en lettres indélébiles, pour les faire connaître et les immortaliser. Elles sont nombreuses, et notre mémoire, quelquefois défaillante, n'ose les nommer une à une, au risque d'oublier peut-être les plus importantes parmi elles. Que dire enfin, dans ce juste et modeste propos qui fait le portrait d'une artiste, d'une grande…, vraiment grande ? Que nous avons de nobles sentiments de respect et de considération à l'égard de cette dame qui nous réconcilie avec le bel art, avec l'authenticité, et nous promet un meilleur avenir pour la Nouba andalouse qui retrouve, avec elle, toute sa fraîcheur.
Ainsi, dans son ouvrage, à travers les mots sincères et sans complaisance aucune – avoue l'auteur Kamel Bouchama –, d'aucuns verront peut-être du panégyrique, de l'apologie…, ceci n'est point vrai. Ce n'est que la juste réponse, à un travail assidu, à un engagement courageux, volontaire, de celle qui s'est vouée à une merveilleuse cause : celle de purifier et de mettre en valeur un patrimoine qui a été, malheureusement, longtemps soumis à l'indifférence des hommes et, le plus souvent, à leur ignorance de ces trésors valeureux qui témoignent de notre remarquable culture.
Par Dr. Mohamed Mokrani Spécialiste en ophtalmologie


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