Certaines régions d'Afrique ont enregistré des victoires en matière de lutte anti-terroriste, cependant de nombreux défis restent à relever, notamment avec la détérioration sécuritaire en Libye. C'est ce qu'a affirmé le Haut commissaire à la paix et à la sécurité de l'Union africaine (UA), Smaïl Chergui, lors de la 12eme réunion des Points focaux du centre africain d'études et de recherche sur le terrorisme (Caert). «Bien que l'effort commun pour venir à bout des menaces du terrorisme et de l'extrémisme violent en Afrique, les organisations terroristes et extrémistes continuent de faire l'ombre à la résilience et à l'adaptation aux mesures prises par nos Etats membres», a regretté M. Chergui. Lors de son intervention sur le thème la «Promotion de l'équilibre entre la lutte contre le terrorisme et les droits de l'Homme en Afrique», le diplomate algérien a souligné, l'importance des échanges et délibérations engagés à la faveur de cette réunion entre experts issus de tous les Etats membres de l'UA, mettant en garde contre la menace terroriste et l'instabilité sécuritaire qui persistent dans la région du Sahel, notamment avec le retour de terroristes dans certains pays comme le Burkina Faso, malgré la présence des forces des Nations unies dans le nord du Mali. «En dépit des succès remportés par la force multifonctionnelle en Somalie, les défis restent encore énorme aujourd'hui au Sahel et en Corne de l'Afrique à l'est de la RD Congo mais aussi dans le Lac Tchad où cette menace trouve encore une plus grande complexité avec le retour des groupes terroristes et criminels qui renforcent leurs moyens financier et technique», a averti M. Chergui. En effet, selon M. Chergui, plusieurs pays africains concernés par ce fléau, ne jouissent pas d'un soutien militaire logistique ou financier, malgré l'accord de Bruxelles signé il y a deux années portant sur l'octroi d'une aide de 414 millions d'euros en faveur des pays du Sahel, alors que seul 17 millions de dollars ont été débloqués. «Il ne faut pas oublier que les capacités financières des Etats membres sont souvent limitées et ne parviennent pas à répondre aux attentes des citoyens dans les délais attendus. Cette situation est susceptible d'entrainer une désillusion voire du désespoir et de la frustration créant ainsi un environnement favorable à la propagation du message terroriste», a fait observer M. Chergui. Evoquant la situation en Libye, il a indiqué que l'instabilité politique dans ce pays voisin demeure la plus grande préoccupation de l'Algérie, pour la préservation de la sécurité et la stabilité régionale, aspirant à un rôle conjoint entre l'UA et les Nations unies afin de réunir les parties libyennes autour d'une table ronde, et préparer les élections en Libye. En ce qui concerne la question du respect des droits de l'Homme, M. Chergui a estimé qu'il est particulièrement «judicieux», car il reconnait à juste titre «le caractère fondamental des droits de l'Homme dans la lutte contre le terrorisme et le fait que les réformes doivent nécessairement se conformer à l'Etat de droit». «L'impératif du respect des droits de l'Homme doit prévaloir lors de toute réponse à ces défis. En effet le respect des droits fondamentaux des personnes et des communautés demeurent le facteur déterminant de la justice et de la bonne gouvernance dans le système international actuel et cela s'applique à toute action et initiative entreprise pour prévenir et combattre le terrorisme et l'extrémisme violent», a-t-il souligné.