Les travaux du professeur Mohand Akli Haddadou, disparu en novembre dernier, constituent «un repère pour tout aménagement linguistique futur», ont soutenu, mardi à Tizi-Ouzou, les participants à une Journée d'étude sur le patrimoine immatériel amazigh, organisée dans le cadre de la célébration de Yennayer 2969. La rencontre, abritée par la Maison de la culture Mouloud Mammeri, a été une occasion pour les intervenants de mettre en exergue «l'apport fondamental» de l'œuvre du Pr. Haddadou dans la préservation de ce patrimoine et l'importance de son usage futur. Ses travaux, notamment, ses dictionnaires, «sont d'une importance capitale et constituent une source et un support incontournables pour tous les aménagements linguistiques et inter-dialectaux pouvant intervenir dans la linguistique amazighe», a soutenu, à l'occasion, Lydia Guerchouh, maître de conférences au département de langue et de culture amazighes (DLCA/UMMTO) de l'Université Mouloud Mammeri de Tizi-Ouzou. Citant, entre autres, le dictionnaire des racines berbères communes (publié en 2006) et celui de Tamazight, parlers de Kabylie, Kabyle-Français avec un index Français-Kabyle (publié en 2014) qui exigent «un effort colossal et un travail de fouille très fine pour extraire 1023 racines communes sur un ensemble de 21 000 mots étudiés». Deux œuvres qu'elle considère comparables au guide lexical de Miloud Taifi du Maroc qui a regroupé l'ensemble des variétés berbères du royaume et celui de Jean-Marie Dali qui a traité du parler kabyle des Ait Menguellet. De son côté, Saïd Chemakh, docteur en linguistique et enseignant au DLCA, a estimé que le Pr. Haddadou a été dans la continuité du travail de Mammeri dont il s'est servi pour «hisser la linguistique amazighe au rang de langue valorisante». Livrant un rappel historique de l'évolution de ce patrimoine, M. Chemakh a relevé qu'il a été porté «par les militaires d'abord, à travers les missions d'espionnage au profit des puissances des 17ème et 18ème siècles, par les religieux ensuite, notamment, les pères blancs, pour qu'enfin interviennent les universitaires, à partir des indépendances». Les travaux de Mouloud Mammeri, constituent, à cet effet, a-t-il souligné à ce sujet, «la base lexicologique et syntaxique sur laquelle se sont construites, par la suite, les œuvres de plusieurs linguistes, à l'exemple de Salim Chaker, Remtane Achab, Hend Sadi et Haddadou qui ont dépassé l'œuvre descriptive pour un usage scientifique». Regrettant, pour sa part, la disparition de Mohand Akli Haddaou à la veille de l'installation de L'Académie algérienne de la langue amazighe, Imarazène Moussa, enseignant et chef de département au DLCA/UMMTO, a estimé que les travaux du défunt, qui était le premier titulaire d'un doctorat d'Etat en linguistique berbère qu'il avait obtenu en 2003, constitueront «un socle solide et un repère pour cette institution». Né le 24 novembre 1954 à Chemini (Daïra de Sidi-Aich, wilaya de Béjaïa) et mort le 19 novembre 2018, Mohand Akli Haddadou était chercheur et spécialiste en linguistique berbère et en histoire des civilisations. Il avait à son actif plus d'une vingtaine de publications sur le sujet.