La réalité de l'enseignement de tamazight en Algérie, la démarche à suivre pour prendre en compte le plurilinguisme intra et extra-dialectal, quel l'incidence du statut de langue nationale et officielle de la langue amazighe sur ses méthodes d'enseignement, ses manuels et les défis auxquels elle fait face, sont, entre autres, le points abordés par les participant au colloque organisé, mercredi et jeudi, par le Centre national pédagogique et linguistique pour l'enseignement de tamazight (CNPLET), en collaboration avec la faculté des lettres et langues de l'université Mouloud Mammeri de Tizi Ouzou ( UMMTO). Ainsi, lors de son allocution d'ouverture de cette rencontre abritée par l'auditorium du campus de Hasnaoua, le professeur Abderazak Dourari, directeur du CNPLET, a souligné la nécessité de renforcer l'enseignement de tamazight et sa présence sur tout le territoire national : «On ne peut continuer à enseigner cette langue uniquement aux kabylophones. Il faut aussi que les diplômés en tamazight puissent avoir accès à l'emploi dans la Fonction publique. Il faut s'organiser pour assurer à cette langue une force dans la société.» De son côté, le professeur Moussa Imarazene, doyen de la faculté des lettres et langues de Tizi Ouzou, a estimé que «depuis son introduction dans l'enseignement supérieur, en 1990, et dans l'éducation nationale en 1995, l'enseignement de la langue amazighe a connu plusieurs avancées sur différents plans, au niveau de la qualité et de la quantité : institutions, enseignants, inspecteurs, étudiants et apprenants, manuels, ouvrages, recherche, aménagement et standardisation». Le même universitaire a souligné, en outre, que ces avancées ont engendré des changements dans la langue amazighe qui passe progressivement de son statut de langue atomisée en plusieurs variétés, parlers et sous-parlers vers la standardisation. Pour sa part, le professeur Saleh Bayou, de l'université Hadj Lakhdar de Batna, a mis l'accent, dans sa communication, sur un essai de comparaison de l'usage de tamazight par les étudiants du département de langue et culture amazighes de Batna et ceux des DLCA de la région de Kabylie. Pour sa part, Kaci Sadi, enseignant-chercheur à l'université de Tizi Ouzou, a axé son intervention notamment sur les problèmes de la didactisation dans les manuels de tamazight de la littérature traduite : «Faut-il traduire ou réécrire la poésie kabyle ?» Mustapha Tidjet du centre de recherche en langue et culture amazighes de l'université de Béjaïa, a présenté une ébauche de comparaison linguistique amazighe avec l'arabe algérien, tandis que Noura Yefsaha, doctorante en psychologie à l'UMMTO, a évoqué l'importance de l'intégration de la langue amazighe dans l'école maternelle. Saïd Chemakh, docteur en linguistique berbère, a également expliqué que l'unification est impossible dans l'enseignement de tamazight : «L'enseignement des variantes est la continuité des langues parlées dans la famille et dans la société.»