Avec l'ouverture du marché algérien à l'investissement automobile, plusieurs marques internationales ont implanté leurs unités de production sous le principe d'un partenariat public-privé. Les débuts ont eu lieu avec le groupe français Renault qui a bénéficié de plusieurs avantages dont l'exclusivité de commercialisation de ses véhicules sur une durée fixée à 3 ans. Profitant de cette ouverture et la flexibilité réglementaire, plusieurs autres marques se sont installées sur le marché local. Pas loin qu'hier, le groupe nippon Nissan Motor Co Ltd a annoncé le lancement officiel de son projet de création d'une usine de montage de ses véhicules en Algérie, en partenariat avec le Groupe privé Hasnaoui. Ce dernier était le représentant direct de la marque en Algérie, et ce, depuis plusieurs années. Après plusieurs mois de négociation, Nissan Algérie a obtenu l'aval du gouvernement et celui du Conseil national d'investissement (CNI). La valeur de l'investissement de ce projet est estimée à 160 millions de dollars, selon le communiqué rendu public hier par les deux partenaires. En prévision, il est inscrit dans le projet la création de plus de 1 800 postes d'emploi et la nomination de 35 agents agréés à travers le territoire national. Quant à la capacité de production de l'usine de montage Nissan, elle est fixée à hauteur de 63.500 véhicules touristiques et utilitaires légers par an. L'entrée en activité de cette unité de production est prévue pour le deuxième semestre 2020 et sera installée à Oran, dans l'Ouest du pays, selon la même source. «Dans quelques semaines, le Groupe Hasnaoui et Nissan Motors Co Ltd vont procéder à la création de la joint-venture», a indiqué le communiqué, ajoutant, à ce propos, que «le groupe augmentera la capacité potentielle de Nissan en Afrique à environ 200.000 véhicules, en incluant les usines existantes en Afrique du Sud, en Egypte et au Nigeria». L'ambition du constructeur va au-delà du marché algérien. Il compte investir le marché africain et profiter de sa localisation stratégique pour mieux se positionner sur le marché algérien. Un défi de taille pour un nouveau concurrent des marques déjà en lice. L'implantation en masse des usines de montage de véhicules sur le marché algérien a soulevé beaucoup de questionnements dans le rang des experts économiques qui ne voient en rien l'intérêt de ces projets, du point de vue du transfert du savoir-faire technique et de valeur ajoutée, d'un côté. «Nissan Algérie promet d'apporter son savoir-faire et son expertise japonaise pour construire une usine de production en Algérie répondant aux standards et normes mondiales rigoureuses qui feront de cette unité un centre d'excellence», a souligné le communiqué. Sans oublier, la réaction mitigée des consommateurs qui a longtemps polémiqué et boudé l'efficacité et les prix élevés des véhicules commercialisés par les marques déjà installées depuis quelques années. Une opinion que Nissan Algérie souhaite corriger avec l'arrivée de ses véhicules. Des projets importants, mais qui jusqu'alors, n'ont pas répondu aux attentes des consommateurs en particulier. Déçu de la qualité du produit monté en Algérie et de son prix inadéquat, le consommateur algérien a plaidé pour le retour à l'importation des véhicules après avoir été interdite par le gouvernement. La décision des autorités sur cette question est irréversible avait affirmé hier Youcef Yousfi qui a réitéré, toutefois, la volonté et la détermination de l'Etat à développer ce secteur et porter le taux d'intégration, longtemps remis en question à plus de 40%. Dans le même contexte, le ministre avait précisé que «la baisse des prix des véhicules dépend de la loi de l'offre et de la demande», estimant par ailleurs que c'est la compétitivité qui détermine les prix et que «les pouvoirs publics ne peuvent pas exercer de pression sur les opérateurs pour réduire les prix des véhicules montés localement». A en croire cette déclaration, le gouvernement n'arrive pas à encadrer de manière efficace ce secteur de plus en plus monopolisé par une minorité de concessionnaires qui imposent leur lois. Asseoir une industrie mécanique solide sur le marché s'avère de plus en plus difficile en raison des failles réglementaires relevées dans la gestion du domaine de la sous-traitance. Sachant que la facture d'importation des pièces détachées a explosé l'année dernière, alors que l'objectif initial de l'Etat est d'encourager une industrie partiellement locale afin d'atteindre progressivement le taux d'intégration fixé au début à 15%.