A défaut de présenter un programme de gouvernement, les opposants au 5ème mandat semblent espérer que la rue va suppléer à leur déficit d'idées et leur ouvrir la voie vers le pouvoir. La moindre agitation, à la sortie d'un stade, ou à une quelconque autre occasion, est guettée pour être présentée, à travers les réseaux sociaux, comme l'expression de la «volonté populaire», même si l'ampleur, à l'évidence réduite, de ces manifestations, ne les rend pas suffisamment significatives. Les slogans lancés par des supporters sur les gradins d'un stade de football, ou à sa sortie, après le match, peuvent-ils remplacer la prochaine consultation électorale ? Quel contenu recouvre le «pas de 5ème mandat» brandi par ceux qui, dans les milieux médiatiques et politiques, se sont sentis accablés par une nouvelle candidature du Président en exercice? Quel projet ont-ils? Quelles orientations concernant la justice sociale, par exemple, qui est reconnue par tous comme étant une «constante»? Comment surmonter la crise économique, tout en renforçant le modèle social qui assure la cohésion nationale? De nombreuses questions sont posées par la situation économique et sociale du pays, dont on peut trouver matière à discussion déjà dans la lettre-programme du Président Bouteflika, mais qui paraissent ignorées par les «opposants au 5ème mandat». Cette absence de programme «alternatif» est-elle due à la composante trop hétéroclite de ce regroupement, qui ne résisterait pas au premier débat de fond autour d'objectifs communs? Peut-être. La seule démarche de ce regroupement se limite à l'acharnement dans l'«opposition au 5ème mandat». Pourtant, personne ne nie qu'il y a encore beaucoup à faire, pour que tous les jeunes puissent avoir accès à un logement décent, à un emploi stable, générateur de revenus qui correspondent aux besoins essentiels propres à cette catégorie de la population, avec un pouvoir d'achat en rapport avec le coût de la vie… c'est-à-dire tout ce qui permet d'échapper à la tentation de l'émigration clandestine par la harga… Par ailleurs, les problèmes rencontrés, par exemple, en matière de services publics, dans le système éducatif ou le système de santé, ou dans d'autres secteurs, devraient inspirer plein de propositions de solutions allant dans le sens des attentes de la population. Or, on ne voit rien du côté des «opposants au 5ème mandat». Alors, qu'est-ce qui les bloque pour faire des propositions? Il est vrai que tout continue de fonctionner normalement dans le pays, malgré un certain forcing pour créer et attiser la tension, dans l'illusion que pourrait surgir ainsi le mouvement de rues rêvé par les «anti-5ème mandat». En fait, la vraie question qui intrigue, est : «Pourquoi refuser que les urnes tranchent ?».