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Le syndrome de la précarité dans une fausse symbiose médiatico-partisa
L'opposition politique dans tous ses états
Publié dans La Tribune le 25 - 10 - 2014

Il semble que l'action politique en Algérie ne se produit que par le biais de la presse. C'est-à-dire à travers le discours de quelque chef de parti, d'un ancien responsable dans le système, d'une institution civile. Ou dans un cadre de rassemblement pour un objectif affiché, le regroupement de formations politiques et de personnalités publiques ayant exercé des tâches importantes au sommet de l'Etat. Comme par exemple la Coordination nationale pour les libertés et la transition démocratique (Cnltd). Pour rappel, ce rassemblement a été initié dans l'intention de barrer la route au quatrième mandat présidentiel. Quand bien même des personnalités de ce groupe qui se dit de l'opposition n'ont pas hésité à se présenter comme candidats à la magistrature suprême –dont certaines ont dû faire machine arrière se sachant, en cours de campagne, incapables de ramasser les signatures requises.
Chacun, dans cette espèce de forum «à la tête», dans sa façon d'aborder la situation de la gestion globale du pays, affirme se prononcer selon le sentiment de la majorité des citoyens qui s'opposent au régime, sans aucune enquête au préalable, aucune démarche de sondage dans le profond pays afin de saisir dans les couches sociales, dans les tranches d'âges, chez les filles et chez les garçons, dans le monde du travail, des études, des maladies, dans l'univers du sport, des loisirs, et cetera, ce qui se vit réellement, se dit sans langue de bois, parce que pensé dans la spontanéité de la vie courante et qui traduit les véritables attentes, tant sur le plan des gratifications dans les besoins physiques, à manger, se vêtir, se loger, se transporter, se soigner, qu'intellectuel, c'est-à-dire la préhension de la culture et ses diverses manifestations.
Tout parti politique, selon la tradition, se détermine par sa faculté à convaincre les contemporains. Ses dispositions étudiées scientifiquement à aller au plus près des populations pour comprendre les moindres détails de leur vie, celles de leurs enfants, femmes et aïeuls, leurs manières de réagir au bonheur et à l'adversité - l'existence humaine ne réserve pas que les contraintes qui rendent les jours malheureux et les espérances impossibles. Autrement dit, c'est dans les conditions de l'expression de la vie -individuelle ou sociale- qu'un parti politique possède toutes les chances d'avoir du crédit pour émettre un discours, dans un langage qui propose des solutions. Et à ce moment-là il est écouté et très suivi. Non seulement dans les rencontres des citoyens autour d'un repas en famille, à une table dans un café ou dans le réfectoire d'une usine, d'une institution administrative ou d'une université. Il est alors saisi par les médias et son aura grandit, capable de devenir une référence sûre, dans le schéma de la Cnltd, une espérance nationale.
Seulement cette «coordination» et les entités qui la composent, à des exceptions près, sont les produits de la presse. Et cette dernière, dans le jeu de la liberté d'expression, tente de maintenir sa crédibilité, au regard de l'opinion bien entendu, en prenant en charge toute action émanant de cet ensemble, hétéroclite en vérité, qui s'exprime, soit dans le concert de l'intimité personnel, comme n'importe qui a le loisir de faire, ou dans celui clôturant un débat en réunion, tel que puisse se le permettre quiconque regroupement de citoyens causant des choses de la vie.
Convaincre sur le terrain ou dire au salon
Au mois de juin passé cette coordination s'est réunie à Zeralda pour se constituer formellement en tant qu'ensemble civil et politique opposé au régime. Elle se donne comme délai une durée de trois mois pour entrer en action, aller à la pratique et faire bouger les choses. Evidemment espérant faire le plein de partisans et de sympathisants et peut-être entretemps l'aggravation de la maladie du Président ou son trépas, équivalant à la libération du poste -d'aucun dans le groupe qui proclame la neutralité politique de l'armée aspire en sourdine d'être dans les faveurs des officiers supérieurs les plus en phase avec l'état-major des
Tagarins. Il ne se passe pratiquement rien à se mettre sous la dent, dans ces trois mois, si ce n'est l'implication d'Air Algérie dans le crash de l'avion ibérique en territoire malien, mais la Cnldt honore l'échéance et se réunit à nouveau, «en application des recommandations de la conférence du 10 juin à Zeralda», mais cette fois dans le siège du RCD, le 10 septembre. Il a été donc convenu au cours de cette réunion –voulue à huis clos et qui n'a pas été du goût de l'ensemble de la presse qui a porté à bout de bras ce regroupement– de l'élaboration d'un programme d'action pour -de nouveau- les trois mois à venir. Un consensus entre les parties membres se serait dégagé au sujet de «la poursuite de l'action commune pour le changement, la garantie des libertés et la transition démocratique, avec la nécessaire implication du peuple au processus de changement».
En somme, la synthèse du stéréotype discursif qui ne peut avoir de signification que la valeur de l'abstraction imaginée. Jusqu'au moment de la décapitation du touriste français, seul fait d'arme revendiqué dans une vidéo réclamée par un groupuscule affirmant appartenir au Daech. Qui a donné l'occasion à l'un des ténors du groupe, grand champion du langage sylvestre, M. Abdelaziz Rahabi en l'occurrence, de dire : «Cet assassinat véhicule une mauvaise image du pays, le ministre des Affaires étrangères disait que l'Algérie est un pays qui exportait la stabilité, il vient d'avoir la réponse, en vérité c'est un pays qui ne gère plus rien... » C'est triste venant d'un ancien diplomate, ambassadeur dans de grandes capitales, et ensuite ministre de la Culture et de la Communication. On voudrait avoir son avis comparatif sur ce qui s'est dernièrement passé au Canada ou sur ce qui s'est déroulé en Norvège en juillet 2011 dans l'île d'Utoya où un extrémiste religieux assassina 69 personnes. Il prend à pic un acte isolé pour l'argumenter de la manière d'un débat dans un café au sortir d'un marché populaire. Mais bref, quand on est incapable de créer des terrains d'action politique pour expliquer aux populations le vrai et dans la justesse, il ne reste que ce type de discours où on n'a pas besoin d'avoir été à l'école pour le produire, encore moins d'avoir occupé des postes de grand prestige.
Mais voilà les policiers qui font des leurs. Et la Cnltd saisit à la volée : «Le pouvoir se ronge de l'intérieur !» Réunion d'urgence, il n'y a pas une semaine. Du communiqué de laquelle on apprend que l'«opposition estime que la seule solution aux dangers qui guettent le pays est le retour à la souveraineté populaire à travers un processus électoral total et libre, légal et transparent, chapeauté par une instance électorale et permanente dans toutes les étapes électorales.» C'est pourquoi le comité de suivi de cette coordination, dans sa première action «concrète» propose non seulement la dissolution de l'Assemblée nationale mais tout ce qui a été élu par le suffrage, y compris le président de la République. Et qu'il faille faire tout de suite table rase de toutes les institutions et repartir de zéro. Projet herculéen pour une organisation qui comporte des personnes très riches en pognon - l'intention ici n'est pas de citer le patron de Jil Jadid, tout le monde connaît la modestie de ses revenus- mais qui ne possède pas l'intelligence de la politique de proximité. Celle qui construit dans le temps et dans le nombre, dans la rue, les HLM, les lieux de travail, les universités, dans les centres où se rencontrent les jeunes. En tout cas pas dans les salons.
N. B.


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