Six représentants du monde de l'arbitrage algérien ont transmis, ce mardi 2 avril la plateforme de revendications des arbitres à l'instance fédérale de football. Parmi les délégués, le président de l'ANA, et des représentants du corps arbitral, un arbitre par niveau, ont ainsi été reçus par Bahloul et le SG adjoint de la FAF Réda Ghezal à qui ils ont remis leurs doléances Le siège de la FAF, à Dely-Ibrahim, connaît une animation peu habituelle. Ils étaient tous là ce mardi 2 avril 2019, non pas pour une réunion ou AG, mais pour un sit-in qu'ils organisent pour crier à la face des gestionnaires du football national leur ras-le-bol. Les agressions sauvages qui gravitent autour des rencontres menacent leur vie. Ils veulent une protection et des sanctions à la hauteur des menaces dont ils ont fait l'objet avant, pendant et après les rencontres de football. Mais derrière ce sit-in, une question moins tranchante a trouvé sa place. La FAF est-elle capable de freiner ce phénomène, lorsqu'on sait que l'arbitrage n'est pas aussi bon, peuvent crier les concernés. Dérouler le film des rencontres donne une lecture qui n'est pas aussi catholique que peuvent croire les naïfs. L'arbitre, pas tous, mais la majorité, n'ont pas eu le courage de dénoncer ceux qui proposent des feuilles de route négociées. Il est aussi temps qu'à ce niveau de ce sport et même des autres disciplines, que les climats de doutes disparaissent, que les rencontres se déroulent sur un espace sain avec un badge professionnel à même de chasser la corruption, les négociations ayant mis à terre le football... Le rassemblement, de ce mardi, est aussi, une autre manière de tenter d'isoler ceux qui ont joué la mauvaise carte durant les différentes saisons footballistiques. La toute dernière bévue remonte à février de cette année, Redouane Necib a commis une erreur monumentale en s'abstenant d'expulser un joueur du MCE Eulma après lui avoir donné deux cartons jaunes, lors de la réception du NC Magra (0-0) le week-end dernier, dans le cadre de la 20e journée du championnat de Ligue 2 de football. Le défenseur Bouhafeur Taoufik a été averti une première fois à la 56e minute, avant de recevoir un second carton quelques minutes plus tard (75e). Le joueur, qui devait être expulsé par l'arbitre dans la foulée, a continué la partie sans que Redouane Necib ne branche. «Abderrahmane Bergui a toujours été un arbitre, et ce plus de 30 ans passés dans le monde de l'arbitrage», déclarait-il dans une interview en septembre 2018 à notre confrère d'El Watan et que «le football est devenu un enjeu financier considérable, où tous les moyens contraires à l'esprit sportif sont utilisés pour arriver à ses fins. De ce fait l'arbitrage a été instrumentalisé. Je pourrais même dire aujourd'hui qu'il est pris en otage». Et d'ajouter «comme je l'ai déjà dit, il y a trop d'intérêts en jeu. Les gens doivent savoir aussi que ce n'est par l'arbitrage qui est en cause, mais plutôt la désignation des arbitres qui fait l'objet de toutes les convoitises. Il y a aujourd'hui des gens qui sont en train de tirer les ficelles et employer les arbitres pour servir leur propre intérêt». En Algérie, ce n'est un secret pour personne, l'arbitrage a servi et continue de servir de prétexte à une certaine catégorie de personnes mouillées dans cette discipline pour faire passer leur billet et tirer ensuite à boulets rouges sur l'équipe actuelle dirigeante. Les critiques se multiplient et s'acharnent, certes, de plus en plus sur des arbitres qui sont rodés dans la mise en place d'une architecture pour imploser le carnet de développement de la FAF. Ont-ils étaient sanctionnés ? «Il n'y a pas une semaine qui passe sans que les deux championnats majeurs, Ligues 1 et 2, enregistrent des fautes graves de la part des arbitres. Des erreurs déterminantes qui influent sur les résultats des rencontres, ce qui donne l'occasion à des présidents de club et à des entraîneurs de crier au scandale, évoquant carrément une corruption avérée au sein des arbitres», soulignent des confrères dans les diverses révélations. D'ailleurs, comme révélé dans l'une de nos éditions, le président de la JS Saoura, Zerouati, auteur de graves accusations contre l'entourage direct du président de la FAF, Kheireddine Zetchi, a été auditionné par les deux commissions de discipline de la LFP et de l'éthique de la FAF. Il avait accusé nommément le frère de Zetchi, Hacen, de régner sur le corps de l'arbitrage et de manipuler les désignations par le truchement de Mokhtar Amalou, membre de la Commission fédérale des arbitres (CFA). Pour lui, il y a un complot contre la JSS. Qui est arbitre et que ne l'est pas ? Les agressions se déclenchent à chaque match et à chaque fois que le supporter ou le dirigeant constate une déviation sur le rectangle vert. Il est vrai que ce qui se passe est d'une gravité qui contribue à mettre à plat cette discipline qui reste la rêne de toute une planète. Le rassemblement explique que les arbitres exigent des modifications dans le code disciplinaire, pour sanctionner les agresseurs... Ce qui s'est passé le week-end dernier contre deux arbitres relevant des ligues de Bouira et Aïn Témouchent a fait craindre le pire. Ce qui est condamnable. Ne faudrait-il pas chercher le responsable ? Ils veulent faire entendre leur voix, la présence de Helalchi ainsi que de l'arbitre fédéral encore en activité Sekhraoui a donné plus de valeur à cette action. Ainsi rapporte l'un de nos confrères : «Roumane Zaid et Hassan Idjer, membres de la DTRA de Blida, le mouvement de contestation a vite été entendu, puisque au siège de la FAF, les choses ont vite bougé, c'est le membre du BF Amar Bahloul qui était à l'écoute (son fils est arbitre), il est intervenu pour demander la désignation de représentants afin de discuter dans le calme et régler le problème d'une manière organisée». Enfin, ce dossier qui continue à fumer reste coincé au niveau des sanctions qui ne sont pas à la hauteur de la gravité des faits tant pour les arbitres fautifs, dont des enquêtes ne vont pas jusqu'au bout comme l'exige le code disciplinaire aussi bien celles des dirigeants ou des artistes-joueurs, qui demanderaient, très probablement un article qui autoriserait ces derniers à prendre le sifflet. Cela est possible au regard des réactions de ces joueurs-artistes qui interférent dans les décisions. Là aussi, le rôle des clubs est très important, en l'occurrence enseigner le règlement aux joueurs afin qu'ils cessent de faire du cinéma sur le terrain. La saison prochaine s'ouvrira et tous l'espèrent sous une nouvelle ère, où le football récupérera ses professionnels, ceux qui peuvent faire fonctionner les mécanismes des commissions qui entachent ce sport. L'arbitre est l'homme à protéger.