La désignation, hier mardi, d'Abdelkader Bensalah à la tête de l'Etat pour une période de 90 jours, a suscité des réactions. Partis et personnalités politiques nationales ont rejeté et dénoncé ce que certains ont qualifié de coup d'Etat contre la volonté populaire. Le président de Talaie El Hourryet, Ali Benflis a, en effet, estimé que la manière dont il vient d'être pourvu à la vacance de la Présidence de la République ne rapproche pas notre pays de la sortie de crise. Elle l'en éloigne dangereusement. « L'application intégrale de l'article 102 et la non prise en compte des articles 7 et 8 de la Constitution indiquent clairement que le basculement s'est opéré dans le sens d'une pérennisation des résidus d'un régime politique que le peuple algérien a dénoncé et condamné avec une vigueur extrême », note-t-il dans un communiqué. La seule application de l'article 102 de la Constitution ne peut, considère-t-il, pourvoir à la vacance de la présidence de la République dans des conditions qui donnent satisfaction à une exigence populaire largement partagée. «Tout au contraire, elle est de nature à attiser l'amertume et la colère populaires et à introduire davantage de complication et de complexité dans une crise déjà exceptionnelle par sa gravité et sa sensibilité », observe-t-il. Pour sa part, le président du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD), Mohcine Bellabes a dénoncé ce qu'il a qualifié de coup d'Etat contre la volonté du peuple. « Pour la troisième fois, il y a eu un coup d'Etat contre la volonté et la souveraineté populaire : 2008, 2016, 2019 », écrit-il sur le site du parti. Imposer une nouvelle tutelle issue du système politique qui a ruiné le pays à un peuple mobilisé dans la rue et à travers tous les secteurs d'activités pour un changement radical du système n'a pas d'autre nom : c'est le détournement de la volonté du peuple pour lui confisquer une révolution qui a fait l'admiration du monde entier, a poursuivi le président du RCD pour qui, même dans le nombre officiel de parlementaires il y a eu fraude. Puisque, observe-t-il, Bensalah a annoncé 487 membres au lieu de 606 membres. De son côté le président de l'association, RAJ, Abdelwahab Fersaoui, a estimé que cette décision est un indice très fort de l'absence de volonté politique chez le pouvoir d'aller vers un changement démocratique revendiqué par le peuple. «Par cette mesure, le pouvoir méprise le peuple algérien, insulte son intelligence et vise à contourner ses revendications légitimes, casser le mouvement et recycler le système en place à travers l'organisation d'une élection bâclée avec les mêmes symboles du système qui incarnent l'échec», écrit Fersaoui sur sa page facebook. Pour Abdelwahab Fersaoui, la crise est politique et la solution ne peut être que politique, en allant vers une période de transition démocratique sans les institutions et les personnes qui ont failli et échoué. « Nous avons franchi un grand pas vers le changement, mais beaucoup de choses restent à faire. Nous ne devons pas céder», écrit-il. L'avocat et défenseur des droits de l'Homme, Me Mokrane Ait Larbi a estimé qu'avec l'arrivée de Ben Salah au palais d'El-Mouradia, le maintien de Bedoui au Palais du gouvernement et de Belaiz à la tête du Conseil constitutionnel, la contre révolution entame sa phase pratique. «L'organisation de l'élection présidentielle sous les directives des experts en fraude et en corruption, et dans un délai de 90 jours, mènera inévitablement au maintien du système pour une génération au moins », note-t-il. Le système, poursuit-il, résiste par tous les moyens, mais toutes ses tentatives de se maintenir trébucheront sur l'unité du peuple, désireux plus que jamais d'en finir avec le système corrompu. Pour Said Salhi, vice-président de la LADDH), Gaïd-Salah a tourné le dos au peuple. « Le général Gaïd-Salah, chef des armées, assumera seul les conséquences de ce forcing contre la volonté populaire pour le changement du système. La prochaine présidentielle prévue dans 90 jours par un système honni par le peuple, ne sera qu'un artifice pour sa survie et sa continuité» Rabah Mokhtari