La formalité contenue dans les dispositions de l'article 102 de la Constitution, consistant en la constatation par le Parlement de la vacance définitive de la Présidence de la République, après la démission de M. Abdelaziz Bouteflika, a été remplie hier, mardi matin, sur fond de manifestations d'étudiants qui ont convergé vers la Grande Poste à Alger, comme les mardis précédents, pour clamer, cette fois, leur rejet de Bensalah comme président intérimaire, tout en scandant leurs slogans habituels dont ceux qui demandent l'accompagnement par l'Armée de la sortie de la crise. Ainsi, le Parlement, réuni en ses deux Chambres (Conseil de la Nation et l'Assemblée populaire nationale), mardi au Palais des nations (Alger), a pris acte de la déclaration de vacance définitive du poste de président de la République, à la suite de la démission d'Abdelaziz Bouteflika. En conséquence, et toujours conformément aux dispositions de l'article 102 de la Constitution, le président du Conseil de la Nation, Abdelkader Bensalah, assume de fait le poste de Chef de l'Etat pour une durée de 90 jours au maximum. Pendant cette période, une élection présidentielle, à laquelle Abdelkader Bensalah ne pourra pas être candidat, doit être organisée. «Je vais travailler à concrétiser les intérêts du peuple, a-t-il déclaré devant le Parlement. C'est une grande responsabilité que m'impose la Constitution». Abdelkader Bensalah a exprimé sa volonté d'«atteindre les objectifs ambitieux souhaités par le peuple algérien». Le Parlement a adopté également, à la majorité, le rapport de la commission parlementaire mixte, présidée par Salah Goudjil, en sa qualité de doyen du Conseil de la Nation, présenté par le rapporteur de la commission, Mohamed Laid Bibi. Le rapport adopté, comporte la déclaration du Conseil constitutionnel relative à la vacance définitive du poste de président de la République. La commission, réunie lundi au siège du Conseil de la nation, avait adopté le projet de règlement intérieur du déroulement des travaux de la session parlementaire. Le Parlement compte, en chambres réunies, 606 membres (462 députés et 144 sénateurs). Les partis de la coalition parlementaire (FLN, RND, TAJ et MPA) détiennent la majorité des sièges au niveau des deux chambres. Les chaînes de la télévision publique algérienne ont retransmis en direct les travaux du Parlement qui se sont déroulés avec la participation physique de 455 membres et par procuration pour 15 membres. Cette réunion s'est déroulée en l'absence des parlementaires du Front des forces socialistes (FFS) et du Parti des travailleurs (PT) qui ont démissionné dans le sillage du mouvement populaire qui dure depuis le 22 février dernier, et en l'absence aussi d'autres formations politiques qui ont décidé le boycott, à l'instar du Mouvement pour la société de la paix (MSP), du Front de la justice et du développement (FJD) et du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD). Tous ces partis d'opposition ont expliqué leurs positions dans des communiqués. Ainsi, le PT avait décidé la semaine dernière de s'abstenir de prendre part à toute tentative visant à contourner la souveraineté populaire à travers "un parlement illégitime". Le MSP part du principe que "la participation à cette réunion serait une confirmation automatique de Abdelkader Bensalah comme Chef de l'Etat, ce qui est en contradiction avec les revendications du peuple". Le MSP rappelle que la démission du président est définitive en vertu des dispositions de la Constitution et que la réunion du Parlement "n'est qu'une formalité suivant l'article 102 de la Constitution, en cas de démission". Pour le FJD, le Parlement actuel est "illégitime" et ne représente plus le peuple qui a investi la rue, estimant que "la crise que traverse l'Algérie est exceptionnelle et ne peut être réglée que par des solutions exceptionnelles". Pour sa part, le RCD a estimé que la convocation du parlement à la réunion d'hier était une manœuvre du système en vue d'"entraver le lancement d'un nouveau processus politique" et de contourner les revendications et la volonté du peuple. Quant au FFS, il a dénoncé la convocation des deux chambres du parlement qu'il a qualifié d'"illégitime et impopulaire" par un pouvoir "qui n'entend pas la voix du peuple". Le FFS a qualifié la convocation du parlement de "tentative vaine de reconduire les responsables du régime afin de le pérenniser, de le renforcer et de le consolider". Lakhdar A.