En cessation de cours depuis pratiquement le 26 février dernier pour cause de grève et de vacances d'hiver, cumulées, les étudiants partagent ce temps libre inespéré en actions politiques de revendication de «changement du système» vers plus de démocratie, de liberté et de justice sociale, pour les uns, en ballades en groupes dans les rues d'Alger pour d'autres et aussi, pour un nombre indéterminé, en séances personnelles de révision à domicile à l'aide d'internet ou dans les bibliothèques. Idem, sans doute pour leurs enseignants qui partagent le temps libre en actions politiques ou à d'autres occupations tout aussi légitimes. Bien sûr, en attendant le retour aux amphis et salles de cours pour pouvoir valider l'année universitaire et éviter l'année blanche qui n'est sans doute dans le projet de personne parmi la famille universitaire. Les étudiants qui ont choisi de passer leur temps libre, procuré par la grève, dans les actions politiques, ont réinvesti dimanche la rue dans nombre de wilayas du pays pour réclamer un changement "radical" du système. Ce fut le cas, à Ain Temouchent, de dizaines d'étudiants qui ont organisé une marche pacifique en scandant les slogans habituels appelant au départ de personnalités du système et exprimant l'alliance du peuple avec son armée à travers le fameux et inévitable "Djeich Chaab Khaoua Khaoua" qui marque maintenant toutes les actions du mouvement populaire en plus des appels à une lutte intransigeante contre la corruption traduite dans le slogan dénonçant « esserakine» (les voleurs) qui sont dans le système. A Ain Témouchent, les manifestants se sont regroupés, devant l'entrée principale du siège de la wilaya, ultime étape de cette marche qui a sillonné les principales artères de la ville. Mêmes slogans à El Tarf, où les étudiants se sont regroupés dans l'enceinte de l'université avant de marcher vers le centre-ville où ils ont observé une halte au niveau de la place publique jouxtant le siège de la wilaya. A Chlef, également, des étudiants ont revendiqué lors d'une marche pacifique, un changement "radical" tout en exprimant leur soutien "inconditionnel" aux décisions de l'Institution militaire. Une présence sécuritaire notable a marqué le déroulement de cette marche, qui n'a pas causé de désagrément aux automobilistes. Les manifestations d'étudiants se déroulent partout dans la même ambiance, dominée par le souci de veiller au caractère pacifique de leur action, d'où la vigilance des participants pour déjouer toute tentative d'infiltration visant à détourner leurs marches et rassemblements de leurs buts et les entraîner vers une situation de désordre préjudiciable à toute la population. Il y a une forte exigence chez les manifestants et dans le service d'ordre qui protège les rassemblements et marches, d'éviter tout dérapage et c'est ce qui explique le comportement exemplaire des uns et des autres. Chaque fois, le drapeau national est omniprésent, hissé ou porté par les manifestants, ainsi que l'hymne national qui est entonné à plusieurs reprises avec le chant des Moudjahidine, Min Djibalina. Mardi dernier, la gêne de la circulation (rassemblement sur la chaussée alors que le trottoir est vide) au carrefour de la Grande Poste avait amené la police à lancer quelques grenades lacrymogènes et utiliser le canon à eau pour disperser les étudiants et libérer le passage pour les véhicules vers le milieu de l'après-midi, à une heure de pointe qui correspond à la sortie du personnel des administrations et autres établissements publics nombreux dans ce quartier du centre d'Alger.