Quelques milliers de personnes se sont rassemblées hier sur les escaliers de la Grande-Poste et autour ainsi que dans les petits espaces y attenant, pour scander les slogans habituels auxquels s'est ajouté celui qui rejette Bensalah comme président intérimaire ; les chansons politiques des supporters des clubs algérois étaient également entonnées par les jeunes et adolescents, filles et garçons, qui étaient en grand nombre dans la foule. Le rassemblement a commencé vers 10h avec une affluence qui est restée la même durant tout le rassemblement mêlant manifestants et badauds habituels, qui sont là pour le spectacle. Comme les autres jours, le drapeau national était omniprésent, hissé ou porté par les manifestants, ainsi que l'hymne national qui a été entonné à plusieurs reprises. Toute la panoplie des slogans qui tournent depuis le début du mouvement populaire a été criée, en particulier le rejet du président du Conseil de la nation, Abdelkader Bensalah à la tête de l'Etat pour une durée de 90 jours jusqu'à l'élection du nouveau président de la République. Les autres slogans : le fameux «Châab Djeich, khaoua, khaoua» (peuple et armée, frères), «El bled bledna oul djeich ourana» (notre pays est le nôtre et l'armée est derrière nous), «Nehiou el ‘issaba, n'kounou labass» (enlever le gang et nous serons tranquilles). Les participants à la manifestation ont appelé également à l'application de l'article 7 de la Constitution, tout en affichant leur soutien à l'Armée nationale populaire (ANP). Les manifestants ont également hissé des pancartes portant des slogans appelant «au changement radical du système et à la satisfaction des revendications et des objectifs du mouvement populaire». A la Grande-Poste où ont convergé les centaines de jeunes ainsi que des syndicalistes de différents secteurs qui étaient en grève hier, la police présente n'est pas intervenue se contentant de dégager les voies pour la circulation automobile qui n'a pas été beaucoup gênée dans ce quartier qui est en même temps un véritable carrefour. D'autres grandes villes du pays ont connu des marches et sit-in pacifiques pour les mêmes raisons. Mardi, la gêne de la circulation au carrefour de la Grande-Poste avait amené la police à lancer quelques grenades lacrymogènes et utiliser le canon à eau pour disperser les étudiants et libérer le passage pour les véhicules vers le milieu de l'après-midi, à une heure de pointe qui correspond à la sortie du personnel des administrations et autres établissements publics, nombreux dans ce quartier du centre d'Alger. Le même jour, mardi, une marche similaire a été organisée par les étudiants de l'Université du 8-Mai 1945 de Guelma pour exprimer leur rejet de la désignation d'Abdelkader Bensalah comme Chef d'Etat. Les étudiants ont arboré le drapeau national et lancé des slogans dont «7 et 8 sont notre Constitution», «Vous partirez par la loi, vous partirez par la Constitution». A Annaba, M'sila et Batna des centaines de manifestants, dont une majorité d'étudiants, se sont rassemblées dès l'annonce de la désignation du nouveau Chef d'Etat par intérim. Ils ont levé des banderoles demandant «un changement radical du système», réitérant leur refus que la Présidence par intérim soit assurée par Abdelkader Bensalah. Hier, c'était également journée de grève pour le secteur de l'éducation national, chez les hospitaliers, dans l'enseignement supérieur, le transport ferroviaire... Selon les premières indications, et de façon globale, il y a eu un suivi mitigé de cette grève. Lakhdar A.