Ils ne se sont pas arrêtés à la 8eme manifestation. Ils sont de plus en plus déterminés à aller au bout de leur objectif, le départ de tous les symboles du pouvoir et le jugement de tous les corrompus qui ont tiré profit de leur position politique ou sociale. Pour le 9eme vendredi consécutif, les Algériens répondent présents aux appels récurrents de manifester. Un geste devenu quotidien depuis la nomination de Abdelkader Bensalah à la tête de l'Etat, contesté par le peuple. La protestation pacifique demeure l'arme moderne du peuple algérien qui, malgré, la répression policière et l'intimidation subie par certaines personnes ces derniers jours n'a pas faiblir, bien au contraire, elle a pris de l'élan. La démission de Taiyeb Belaiz de la présidence du Conseil constitutionnel et la désignation d'un autre constitutionnaliste contesté de prime abord par le collectif des avocats a motivé, entre autres, la sortie en nombre des familles algériennes dans la rue de la capitale, Alger et dans les villes de tout le pays. Par solidarité, les manifestants ont soutenu unanimement leur position d'édifier une Algérie Nouvelle et unie, sans aucune exclusion ou distinction entre le peuple algérien, allant du sud au nord et se l'est à l'ouest, l'objectif est le même. Les rassemblements des marcheurs a commencé tôt le matin quand à l'affluence sur la place de la grande poste, arène du Hirak a débuté la veille de la manifestation. Certains manifestants ont anticipé leur arrivée sur Alger par peur d'être bloqué par les services de la gendarmerie qui quadrillent les périphéries d'Alger et ralentissent la circulation afin d'empêcher les protestataires de rejoindre la capitale. Une mesures répressives adoptée par les autorités depuis deux semaines. Même constat au niveau du lieu de mobilisation des manifestants à la placette Maurice Audin, rue Douche Mourad et la place de la grande poste. Le dispositif des forces de l'ordre a réquisitionné les lieux, par précaution selon certains et par offensive selon d'autres. Des centaines de milliers d'Algériens ont investi, comme d'habitude, les rues d'Alger. Hommes, femmes et enfants sont sortis habillés de couleurs de l'emblème national, et levé dans les airs avec fierté et espoir d'un avenir meilleur. Tous les moyens d'expression s'invite à ce mouvement devenu un festival mémorable pour les algériens qui réclament le départ, entre autres, de Bedoui et ses ministres et qui devrait être suivi par Bensalah. La liste des refoulés du peuple est longue, mais sa volonté de les chasser est plus profonde. De la place Maurice Audin, nous pouvons observer la marée humaine qui se faufile tel qu'un ruisseau au milieux naturels, qui s'est adapté à son cours. Un mouvement uni, en une seule voie, des chants en chœur envahissent les rues, tantôt accompagné de sifflements et tantôt d'applaudissements. Devant un groupe de jeunes habillé de gilets oranges, se distingue de la foule, constituant un bouclier entre les marcheurs et la police. L'objectif est d'éviter des accrochages. La journée du 19 avril précède une journée inoubliable en Algérie : le printemps noir faisant référence aux événements de la kabylie qui ont coûté la vie à 128 jeunes. Ces derniers sortis pour appeler à la liberté. Les manifestants ont rendu hommage à ces jeunes et également à la femme Algérienne, le noyau et le symbole de toute révolution. Aujourd'hui, les algérois sortent sans différence ou complexes tenant la main de leurs enfants et de leurs femmes. « Le changement sans la femme n'aboutira jamais », souligné Rafik. Accompagné de son épouse et ses deux sœurs. Fidèles au mouvement depuis le 22 février. Pour cette famille, la lutte se fait sans tabous et dans le respect. « silmya silmya, nous n'avons pas inventé le concept, mais nous l'avons appliqué », esquisse Sarah qui se dit rêver d'une « Algérie meilleure pour son futur enfant qui naîtra dans quelques mois ». Alger à l'instar de toutes les autres villes du pays est saturé, mais il y a toujours de la place pour ceux qui arrivent. 17h00, des manifestants affluent de tout côté pour profiter de cette ambiance et crier leur douleur et partager leurs espoirs. « l'Algérie est un beau pays riche de son histoire et de sa jeunesse. Il fait le restituer à ses enfants intègres », dira Hadj Ali, du haut de ses 80, il est sorti soutenir la révolution des roses conduite par la jeunesse. «Maintenant, nous allons passer aux choses sérieuses. L'Algérie sera délivrée bientôt », balance Yanis, juriste qui estime que « un nouveau tournant dans l'histoire du pays se dessine ». Après une journée pleine d'émotion, les algérois et leurs soutiens ont rejoint leur chez eux dans le calme, laissant place à la pelle et au balais pour nettoyer les rues.