Synthèse de Saïd B. Trois jours après la démission du désormais ex-président de la République, les citoyens ont, une fois de plus, envahi les rues, ruelles, placettes et autres lieux pour effectuer leurs marches hebdomadaires insistant sur le départ de toutes les personnalités du système qui ont mené le pays à cette situation de crise. Ainsi et pour la septième semaine consécutive, des citoyens ont effectué " des marches imposantes dans les wilayas du pays pour revendiquer toujours le changement radical du système. A Alger, les manifestants ont afflué, vendredi depuis 10h00 du matin en grand nombre vers, principalement, l'esplanade de la Grande-Poste et la place Maurice Audin, après avoir sillonné les principales artères de la capitale, dans un climat serein et pacifique. Drapés de l'emblème national ou écharpes aux couleurs nationales autour du cou ou sur la tête, les manifestants ne cessaient de scander des slogans appelant au départ des personnalités politiques encore aux commandes du pays. Ils ne se sont plus contenté de la démission du président de la Républuque, M. Abdelaziz Bouteflika, et ils le font si bien fait savoir qu'ils n'ont pas besion des personnalités du système, en citant les "quatre B": le Premier ministre, Noureddine Bedoui, le président du Conseil de la nation, Abdelkader Bensalah, le président du Conseil constitutionnel, TayebBelaiz, et le président de l'Assemblée populaire nationale (APN), Mouad Bouchareb. Ainsi, les marcheurs ont crié haut et fort leur refus de toute implication de ses anciens fidèles dans la transition politique. Les citoyens algériens veulent bel et bien le départ de l'ensemble du "système" au pouvoir et la mise sur pied d'institutions de transition, à même d'engager des réformes et d'organiser des élections libres pour choisir un successeur au président démissionnaire. " Les trois B, dégagez ! ", " Bensalah, Bedoui, Belaiz, dégagez tous ! ", sont, entre autres, les nouveaux slogans des marcheurs. Ceci, sans oublier, les autres, slogans tels, " On ne peut faire du neuf avec du vieux " ; " Echaâb yourid iskat enidham " ; " Yetnahaw Gaâ " insistent les marcheurs dans leurs slogans. D'autres affiches sont brandies par les marcheurs telles celle indiquant que " Le peuple veut un Etat civil, valeurs de Novembre " ou encore " Le peuple est le ministre de la Défense nationale ". Lors de ces marches, les participants ont insisté sur le caractère pacifique de cette dynamique populaire et sur la fraternité entre l'institution militaire et le peuple en scandant "DjeichChaâbKhawakhawa (Armée et peuple sont des frères)". Ainsi, ils ont rendu hommage à l'Armée nationale populaire (ANP), tout en entonnant comme à l'accoutumée "djeich-chaâbkhaouakhaoua" (Armée et peuple sont frères) et exprimant leur attachement à l'instauration d'un Etat civil, fondé sur les valeurs de la Déclaration du 1er novembre 1954. "Le peuple veut un gouvernement consensuel, des réformes et une commission indépendante pour l'organisation de l'élection (présidentielle)", " non au gouvernement de malfrats", ou encore "la souveraineté nationale appartient au peuple", "pour une Assemblée constituante et pour la séparation des pouvoirs", pouvait-on lire sur les banderoles et les pancartes.
Des marches massives dans les autres wilayas Des même scènes et surtout les mêmes revendications ont été faites par les marcheurs à Tizi-Ouzou, Boumerdes, Bouira et Bejaia où les manifestants ont exigé "le changement du système", "Une deuxième république" et des "poursuites judiciaires à l'encontre des corrompus". Intervenant au lendemain de la démission du président Bouteflika après un règne de 20 ans, la mobilisation n'a pas faibli dans la plupart des wilayas de l'Est du pays au fil des vendredis et des citoyens sont sortis en groupes, en famille et entre amis pour fêter les "acquis" du mouvement populaire et revendiquer la souveraineté du peuple. A Constantine, Oum El-Bouaghi, Khenchela, Mila, El Tarf, Biskra et Batna, des milliers de citoyens, des femmes notamment, dont beaucoup étaient drapées de l'emblème national, ont envahi les centres-villes des chefs- lieux des wilayas brandissant des banderoles sur lesquelles on pouvait lire "Partez tous", "Nous n'allons pas nous arrêter. Nous sortirons chaque vendredi". A Guelma, Tébessa, Souk Ahras, Sétif et Skikda, les marcheurs ont scandé"DjeichChaabKhawakhawa" (Armée et peuple sont frères) et appelé à traduire en justice les responsables et les personnes impliqués dans des affaires de corruption. A Annaba, des marcheurs ont brandi une banderole sur laquelle était écrit "L'unité du pays est une ligne rouge". Dans l'ouest du pays, des centaines de milliers de citoyens ont appelé à un changement "radical" du régime. A Oran, les marcheurs ont scandé des slogans appelant notamment à une "nouvelle république novembriste" (en référence à la déclaration du 1er novembre 1954). Ces marches ont également donné lieu à une initiative de jeunes consistant en une tribune, sous le slogan "Street votes" (la rue vote), donnant la parole à des manifestants pour exprimer leurs opinions. A AïnTémouchent, des dizaines de milliers de citoyens ont appelé au changement total. A partir du siège de la wilaya, les manifestants ont parcouru les artères principales de la ville scandant des mots d'ordres marquant leur attachement au caractère pacifique et des slogans hostiles à toute intervention étrangère et refusant la gestion de la période transitoire par des "figures" du régime déchu. A Tiaret, des milliers de citoyens sont sortis pour manifester pacifiquement et demander un changement radical du système et le départ de tous ses symboles, réclamant le départ du gouvernement en place "illégitime" et la "dissolution de toutes les assemblées". A Saïda, Tissemsilt, Mostaganem, Sidi Bel-Abbès, Tlemcen, El Bayadh et Naâma, les citoyens, en masse, ont réclamé un changement "radical" du système, demandant le départ du président du Conseil de la nation et celui du Conseil constitutionnel, et du gouvernement. Par ailleurs, les manifestants ont également exprimé, à travers d'autres slogans et en brandissant des banderoles et des pancartes, leur refus "catégorique" de l'ingérence étrangère, leur attachement à l'unité nationale, la gestion de la période post-Bouteflika par des personnes "intègres et honnêtes" , "pas de pardon", ou encore "l'armée doit transmettre le pouvoir aux civils". Ce septième vendredi consécutif des marches pacifiques pour le changement radical a drainé des jeunes et des moins jeunes, des familles et des personnes âgées, unis dans la convivialité, pour "une Algérie meilleure et une deuxième République". Les femmes ont également participé massivement à ces marches, en dépit de la diffusion d'une vidéo sur les réseaux sociaux comportant des menaces à leur encontre, sur laquelle d'ailleurs le parquet de la République près le tribunal de Sidi M'Hamed a ouvert une enquête. L'ancien postulant à la présidentielle, qui devait se tenir le 18 avril, Rachid Nekkaz, a été chassé par les manifestants de la place Maurice Audin. Au milieu de ces scènes de contestations, des gens dégustent des plats traditionnels offerts par des riverains bienfaiteurs, exprimant ainsi des gestes de solidarité. Ces marches dont il est difficile d'avancer le nombre de participants en l'absence d'estimations officielles, étaient encadrées par un service d'ordre qui veille à la sécurité des personnes et des biens et parer à toute éventualité. Dans ce cadre, les services de police ont fait savoir qu'ils ont retrouvé une fillette de 7 ans qui s'est égarée au sein de la foule dans les artères de la wilaya d'Alger, laquelle a été remise à sa famille. A cet effet, ces mêmes services appellent les parents à plus de vigilance à l'occasion de ces évènements, en ne laissant pas leurs enfants sans surveillance. Pour ne pas déroger à la "tradition" instaurée depuis le début de ces marches, les citoyens notamment les jeunes, se sont attelés au nettoyage de toutes les artères de la capitale pour laisser les lieux propres, faisant preuve d'un civisme exemplaire.