kL'Algérie, acteur stratégique de la stabilité de la région euro méditerranéenne et africaine, a un répit de deux à trois ans, ne souffrant pas d'une crise financière mais d'une crise de gouvernance. Mais cette crise de gouvernance risque de se transformer en crise financière horizon 2022, si la crise politique actuelle persiste, devant impérativement être résolue rapidement avant la fin de l'année 2019. Cela interpelle donc le Politique et toute la société, rendant urgent une nouvelle gouvernance fondée sur le dialogue productif , de profondes réformes politiques et économiques, l'actuelle politique économique conduisant le pays droit au mur, afin de faire face aux nombreux défis géostratégiques et socio-économiques. L'Etat est un territoire avec une population et un gouvernement établi et la mondialisation est un processus d'ouverture des économies à l'échelle mondiale qui s'accélère avec la modernisation des transports et des moyens de communication et qui consiste en la multiplication des échanges. En ce XXIème siècle, pour le cas algérien, il ne pas se tromper de cibles et être utopique, sa construction doit tenir compte des réalités de ce monde dont la nature a profondément changé : un exemple la politique monétaire qui était dévolu à l'Etat en Europe est menée par la commission de Bruxelles posant la problématique du nouveau mode de gouvernance étant dans le cadre de l'interdépendance et donc l'adaptation de tout un Etat à la mondialisation. Comme le note justement le professeur Pierre-Noël Giraud de l'école des mines de Paris, expliquant comment les trois globalisations « entreprises, capitaux et information au sens large débouchent sur une compétition générale entre les hommes, les pays, les firmes. Cette ouverture crée d'immenses inégalités (notamment entre les individus ( compétitifs et les protégés ) rendant urgent de « repousser en permanence les limites de la sphère de la marchandise au profit de la sphère publique, au profit donc d'un certain nombre de droits et de biens collectifs… la gouvernance mondiale paraissant à la fois nécessaire et impossible, proposant non pas de créer de nouvelles institutions formelles, mais plutôt « un grand marchandage planétaire où l'on discute à la fois de commerce, de droits de propriété, de finance, de migrations, de lutte contre la pauvreté, d'environnement ». Le régime politique désigne l'organisation des pouvoirs et leur exercice au sein d'une entité politique donnée. Ce terme renvoie donc à la forme institutionnelle du pouvoir mais aussi à la pratique découlant de cette forme institutionnelle. Il dépasse l'étude constitutionnelle (qui analyse les structures formelles d'un Etat) mais n'est pas non plus à confondre avec l'étude des systèmes politiques (qui est le mode d'organisation d'un Etat ). L'exercice du pouvoir est très important, car tout en ayant la même forme institutionnelle, des régimes politiques peuvent se distinguer en fonction de la pratique de l'exercice du pouvoir. Nous avons des régimes totalitaires, et des régimes dits démocratiques, la démocratie étant historiquement datée tenant compte des anthropologiques culturelles comme l'a démontré brillamment Amara Sen prix Nobel de sciences économiques présidentiels, semi présidentiels et des régimes parlementaires, ce dernier étant est un régime politique fondé sur une séparation souple des pouvoirs, contrairement au régime présidentiel où la séparation est stricte. Dans le régime parlementaire, le gouvernement qui incarne le pouvoir exécutif, peut être renversé par le parlement devant lequel il est politiquement responsable. Les membres du Gouvernement ne sont pas élus, mais sont issus de la majorité parlementaire à laquelle ils doivent leur pouvoir. Le pouvoir de renversement peut être réciproque lorsque l'exécutif (le chef de l'Etat) dispose de la faculté de révoquer le Parlement (pouvoir de dissolution), Si le Gouvernement est responsable à la fois devant le Parlement et devant le Chef de l'Etat, le régime parlementaire est dit "dualiste". La différenciation Etat / régime politique est issue de l'analyse de Marx dans le Dix-huit Brumaire de Louis Bonaparte qui montre que le régime politique incarnant l'Etat à un moment donné peut se constituer contre la bourgeoisie et s'appuyer sur la classe moyenne. La bourgeoisie délègue ses pouvoirs politiques pour conserver l'essentiel : les rapports de production capitalistes. Ainsi, et Marx en fait une brillante démonstration le régime politique apparait au-dessus des classes alors que la nature de l'Etat reste capitaliste. C'est une la définition abstraite de l'Etat, pour appréhender le régime politique qui représente la forme de l'existence de l'Etat. Il s'agit donc de deux niveaux d'abstraction différents, mais qui ne se conçoivent pas l'un sans l'autre, la politique étatique qui correspondant aux nécessités de l'accumulation du capital et de sa valorisation. Pour apparaître légitime, un gouvernement doit satisfaire quelques revendications de la société, être perçu comme le garant des acquis, par l'intermédiaire de lois et donc du développement du droit. L'Algérie a deux choix face aux enjeux et mutations géostratégiques, soit approfondir les réformes structurelles, renvoyant à la volonté politique, ou aller vers la régression. Comme je l'ai démontré dans un ouvrage parue à l'Office des Publications Universitaires (OPU Alger 1983) « valeur, prix et croissance économique», en référence à la théorie de la thermodynamique le monde est en perpétuel mouvement. Même la pierre et notre univers (avec le réchauffement climatique influences géostratégiques sur la cartographie géographique mondiale) que l'on croit inerte se décompose lentement à travers les décennies et les siècles. La société n'échappe pas à cette règle ou les mouvements culturels ( qui seront prépondérants entre 2020/2030/2040), économiques, sociaux, politiques avec des acteurs n'ayant pas toujours les mêmes objectifs, engendrent des transformations soit positive sou négatives. Le temps ne se rattrape jamais en économie que l'on peut définir comme la maîtrise et le gain du temps. la situation statique, certains parleront faussement de statu-quo, n'existant pas le monde étant en perpétuel mouvement. Cependant, il ne faut pas avoir ni une vision d'autosatisfaction contraire à la réalité, ni une vision de sinistrose : beaucoup de réalisations, mais des insuffisances qu'il s'agit impérativement de corriger. Un programme de gouvernement ne saurait être une compilation de rapports de départements ministériels ni un rapport de conjoncture. Il doit impérativement, s'il veut être crédible et opératoire, s'insérer tant dans le cadre d'une vision stratégique de la transformation du monde (politique, diplomatique militaire, économique) que des transformations internes sociales et économiques et ce pour donner une visibilité aux investisseurs et redonner confiance en l'avenir de l'Algérie à la population. Il existe un théorème universel en sciences politiques : 20% d'actions bien ciblées ont un impact de 80% sur la société et 80% d'actions désordonnées que l'on voile par de l'activisme ont un impact seulement de 20% avec des surcoûts croissants. Sur le plan méthodologique tout programme forcément porté par des forces sociales, économiques et politiques avec un soubassement culturel, devra donc partir du général au particulier. Et c'est seulement à partir de là que doivent être mis en place les politiques sectorielles que l'on veut impulser dans le cadre des avantages comparatifs mondiaux en termes de cout/qualité. A ce niveau doit être quantifié, avec réalisme, avec un calendrier daté précis, les restes à réaliser, les objectifs des réalisations nouvelles en termes physiques et le mode de financement. Le tout doit reposer sur des tests de cohérence entre l'international, le national et les microdécisions pour éviter des erreurs qui peuvent se chiffrer en milliards de dollars. Comme j'ai eu souvent à le souligner sans réformes structurelles profondes, supposant un minimum de consensus social, ne signifiant pas unanimisme signe de la décadence de toute société et la moralisation de ceux qui dirigent la Cité, du fait de la baisse drastique du cours des hydrocarbures, ayant des incidences négatives sur le niveau des réserves de change, un discours de vérité s'impose. L'Algérie face aux mutations géostratégiques mondiales doit premièrement s'adapter tant sur le plan diplomatique, sécuritaire qu'économique ; deuxièmement investir dans les institutions démocratiques et le savoir fondement du développement; troisièmement lever toutes les contraintes à l'investissement productif, bureaucratie, système financier, système socio-éducatif et le foncier en tenant compte de la quatrième révolution économique mondiale fondée sur le digital et l'intelligence artificielle, loin des schémas périmés des années 1970/1980; quatrièmement, mette en place la transition énergétique fondée sur un nouveau modèle de consommation énergétique, posant la problématique des subventions qui doivent être ciblées ; cinquièmement, favoriser les liens dialectiques entre justice sociale, garante de la cohésion sociale, et efficacité économique ; sixièmement favoriser le dialogue économique et social, fondement de la bonne gouvernance et de la réussite des réformes. Car une croissance durable passe par l'investissement productif au sein de sous segments de filières internationalisées en perpétuelle mutations, et par une plus grande efficacité des dépenses publiques en ayant une vision à moyen terme et long terme de la maîtrise des dépenses. Le cadrage pluriannuel des finances publiques constitue un instrument essentiel pour la mise en œuvre d'une politique de maîtrise des dépenses publiques et de procéder à une évaluation approfondie de l'efficacité des dépenses fiscales et sociales dont le montant dépasse un certain seuil. En attendant qu'un véritable processus démocratique se déclenche fonction des rapports de forces et de la dynamisation de la société, seule solution à terme pour le pays, en ce mois de janvier 2019, après plusieurs décennies d'indépendance politique, deux institutions garantissent la sécurité du pays Sonatrach et l'ANP/forces de sécurité. .D'une part l'ANP et toutes les forces de sécurité sont la seule force organisée devant se limiter à ses fonctions constitutionnelles, les partis dans leur immense majorité et la société civile atomisés, déconnectés des réalités sociales et mondiales, ont de moins en moins d'impacts sur la mobilisation citoyenne. D''autre part, sur le plan économique, la rente des hydrocarbures, l'Algérie c'est Sonatrach et Sonatrach c'est l'Algérie procurant toujours plus de 98% directement et indirectement des recettes en devises du pays. Ses recettes influent sur le taux de croissance via la dépense publique et donc sur le niveau de l'emploi, le taux d'inflation, les réserves de change et du fait qu'en ce XXIème siècle le véritable pouvoir mondial étant économique sur l'impact de l'Algérie sur la scène internationale. ( voir notre étude HEC Montréal Canada 2012), Il n'est plus permis aujourd'hui de faire l'impasse sur le rôle que des acteurs résidents, mus puissamment par des intérêts organiquement liés à la distribution de la rente, qui ont pu à un moment où à un autre peser dans un sens franchement défavorable aux réformes politiques et économiques. De même qu'il n'est plus possible, du point de vue de l'analyse aussi, d'occulter le rôle que d'autres acteurs, externes ceux-là, ont pu jouer dans un sens tout aussi défavorable, motivés qu'ils étaient eux aussi par la défense d'intérêts de groupes ou de personnes que la poursuite d'un commerce hautement lucratif rendait allergiques à toute velléité de changement et de réformes. Des acteurs internes aussi bien que des acteurs externes ont agi clairement dans le sens contraire, encourageant et défendant, par des moyens divers, la mise en œuvre de réformes dont la nécessité n'échappe à personne. Comme il n'est plus permis d'ignorer la nécessaire adaptation de l'Algérie face aux nouvelles mutations mondiales dont son devenir est dans l'espace euro-méditerranéen et africain expliquant mon initiative avec le professeur Camille Sari où nous avons coordonné un ouvrage collectif avec la participation de 36 experts de différentes spécialités algériens, marocains, tunisiens, libyens et européens paru aux Editions Harmattan à Paris 2015 (2 tomes 1050 pages). Il est admis parles observateurs impartiaux que l'Algérie contrairement aux discours pessimistes démobilisateurs, connaissant certes une situation difficile, ne traverse pas une crise financière mais une « crise de gouvernance, risquant, si l'on n'y prend pas garde, de se transformer en crise financière horizon 2022 avec des incidences économiques, sociales, politiques et géostratégiques.